Édition du 16 avril 2024

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Québec solidaire

Entrevue avec Sol Zanetti, d’Option nationale

On parle avec lui de son état d’esprit, d’immigration, de racisme, d’indépendance et d’emploi entre autre

À quelques mois des élections, nous avons rencontré le chef d’Option nationale, Sol Zanetti, qui fait désormais parti de la fusion avec Québec solidaire (QS) et se présente à l’investiture dans Jean-Lesage. On parle avec lui de son état d’esprit, d’immigration, de racisme, d’indépendance et d’emploi en autre.

tiré de Media D | 15 février 2018

Média D. : Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques mois des élections ?

Sol Zanetti : Enthousiaste ! C’est-à-dire qu’entre 2012 et 2014 il y a eu très peu de temps, on s’est dit est-ce qu’on va avoir le temps de faire avant les prochaines élections, mais étant donné qu’on vient de traverser un mandat majoritaire, on avait le temps de se préparer, de faire des projets, mais en même temps c’est long 4 ans et on a hâte de retourner dans l’arène.

Il y a eu une fusion avec Québec solidaire (QS), effective depuis le 31 décembre dernier, vous êtes désormais un collectif à l’intérieur de QS ?

La fusion entre Option nationale et Québec Solidaire, cela a créé vraiment un dynamisme sur le terrain, les équipes doublent de taille des fois, les gens sont contents de travailler ensemble plutôt que d’être contre. On découvre aussi de nouveaux militants.

On va organiser des universités indépendantistes également au printemps, des cours sur l’histoire par exemple, des conférences sur les arguments économiques et écologiques envers l’indépendance.

Plusieurs sondages sont sortis récemment, est-ce que vous les consultez et est-ce qu’ils donnent une tendance des votes aujourd’hui encore en 2018 ?

Quand ils sont bons, je suis content, et quand ils ne sont pas bons je me dis comment on peut changer ça. Tout en sachant que c’est assez volatile, les échantillons et les méthodes ont changé, les marges d’erreur sont plus grandes.

Ce que je regarde c’est les indices terrain, par exemple en janvier QS qui a amassé plus d’argent que la Coalition Avenir Québec (CAQ), le Parti Québécois (PQ) et le Parti libéral du Québec (PLQ) réunis ensemble. Cela montre qu’il y a une force militante qui est en train de s’installer.

Notre but, c’est de devenir un plus gros parti politique, je souhaite que cela se fasse à la prochaine élection, c’est possible, c’est une élection pivot où les groupes démographiques qui sont majoritaires vont changer.

Est-ce que l’élection de Donald Trump a changé la manière de faire de la politique aujourd’hui ?

Je ne sais pas, c’est une bonne question ! Je me demande si moi j’envisage les choses différemment. Pour moi, Bernie Sanders et Jean-Luc Mélenchon en France ont plus changé les choses, que Donald Trump.

Depuis 1995 que je suis la politique, ce qui domine toujours c’est qu’il faut être raisonnable. C’est comme si on avait cultivé l’idée que ce qui allait gagner c’est le juste milieu. On remarque qu’il y a une fatigue, on a sous-estimé les électeurs dans les dernières décennies, alors qu’ils sont prêts à appuyer des idées très affirmées.

Avoir dit je suis socialiste aux États-Unis, c’est quelque chose qui était tabou avant, depuis la guerre froide et associé à des choses négatives. Même chose avec Mélenchon en France qui a fait un bon score, ça m’encourage. Je me dis on peut proposer des choses franches, assumés, les gens sont ouverts.

Quelle place occupe la diversité dans votre parti politique ?

Québec Solidaire c’est le parti qui a la plus grande sensibilité et en même temps le programme le plus intéressant pour les membres de la diversité. C’est un parti qui est ultra-inclusif, qui a un discours et une réflexion très articulée sur la question autochtone notamment, ou sur les enjeux liés au genre.

Souvent les partis libéraux, tant au Canada qu’au Québec, se présentent comme les champions des droits et libertés individuelles et on remarque que c’est individuel, mais que cela ne suffit pas des lois, il faut changer la société au complet.

Sur les enjeux féministes par exemple, les femmes ont les mêmes droits que les hommes. Mais on ne peut pas écrire une loi disant que les inégalités sont interdites, il faut plutôt changer le système qui crée ces inégalités-là.

Est-ce que cela passe par des quotas ?

Clairement oui, il y a ça ! Mais aussi des changements culturels, ce dans quoi on va investir. Quand on décide de couper dans les services sociaux et d’investir dans les infrastructures, on enlève des secteurs où c’est majoritairement des femmes, et on en met plus là où c’est masculin. Cela crée une inégalité de richesse. Nos choix d’investissements ont un lien avec les inégalités.

Sur la question du racisme et des discriminations, est-ce que vous étiez favorable à la mise en place d’une Commission ?

