Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire, ACEF du Nord de Montréal
Nous, organismes autonomes de défense des droits des consommateurs, et nos membres voulons rappeler au ministre de l’Énergie, Monsieur Pierre Fitzgibbon, que l’électricité n’est pas un luxe. Au contraire, elle est nécessaire pour répondre aux besoins de base, être en bonne santé et avoir des liens sociaux. Partout au Québec, de la Côte Nord à Montréal en passant par Lanaudière, les Laurentides, la Mauricie, l’Estrie, le Centre-du-Québec, la Gaspésie et le Lac-Saint-Jean, des citoyen.ne.s demandent au Ministre de tenir un débat public sur l’avenir de l’énergie avant d’adopter sa loi afin de s’assurer que les questions de justice sociale ne sont pas oubliées.
Car s’il n’est pas modifié de façon importante, le projet de loi 69 entraînera des hausses de tarifs considérables. Rappelons que bien que les tarifs d’électricité soient relativement bas au Québec, un ménage sur sept a déjà de la difficulté à payer sa facture d’électricité ou y parvient au détriment d’autres besoins de base. Le coût élevé de l’énergie est d’ailleurs une des causes principales de précarité énergétique.
Tous les jours, nous rencontrons des personnes qui n’arrivent pas à payer la facture d’Hydro-Québec. Certain.e.s coupent complètement le chauffage la nuit pour pouvoir économiser. D’autres doivent se priver de médicaments ou couper dans l’épicerie pour payer leur facture. Le risque d’augmentation des tarifs est donc très préoccupant. Chaque année, Hydro-Québec conclut des centaines de milliers d’ententes de paiement avec sa clientèle résidentielle. Une hausse de tarifs ne fera qu’étrangler davantage les ménages qui étouffent déjà sous le poids de leurs obligations financières.
De plus, le projet de loi reste silencieux sur les questions d’efficacité énergétique et d’isolation des bâtiments alors qu’on sait que la mauvaise qualité des logements est une autre cause importante de précarité énergétique. Au Québec, le chauffage des maisons en hiver et la climatisation pendant les vagues de chaleur peuvent être une question de vie ou de mort. La vague de chaleur de juillet 2018 a causé directement la mort de 117 personnes au Québec. Vivre dans un logement mal ventilé, peu chauffé ou mal isolé représente un danger pour la santé et la sécurité des personnes qui y vivent. Les problèmes de froid ou de chaleur dans le logement fragilisent les ménages qui sont plus susceptibles d’avoir des maladies respiratoires, des maladies cardiovasculaires et des maladies mentales (anxiété ou dépression, par exemple). La précarité énergétique augmente également les risques d’infections (mauvaise hygiène alimentaire ou personnelle) et les risques d’accident (en raison, entre autres, d’un éclairage inadéquat).
La précarité énergétique est donc un véritable enjeu de santé publique. Il est urgent de s’en occuper. Le gouvernement doit reconnaître qu’il y a un problème et s’engager à y remédier. Le projet de loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques au Québec (PL69) est pour le gouvernement l’occasion parfaite d’agir pour que plus personne au Québec ne soit privé d’énergie dans son logement pour des raisons de pauvreté. Les besoins de la population doivent passer avant les intérêts des grandes entreprises.
Signataires
Catherine L’Heureux-Savoie, conseillère budgétaire, ACEF de l’Est de Montréal
Marie-Eve Desnoyers, coordonnatrice, ACEF des Bois-Francs
Josée Lemay, directrice générale, Service Budgétaire de Saint-Félicien
Laurence Marget, directrice générale, Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ)
Maxime Dorais, co-directeur général d’Union des consommateurs
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