Édition du 11 novembre 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Israël - Palestine

Une réponse aux appels au boycott de Standing Together (Israël)

Le Comité académique palestinien pour le boycott d’Israël (PACBI) [1], un organisme de premier plan au sein du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), et la Palestine Solidarity Campaign (PSC) [2] au Royaume-Uni, ont publié de nouveaux appels au boycott de Standing Together, ciblant cette fois également le réseau des Amis de Standing Together, y compris les Amis britanniques de Standing Together. Leurs textes reprennent et développent les thèmes d’une précédente déclaration, publiée en janvier 2024.

En réponse à la déclaration de janvier 2024, les membres palestiniens de la direction de Standing Together ont écrit : « La lutte pour la libération palestinienne est multiforme. En tant que mouvement opérant en Israël, nous avons assumé un rôle spécifique : faire évoluer l’opinion publique israélienne pour qu’elle cesse de soutenir une politique qui maintient et approfondit l’assujettissement des Palestiniens. »

Aucune tentative n’a été faite pour répondre à la déclaration des dirigeants palestiniens de Standing Together. Les nouvelles déclarations du PACBI et de la PSC se caractérisent également par une absence quasi-totale de référence aux activités réelles de Standing Together.

Nous encourageons tous les lecteurs à se faire leur propre opinion sur cette question, et à lire les appels au boycott dans le contexte du bilan de Standing Together.

Ces dernières semaines et ces derniers mois, Standing Together a :

Organisé plusieurs manifestations à la frontière de Gaza, y compris en s’engageant dans la désobéissance civile qui tentait de bloquer les véhicules de transport de troupes
Mené des actions directes perturbatrices à l’aéroport Ben Gourion et perturbé des émissions télévisées en direct
Mené campagne de manière constante pour encourager les soldats israéliens à refuser les ordres illégaux
Confronté physiquement les colons d’extrême droite et mis en échec leurs tentatives d’entraver les camions d’aide
Conduit sa propre campagne « Aide à Gaza », collectant des dons à travers Israël, notamment dans les communautés palestiniennes du nord
Soutenu les communautés arabo-bédouines du Néguev/Naqab [3] pour résister aux déplacements
Collecté des fonds participatifs pour construire des abris anti-bombes dans les communautés arabo-bédouines non protégées pendant la guerre d’Israël avec l’Iran
Mobilisé pour défendre les Palestiniens et les entreprises dirigées par des Palestiniens dans Jérusalem-Est occupée contre les attaques de foules racistes
Soutenu et organisé des manifestations, grèves et autres actions directes nationales pour exiger un cessez-le-feu
Répandu de la peinture rouge devant la résidence du chef d’état-major de Tsahal [4]
Organisé un die-in [5] devant le quartier général de l’armée à Tel-Aviv

Ces actions sont-elles utiles ? La cause palestinienne serait-elle mieux servie si le mouvement qui organise ces actions n’existait pas ?

Les récentes déclarations du PACBI et de la PSC se caractérisent également par une fixation sur les formes de langage plutôt que sur la politique pratique. Les termes que nous utilisons pour décrire les choses importent. Mais attaquer Standing Together pour ne pas utiliser certains mots, tout en ne faisant aucune référence à ce que Standing Together fait réellement, privilégie le linguistique sur le matériel. En tout cas, les attaques sont inexactes selon leurs propres termes : Standing Together fait référence à la politique d’Israël en Cisjordanie comme de l’apartheid, et décrit la guerre à Gaza comme génocidaire.

Contrairement aux affirmations du PACBI et de la PSC, Standing Together n’assimile pas oppresseurs et opprimés. Ils reconnaissent et se mobilisent pour résister aux structures violentes qui maintiennent l’inégalité entre Palestiniens et Juifs israéliens.

La Théorie du changement du mouvement déclare : « Nous prendrons un rôle actif dans la lutte pour mettre fin au contrôle d’Israël sur le peuple palestinien. » Elle affirme que « le régime actuel sert les intérêts d’un petit groupe — l’élite financière capitaliste et l’élite politique de construction de colonies — aux dépens des intérêts de la majorité », tout en reconnaissant que le régime « reste dépendant du consentement de la majorité ».

Standing Together se mobilise parmi la minorité palestinienne en Israël, une communauté de deux millions de personnes représentant près d’un tiers de la population palestinienne entre le Jourdain et la Méditerranée. La moitié de l’organe dirigeant de Standing Together est composée de Palestiniens. Le fait de leur citoyenneté israélienne ne rend pas ces personnes moins palestiniennes.