Oui, Québec Solidaire s’est proposée en faveur de la demande de faire une Commission sur le racisme systémique, ce qui ne se fera manifestement pas. Moi je suis parfaitement en accord, mais il ne faut pas attendre.

Beaucoup de gens ont parlé de la discrimination, et il y en a qui ont dit ne pas vouloir une nouvelle commission. Les études/Commissions ont proposé des solutions et combien ne sont pas appliquées. Il ne faut pas que ça soit juste un show médiatique, il faut appliquer les solutions qu’on a décidé, qu’on sait qu’elles sont bonnes, et qui vont marcher. Cela en vaut la peine.

Dans la foulée des commémorations du 29 janvier à Québec, combien de gens impliqués dans des moquées ou la communauté musulmane se sont exprimés et ont dit que les Québécois ne sont pas racistes ? Donc c’est comme si on se défendait de quelque chose que personne ne nous a accusés, il faut sortir de cette folie.

C’est comme si on se défendait contre un ennemi imaginaire, qui a dit les Québécois sont racistes ? Les gens disent que les Québécois sont racistes, mais qui a dit ça ?

Alors comment cette idée a-t-elle fait son chemin dans l’espace public ?

Historiquement, c’est plus à l’extérieur des frontières du Québec. Le phénomène du Québec bashing orchestré pour donner honte aux Québécois de vouloir de leur propre autodétermination, en disant que ceux qui veulent l’indépendance sont racistes, c’est terrible. Ça réveille quelque chose de très sensible chez les Québécois. Il faut vraiment dénoncer le Québec bashing. On voit beaucoup de menaces de mort notamment sur les pages Facebook de certains médias anglophones.

Alors, y a-t-il du racisme dans la société québécoise ?

Oui, il y a du racisme dans toutes les sociétés du monde, mais est-ce cela veut dire que tous les peuples du monde sont racistes ? Non.

Un peuple ne se définit pas par ce genre de caractéristiques, mais plutôt par des projets collectifs. Si on compare à d’autres pays, le Québec est bien avancé sur la diversité, il fait par exemple mieux vivre ici pour les homosexuels, pour les femmes aussi…

Des études sont sorties récemment, montrant le peu de minorités visibles dans les grandes entreprises, notamment à Hydro-Québec, votre réaction ?

Il faut rectifier ça, c’est grave. Je ne sais pas quel est le mécanisme idéal pour contraindre au respect de ces normes, je ne suis pas un spécialiste. Mais je pense qu’il faut des contraintes, mais comment les mettre en place ? Ça demanderait une étude approfondie, mais il faut faire ça, c’est essentiel !

J’ai été très sensible à un commentaire de Philippe Fehmiu qui disait qu’une publicité du 375e anniversaire de Montréal ne présentait que des personnes blanches. Oui je trouve qu’il faut plus de représentativité à la télévision ou dans les publicités, parce que sinon ça ne donne pas de modèle, ces personnes ne peuvent pas se projeter, être comme lui ou elle dans une télésérie par exemple.

C’est important d’assurer un large espace médiatique à ces communautés, c’est une avancée dans la société. Je pense que ces choses-là changent, j’ai l’impression que les Américains sont plus avancés, notamment dans les téléséries où il y a une plus grande diversité, avec des personnages plus forts, même chose pour les femmes.

C’est important d’avoir des modèles politiques forts et diversifiés ?

Oui, c’est pour ça que QS c’est le parti de la parité, notamment pour que les femmes ne soient pas que dans des circonscriptions imprenables.

Imaginons vous êtes au pouvoir, le Québec est indépendant, quelle est votre position sur les réfugiés, on en accueille ?

Oui. Des réfugiés, il va y en avoir de plus en plus avec les changements climatiques, plus que ce que l’on peut accueillir si on n’arrive pas à contrer la hausse de 4% du réchauffement climatique.

Sur l’immigration maintenant, votre position ?

On n’est pas dans une optique de réduire l’immigration, mais plutôt de savoir comment favoriser l’intégration économique des immigrants parce que c’est sur cette question que tout passe, même les femmes immigrantes qui sont encore plus en difficultés.

L’emploi et le salaire minimum à 15$/h cela reste votre mesure phare ?

Le salaire minimum à 15$ de l’heure c’est la mesure phare de QS, on le défend à court terme et ça va être tellement bon pour l’économie. Je comprends qu’il faut aider les petites entreprises à s’ajuster, il faut trouver une façon pour qu’elles ne ferment pas, notre but c’est le bien collectif.

Enrichir ces personnes c’est le but, ils ne vont pas mettre ça dans des paradis fiscaux, mais ils vont participer à l’économie, avoir une meilleure vie et probablement une meilleure santé. On a beaucoup favorisé ce qui font des millions, maintenant il est temps de favoriser ceux sur qui tout repose, et grâce à qui les riches sont riches.

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