Et pour défendre sa réforme du régime syndical, comme sa redéfinition du syndicalisme, il ajoute avec une hypocrisie difficile à ne pas remarquer :
« Je le réitère : ce n’est pas un projet de loi contre les syndicats mais pour les syndiqués ».
Pour rappel, Jean Boulet, qui fut avocat patronal, président de la Chambre de commerce de la Mauricie, Ministre de la région de la Mauricie, d’Abitibi-Témiscamingue, du Nord du Québec, a été démis de ses fonctions de Ministre de l’immigration puis renommé Ministre du travail par François Legault, après avoir affirmé que « 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français » . Désormais, il poursuit ses basses œuvres de porte-flingue du patronat contre les syndicats.
Concrètement, après s’être attaqué au droit de grève (Projet de loi 89), aux mécanismes de prévention de la santé et de la sécurité dans les secteurs d’emplois les plus féminisés (Pl.101), il entend obliger les syndicats à organiser des consultations visant à rendre les « cotisations syndicales facultatives » pour tout ce qu’il considère comme étant politique et ne relevant donc pas de la mission « essentielle » du syndicat, selon lui. Cela au nom d’une meilleure « transparence » dans l’usage des ressources financières.
Puisqu’on en parle, nous aussi on aime la transparence et on aimerait bien savoir dans quelles poches sont finalement tombés : les 3 milliards ou les 458 millions de dollars de fonds publics (les chiffres varient selon les sources) dépensés pour SAAQclic ; les quelques 400 millions perdus sur les 800 millions « investis » dans Airbus ; les 325 millions offerts au chantier maritime Davie ; les 270 millions de dollars laissés à Northvolt ; les 220 millions à Recyclage Carbonne Varennes, les 143 millions accordés à Lion Électrique, etc .
On aimerait bien être consulté.e.s pour une « cotisation patronale facultative » afin d’arrêter ce pillage organisé, sans consultation, par et pour une poignée de millionnaires.
Mais pour la CAQ et le patronat, la transparence et les consultations démocratiques sont à géométrie variable. Elles valent certes pour les cotisations syndicales mais ne sont plus souhaitables lorsqu’il s’agit des impôts, de l’argent public et du capital où le lobbying et les négociations secrètes avec les organisations patronales sont privilégiées.
Force est ainsi de constater que ce qu’il faut bien appeler les syndicats patronaux - au premier rang desquelles les chambres de commerce – sont non seulement organisés mais bien représentés, ayant bien compris quant à eux l’intérêt d’avoir un gouvernement et un ministre du travail à leur service. C’est-à-dire viscéralement enclins à s’attaquer aux syndicats de travailleurs et de travailleuses.
Aussi, compte tenu des rapports de force et en attendant le renversement urgent et nécessaire de ce gouvernement, pourquoi ne pas prendre au mot le Ministre ? On pourrait par exemple consulter les syndiqué·es sur la question de savoir s’ils et elles souhaiteraient engager des fonds syndicaux dans la documentation des usages qui ont été faits de l’argent public. Une telle consultation serait évidemment une manière de faire de la politique puisqu’elle porte en elle un réel risque de mobilisation sociale – y compris des non-syndiqué·es - contre un gouvernement qui n’a de cesse de détruire les services publics, de s’attaquer aux migrant·es et de creuser les inégalités sociales, au point de faire du Québec la province canadienne la plus inégalitaire.
Camille Popinot et Paco
Le 22 octobre 2025



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