Édition du 26 mars 2024

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Canada

Retour à la normale ?

Dans les milieux financiers, patronaux et de la part de plusieurs commentateurs, on fustige les dépenses engagées par le cabinet libéral fédéral de Justin Trudeau qui visent à maintenir un certain niveau de consommation chez les sans emploi en attendant une reprise prochaine de l’économie et une relance du marché du travail.

En fait, depuis l’élection de Justin Trudeau en 2016, la politique budgétaire modérément expansionniste qu’il a pratiquée agace ces milieux habitués jusqu’alors à des mesures budgétaires restrictives qui les favorisaient.

Plusieurs commentateurs et éditorialistes admettent à contrecoeur que les actuelles dépenses extraordinaires du gouvernement s’avèrent nécessaires, mais qu’il faudra revenir dès que possible à une gestion « responsable » des finances publiques.

Mais aucun d’entre eux ne précise ce qu’il entend au juste par l’expression gestion responsable.

Font-ils référence à une diminution bien calculée des dépenses publiques, ou parlent-ils d’un retour à une relative austérité ? Craignent-ils que les gouvernements ne renouent avec les anciennes politiques expansionnistes d’inspiration keynésienne ou espèrent-ils que le cabinet libéral revienne aux mesures de la mouvance idéologique rétrolibérale ? On ne sait. Ou plutôt, on devine...

Leurs propos trahissent en fait une peur révélatrice : que les mesures présentes de soutien aux sans emploi ne s’étendent et n’amorcent un cycle budgétaire assez expansionniste qui favoriserait jusqu’à un certain point travailleurs et travailleuses.

Certes, le cabinet Trudeau va inévitablement rajuster à la baisse ses dépenses budgétaires dans un avenir prévisible. Mais si certaines d’entre elles devenaient permanentes, l’emprise du patronat sur les travailleurs et travailleuses et l’enrichissement éhonté des membres des milieux financiers diminueraient. Un relèvement, même très modeste, de la condition des travailleurs et travailleuses ne peut que les rebuter, eux et leurs valets médiatiques. La « souplesse » du marché de l’emploi deviendrait plus relative, le renforcement du filet de sécurité sociale compliquerait la tâche du patronat.

Comme l’affirmait fort justement un réformateur social français du dix-neuvième siècle : « Entre le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère ».

On a toujours la morale de ses intérêts...

Jean-François Delisle

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