Ils ont écrit : « Nous croyons qu’il est politiquement efficace d’argumenter que l’oppression, le racisme et le sectarisme nuisent aux gens de l’oppresseur aussi bien qu’aux opprimés. Le mal n’est nullement égal, bien que le rôle de l’intérêt personnel dans l’organisation politique ne doive pas être sous-estimé. Nous travaillons sous l’hypothèse de base que des millions de Palestiniens et des millions de Juifs vivent sur cette terre aujourd’hui, et personne ne va nulle part. Mettre fin au contrôle israélien sur les Palestiniens et forger une société dans laquelle chacun est libre et égal entre le fleuve et la mer est dans l’intérêt à la fois des Palestiniens et des Juifs israéliens. »

Les lecteurs devraient considérer les perspectives des Palestiniens de Standing Together concernant leur propre mouvement : « Standing Together est la seule organisation qui nous a fourni, à nous et à des dizaines de milliers de citoyens palestiniens d’Israël, un refuge politique sûr pendant ces temps difficiles, un endroit pour exiger un cessez-le-feu, pleurer en sécurité, et nous organiser pour un avenir où nous sommes libres et égaux dans notre patrie. »

Standing Together est un mouvement en croissance, et les efforts pour le boycotter n’ont pas affecté cela. Mais s’ils devaient le faire, les bénéficiaires ne seraient pas le peuple palestinien, mais le gouvernement israélien. Comme l’ont dit les dirigeants palestiniens de Standing Together : « Les efforts pour faire taire et isoler Standing Together ne servent pas la cause palestinienne, ils servent les intérêts de l’establishment politique d’Israël, qui tente aussi de nous faire taire. »

Des militants de Standing Together ont été arrêtés pour leurs actions, notamment lors d’une manifestation d’août devant la résidence du chef d’état-major de Tsahal, et d’une manifestation à la frontière de Gaza en mai. En août, une collecte de fonds de Standing Together à Jérusalem a été interdite, la police alléguant qu’elle pourrait « servir le Hamas [6] ». Les autorités de l’Université de Haïfa [7], où près de 50 % des étudiants sont palestiniens, ont interdit la section Standing Together en avril, après qu’elle ait organisé une manifestation où des images d’enfants tués à Gaza étaient affichées. L’interdiction a été par la suite annulée après une campagne locale. En avril, la police a tenté d’interdire aux manifestants lors d’un rassemblement anti-guerre organisé par Standing Together d’afficher des photos d’enfants morts, ou des pancartes utilisant le mot « génocide ». Les militants ont défié la tentative d’interdiction. En janvier 2024, une manifestation de Standing Together à Tel-Aviv a été entièrement interdite, forçant les organisateurs à réorganiser l’événement.

Si les affirmations faites par les partisans de la position PACBI/PSC, selon lesquelles Standing Together « apaise », « normalise », ou « blanchit » les actions d’Israël étaient vraies, pourquoi l’État israélien ferait-il de tels efforts pour les supprimer ?

Quiconque veut voir un mouvement anti-guerre, anti-occupation plus fort en Israël devrait soutenir celui qui existe actuellement, et l’aider à grandir.

Les Amis britanniques de Standing Together restent ouverts à travailler avec la Palestine Solidarity Campaign et ses soutiens partout où nous sommes d’accord, par exemple en faisant campagne pour exiger la fin des licences d’exportation d’armes vers Israël et dans les manifestations pour exiger une fin immédiate au génocide en cours à Gaza. Les militants de la PSC qui veulent l’unité dans l’action chaque fois que possible, tout en respectant les différences politiques, seront toujours les bienvenus à nos événements.

UK Friends of Standing Together

Contact : ukfriendsofstandingtogether@gmail.com
Social media : @uk_fost on Twitter | @omdimbeyachad on Instagram | Facebook
More information : standing-together.org
P.-S.

https://ukfost.co.uk/solidarity-with-standing-together-a-response-to-calls-for-a-boycott

Traduit pour ESSF par Adam Novak
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article76304

Une correction a été apportée le 20 septembre, concernant le Comité académique palestinien pour le boycott d’Israël (PACBI) : « un organisme de premier plan » [et non dirigeant] au sein du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS)

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