Le Sud Soudan, l’Eswatini, le Rwanda et dernièrement l’Ouganda, outre d’être des dictatures ont un autre point en commun, la signature d’un accord avec les USA pour accueillir les personnes renvoyées. Point d’orgue de la politique d’harcèlement des immigrés de Trump.
« Pressions considérables »
La décision de la Cour suprême des USA où les juges conservateurs ont la majorité, a validé les mesures d’expulsion massive au mépris des conventions internationales que les USA ont pourtant ratifiées. Celle de 1984 qui interdit la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, tout comme la convention de 1951 et son protocole de 1967 qui proscrivent le renvoi des réfugiés vers des pays qui ne respectent pas les droits humains. Les premiers expulsés en Eswatini ont déjà vu leurs droits bafoués. Ainsi le Centre de contentieux de l’Afrique australe a lancé une requête parce que cette monarchie absolue avait refusé qu’ils puissent accéder à leur avocat.
L’objectif de l’administration Trump est de passer des accords pour l’accueil des personnes bannies avec 58 pays dont 31 en Afrique. Yusuf Maitama Tuggar, le ministre des affaires étrangères du Nigeria, confirme que des pressions considérables ont été exercées à l’encontre de son pays qui a tout de même maintenu son refus.
Une aubaine pour les dictateurs
Les conventions restent secrètes. Cependant certaines ont fuité et ne sont guère rassurantes. Au Sud Soudan, gangréné par des milices armées, le président Salva Kiir partie prenante d’une guerre civile qui a déjà causé la mort de dizaines de milliers de personnes a fait part de ses exigences lors des négociations. La levée des sanctions contre un des trois hauts responsables du régime, l’annulation de l’interdiction des visas, le déblocage d’un accès à un compte bancaire basé aux États-Unis et le soutien aux poursuites judiciaires contre son principal opposant, le premier vice-président Riek Machar, toujours assigné à résidence.
Quant au Rwanda où les tortures sont fréquentes dans les prisons, le président Paul Kagamé se veut un allié privilégié du camp occidental. Cela lui permet de se faire élire régulièrement avec des scores de 98% et de mener une guerre d’agression contre le Congo voisin sans crainte de mesures de rétorsion.
Pour le président ougandais, pays où l’homosexualité peut être passible de la peine de mort, signer l’accord avec les USA est une assurance. La certitude que l’administration états-unième ne sera pas trop regardante sur la répression qui entoure l’élection présidentielle qui entérinera un septième mandat.
Que cela soit l’Union Européenne qui utilise des pays africains pour externaliser ses frontières, ou les USA qui tentent de leur imposer l’accueil « des personnes parmi les plus méprisables » selon la formule du secrétaire d’état Marco Rubio, les deux s’accommodent parfaitement des régimes despotiques africains au détriment des peuples.
Paul Martial
******
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :











Un message, un commentaire ?