Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique québécoise

Pour une enquête publique sur l’industrie de la construction

Mouvement d'indignation contre Charest et son mépris de la volonté populaire !

Le rapport de l’unité anticollusion a brutalement ramené le premier ministre Charest sur le terrain des vaches. Il pensait que la fumée soulevée par la crise du PQ et par le ralliement des arrivistes autour de Legault allait continuer à masquer les odeurs de corruption qui minaient son gouvernement. Une de ses manoeuvres pour refuser la tenue d’une commission d’enquête publique s’est brutalement retournée contre lui.

Le rapport Duchesneau décortique la corruption et ses fondements

Ce rapport commence à tirer au clair les mécanismes de la collusion et de la corruption impliquant des entreprises, le ministère des Transports, les firmes de génie-conseil, les entrepreneurs en construction et le crime organisé. Des mécanismes sont décrits : entente sur le prix des contrats, truquage des soumissions, banalisation du paiement au noir des employés et des fournisseurs ; gonflement des coûts qui pèse sur les finances publiques, réinvestissements d’argent blanchi dans des marchés licites des biens et des services, perte en taxes et en impôts...

Non seulement le rapport Duchesneau décrit ces mécanismes, mais il explique les fondements qui ont rendu possible cette généralisation de la corruption. En fait, ces fondements se trouvent dans la privatisation et le développement de la sous-traitance. Le caractère funeste de la politique des partenariats public-privé est clairement démontré. Comme le rappelle le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec, dans les années 80, il y avait 10 000 ouvriers au ministère des Transports du Québec. Il ne reste que 800 permanents et 2000 saisonniers alors que la valeur des contrats est passée de 509 millions il y a dix ans à 4,2 milliards de dollars cette année.

Le Ministère des Transports a ainsi autorisé un transfert de compétences vers le secteur privé. Mais il l’a fait avec un tel aveuglement qu’il n’a pas su conserver les expertises qui lui auraient permis de gérer adéquatement son réseau. Il doit donc s’en remettre au privé pour ses propres choix stratégiques d’entretien et d’amélioration du réseau, alors qu’il ne peut juger ni des évaluations, ni des coûts réels, ni des solutions proposées par les entreprises privées. Plus, la domination des affairistes, et la perte de contrôle sur les travaux publics ont permis à une organisation criminelle de faire de l’industrie de la construction un outil de blanchiment d’argent.

Et le rapport de l’Unité anticollusion ne néglige pas de dire quelques mots sur le financement des partis politiques : " à travers des professionnels du financement, les politiciens encouragent la déviance et se mettent en position de vulnérabilité face à l’industrie."

Le premier ministre Charest se ferme les yeux et les oreilles et raconte n’importe quoi !

Ce rapport a coulé et a éclaté au visage du premier ministre. Et dans un exercice de dé-dramatisation sans aucune crédibilité, il prétend qu’il ne l’a pas lu et le réduit à une série d’allégations. Il repousse sans plus de considération la demande d’enquête publique. Et il répète mécaniquement, les arguments éculés qu’il a mis au point pour tenter de faire accepter l’inacceptable ! Mais, cette manoeuvre de dissimulation échoue misérablement.

L’opposition parlementaire proteste une nouvelle fois.

Pauline Marois, demande la démission de Charest. Elle l’accuse de collaborer à la collusion et à la corruption pour protéger le Parti libéral. L’ADQ continue d’exiger une enquête publique. Québec solidaire exige une enquête publique, mais également la démission du premier ministre ou mieux encore des élections générales. Ce parti appelle également à stopper les grands chantiers de construction qui ne sont pas urgents afin de pouvoir vérifier les modalités d’attribution des contrats. Il invite la population à se mobiliser par des manifestations, des marches et des pétitions. L’opposition demande que Duchesneau comparaisse devant les député-e-s.

La mobilisation extraparlementaire doit être au rendez-vous !

L’indignation est à son comble. La vaste majorité de la population demande une enquête publique sur l’industrie de la construction avec plus de véhémence que jamais. Et des mobilisations sont en train de s’organiser dans différentes villes du Québec pour demander cette enquête et exiger la démission de premier ministre qui fait preuve d’un mépris souverain de la volonté populaire (Voir le communiqué du Mouvement du 24 septembre http://www.pressegauche.org/spip.php?article8147) . Toutes les organisations syndicales réclament une commission d’enquête publique dans les plus brefs délais. Mais elles dénoncent également les coupes massives en éducation et en santé au nom du maintien de l’atteinte rapide du déficit zéro alors que le gouvernement refuse de rétablir la situation dans la construction qui lui permettrait d’en finir avec le gaspillage de fonds publics.

La situation de collusion et de corruption dans l’industrie de la construction nous rappelle l’importance de résister de façon la plus unitaire possible aux tentatives de privatisation de nos services publics entre les mains des profiteurs. Alors que Charest veut nous refiler son Plan nord, il faut rappeler que ce plan prévoit se baser sur des partenariats public-privé avec les conséquences qu’on voit maintenant se répandre dans l’industrie de la construction. Il est urgent de bloquer ce gouvernement et d’imposer une enquête publique qui permettra d’en finir avec la corruption que Charest cherche à couvrir par ses manoeuvres.

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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