Édition du 16 avril 2024

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Le blogue de Donald Cuccioletta

Une élection où le perdant est le peuple américain

Enfin, le 8 novembre les électeurs des États-Unis iront voter pour leur nouveau président. Après 15 mois de campagne (la campagne ayant commencé officieusement au mois d’août 2015 avec les mises en candidature pour représenter le Parti démocrate et le Parti républicain), l’électorat est devant un choix entre Hillary Clinton et Donald Trump. Quel choix !

Une campagne sans envergure avec deux candidats considérés comme inacceptables par 60% de l’électorat. Jusqu’à 80% de la population veut en finir avec cette élection. Les Américains pensent que c’est la pire campagne électorale de l’histoire américaine. Une campagne où la haine a pris le dessus sur le débat des idées. Des accusations et des attaques d’une telle bassesse qu’elles ont tiré ce processus électoral vers les bas-fonds de la pensée humaine.

Trump est roi et maître de la bêtise, faisant les déclarations les plus ridicules et faisant preuve d’un chauvinisme réactionnaire. Malheureusement, il reflète les positions d’une large partie de la population américaine. Trump, avec son populisme d’extrême droite, ses positions autoritaires et réactionnaires, est le miroir de la réalité de l’Amérique profonde. Une Amérique profonde qui a souffert et continue de souffrir de la crise financière de 2007. Une Amérique profonde qui se sent oubliée et qui a vu les élites de Washington et de Wall Street s’octroyer des bonus quand l’économie des États-Unis a repris.

Une Amérique profonde qui cherche des coupables : celui qui a volé leurs emplois, les pays qui profitent des largesses des États-Unis, cette immigration illégale du Mexique, l’insécurité face au terrorisme qui cultive l’idée que tous les musulmans sur le sol américain sont des terroristes en puissance et finalement la peur de l’autre qu’on soupçonne de ne pas être un vrai Américain. Cette Amérique profonde qui trouve refuge dans le nationalisme et le nativisme. Cette Amérique profonde qui a trouvé en Donald Trump le chef qui va remettre l’Amérique et les vrais Américains aux postes de commande. Tout ceci n‘est pas nouveau dans l’histoire, même dans l’histoire récente.
De l’autre côté, nous avons Hillary Clinton. Une Hillary Clinton qui se présente comme la nouvelle féministe des temps modernes. Une Hillary Clinton technocrate qui a une solution et surtout un plan pour tous les problèmes auxquels fait face la société étatsunienne. Mais il y aussi une Hillary Clinton, programmée, distante du peuple, froide, calculatrice et qui a volé la nomination du Parti démocrate.

Debby Wassermann Schultz, l’amie de Hillary et Bill Clinton, fut mandatée par eux pour diriger et contrôler l’agenda de la convention et s’assurer que Bernie Sanders ne gagne pas la nomination. Les courriels dévoilés par Wiki Leaks ont démontré la manigance de Debby Wassermann Schultz.

Suite à ces révélations, Mme Schultz fut forcée de démissionner comme dirigeante du Parti démocrate. Elle fut remplacée par Donna Brazile, une autre amie des Clinton, qui a été congédiée par CNN parce qu’elle avait révélé en avance, à Mme Clinton, les questions que les citoyens devaient lui poser dans les « Town Hall Meeting » organisés par CNN.

Il faut aussi souligner le rôle des 720 super délégués choisis par la direction du Parti ( Mme Debby Wassermann Schultz), ils ont voté massivement pour Mme Clinton et lui ont donné la victoire contre Sanders. Les Clinton contrôlent aujourd’hui le Parti démocrate et ont démontré comment on peut manipuler ce parti et le mouler à leur stratégie et idéologie. Sous les Clinton le Parti démocrate est devenu un parti antidémocratique.

Toute la saga des courriels vient confirmer le manque de transparence de Hillary Clinton et son insouciance concernant la sécurité alors qu’elle était Secrétaire d’État. Certes, nous pouvons questionner le ‘timing’ de la révélation de la deuxième série de courriels, mais ceci n’efface pas les faits : Mme Clinton a mis en danger la sécurité des stratégies du Département d’État.

Nous avons pu observer durant cette campagne comment les deux Partis majeurs ont contrôlé le processus. Les tiers partis (Parti libertarien de Gary Johnson et le Parti vert de Jill Stein) n’ont pas été admis aux trois débats parce qu’ils n’avaient pas le minimum de 12% dans les sondages. Un règlement qui sert bien les démocrates et les républicains. Sur les bulletins de vote, on retrouve automatiquement les démocrates et les républicains, et ce, dans les 50 États tandis que les tiers partis doivent faire des demandes aux États pour y être inscrits.
Les primaires et les caucus sont contrôlés par les démocrates et les républicains exclusivement. Le processus électoral est entre les mains des deux grands partis, non seulement au niveau fédéral, mais à tous les niveaux des élections qui se produisent en Amérique. Les démocrates et les républicains sont omniprésents et dominent l’ensemble du processus démocratique des États-Unis. Ils sont devenus des partis totalitaires.

Les tiers partis qui pourraient offrir une autre vision ou un nouveau discours sont mis à l’écart. L’existence de ceux qui se disent des indépendants (jusqu’à 45% dans certaines élections) démontre clairement la volonté de se départir des démocrates et des républicains parce qu’une large portion de la population les considère comme du pareil au même.

Le peuple américain a devant lui deux candidats à la présidence qui ne feront rien pour améliorer le sort du pays. Les deux sont protectionnistes, des va-t’en guerre comme solutions, et ils défendent, chacun à sa façon, la classe capitaliste, les élites et le 1%. La population a un choix : et c’est le non-choix.

La première victime de ce cirque qui s’est déroulé sous nos yeux tous les soirs à la télévision, c’est la démocratie américaine. Une élection qui nous démontre que cette démocratie est en péril. Une démocratie pour les riches, et leurs porte-parole au pouvoir. Trump ou Clinton du pareil au même ! Cela fera l’affaire de Wall Street, de Washington et de la politique étrangère impérialiste agressive.

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