Tiré de El Watan.
Une situation qui, d’ailleurs, a poussé beaucoup de travailleurs dans divers secteurs à opter pour des rassemblements ou débrayages, par exemple, afin de réclamer entre autres des hausses salariales.
Face à l’érosion du pouvoir d’achat, certains produits alimentaires, comme les pâtes, ont connu des hausses de près de 100% en l’espace de quelques mois seulement, les salariés n’ont eu d’autre choix que de recourir à la grève pour tenter d’arracher une compensation qui puisse couvrir les dommages subis.
Cette situation interpelle au plus haut point les autorités du pays, qui craignent que même les secteurs épargnés jusque-là puissent être à leur tour touchés par cette grogne et que cette dernière s’accentue là où elle s’est déjà exprimée.
Or, la « réponse » donnée face à cette situation, par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, mercredi 29 avril, en suggérant que ces mouvements peuvent être liés à un quelconque « complot », a provoqué un malaise encore plus profond et a fait surtout réagir les différents syndicats.
Pour rappel, le chef de l’exécutif a estimé, lors d’une réunion du gouvernement, qu’« il a été observé ces derniers temps une augmentation des protestations syndicales, derrière lesquelles se trouvent parfois des organisations syndicales non agréées, soulevant certaines revendications, dont les demandeurs sont pertinemment conscients qu’elles ne sont pas réalisables (…) ». « Certes, l’exercice des libertés syndicales est un droit consacré par la Constitution et garanti par la Loi, mais son exploitation abusive et arbitraire ne sera que contre-productive », ajoute-t-il encore, avant de lancer : « L’obstination à suivre cette approche exagérée ne peut être considérée que comme une manœuvre visant à servir des objectifs clairs, même s’ils ne sont pas déclarés, visant à perturber le climat de changement que les pouvoirs publics ont initié (…). »
« Ni mains étrangères, ni mains internes »
Des propos qui ont fait réagir les syndicats qui n’admettent pas qu’une quelconque partie remette en cause la « sincérité » de leurs démarches. A cet effet, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) a « dénoncé », dans une déclaration rendue publique avant-hier, « les déclarations émanant du Premier ministère relatives aux protestations sectorielles, à l’instar de celle du secteur de l’éducation ». Le syndicat considère aussi ces déclarations qu’elles sont « provocantes », ce qui, ajoute-il encore, « va avoir comme conséquence une augmentation du nombre des foyers de tension ».
De son côté, le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) a tenu à dénoncer « toutes les déclarations qui doutent des intentions des protestataires et de leur patriotisme ». « Nous ne sommes actionnés ni par les mains étrangères, ni par les mains internes. Nos seuls objectifs sont l’avenir de nos enfants et l’intérêt de notre pays », poursuit le Satef. Ceci pour dire que les propos de Abdelaziz Djerad ont provoqué la consternation chez les syndicats, dont certains y voient une volonté de « remise en cause » du droit syndicat d’une manière générale et de grève en particulier.
C’est dans un tel climat d’incertitudes, tant sur le plan socioéconomique, avec la détérioration du pouvoir d’achat, que sur le plan politique, avec les déclarations du Premier ministre visant les organisations syndicales, qu’intervient le « 1er Mai » cette année. Et les syndicats craignent que les choses se compliquent davantage à l’avenir, et ce, sur les deux plans…
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