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États-Unis

Aux États-Unis, l’extrême droite républicaine sème le chaos à la Chambre des représentants

Huit élus républicains extrémistes pro-Trump ont réussi à destituer le « speaker » (président) de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, qui appartient pourtant à leur propre camp. Une première dans l’histoire états-unienne.

4 octobre 2023 | tiré de mediapart.fr
https://www.mediapart.fr/journal/international/041023/aux-etats-unis-l-extreme-droite-republicaine-seme-le-chaos-la-chambre-des-representants

Pour la première fois dans l’histoire états-unienne, le « speaker » (président) de la Chambre des représentants a été destitué mardi 3 octobre par une alliance entre l’extrême droite du Parti républicain et les démocrates, suscitant à la fois la consternation et la crainte d’un chaos parlementaire.

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© Mediapart

Dans un contexte de fortes tensions au sein de son propre camp alimentées par l’ancien président Donald Trump, candidat à la candidature pour la présidentielle de 2024, le républicain Kevin McCarthy, représentant de l’État de Californie, a été victime de la trahison d’une partie de ses troupes. La fraction la plus radicale – huit élu·es –, emmenée par son ennemi Matt Gaetz (Floride), s’est alliée aux démocrates pour le renverser à 216 voix pour, 210 contre et 7 abstentions.

Sa désignation il y a neuf mois avait déjà posé les bases de sa fragilité à venir : il avait fallu pas moins de 15 tours de scrutin pour qu’il soit désigné. Les jusqu’au-boutistes – membres du House Freedom Caucus (HFC), un groupe parlementaire issu du Tea Party, ce mouvement contestataire influencé par les libertariens et opposé aux élites de Washington qui avait surgi durant le premier mandat de Barack Obama (2009-2012) – avaient alors joué leur partition et imposé leurs conditions.

Kevin McCarthy au Capitole après avoir été évincé de son poste de président de la Chambre à Washington le 3 octobre 2023. © Photo Win McNamee / Getty Images via AFP
Kevin McCarthy avait fini par accéder à une partie de leurs demandes pour que la situation se débloque. Mais la suite des événements a montré que la situation n’était pas tenable.

Kevin McCarthy s’est attiré les foudres de l’extrême droite, toujours avide de coupes budgétaires, en proposant un compromis de dernière minute ce week-end pour éviter un « shutdown » – la fermeture, totale ou partielle, de l’administration fédérale à cause d’un désaccord du Congrès sur le budget. La résolution permettait d’éviter la paralysie de l’administration pendant 45 jours. Elle avait été adoptée par le Sénat samedi trois heures seulement avant l’heure fatidique.

« Notre gouvernement est conçu pour trouver des compromis »

Illustration du climat de haine, Patrick McHenry (Caroline du Nord), allié de McCarthy et désigné speaker par intérim, s’est empressé de se venger en expulsant l’ancienne cheffe de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, de son bureau situé dans le bâtiment du Capitole.

Mais les règlements de comptes concernent surtout désormais le camp républicain. S’adressant à la presse après sa destitution, Kevin McCarthy a annoncé ne pas vouloir se représenter, ouvrant la voie à une nouvelle désignation difficile.

« Je ne regrette pas d’avoir choisi la gouvernance plutôt que les doléances. C’est ma responsabilité, mon travail. Je ne regrette pas d’avoir négocié. Notre gouvernement est conçu pour trouver des compromis », a-t-il dit, accusant Matt Gaetz de s’en prendre à lui uniquement pour des raisons personnelles.

Gaetz est l’objet d’une enquête du Comité d’éthique de la Chambre des représentants depuis la décision du ministère de la justice en février de ne pas le poursuivre pour des accusations de relations sexuelles tarifées avec une mineure de 17 ans. L’élu de 38 ans est persuadé que Kevin McCarthy est à l’origine de cette décision.

Si huit élu·es républicain·es ont fait défaut à Kevin McCarthy, ce dernier n’a même pas pu compter sur le soutien de l’opposition démocrate, bien décidée à lui faire payer un certain nombre de ses actions, décisions ou atermoiements. Qu’il s’agisse de son soutien accordé à Donald Trump après l’attaque contre le Capitole le 6 janvier, de sa volonté de discréditer le travail de la commission d’enquête mise en place, sa proposition d’« impeachment » envers le président Joe Biden ou encore sa volonté de rendre responsable le Parti démocrate du « shutdown ».

Avant le vote, le chef de la minorité démocrate de la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, avait expliqué se ranger derrière la motion des républicains en raison du « refus [de McCarthy – ndlr] de rompre avec l’extrémisme du MAGA [Make America Great Again, le slogan de Donald Trump – ndlr] ». Mais, comme le souligne la lettre d’information The Morning Dispatch, avec des amis comme ceux-là, pas besoin de démocrates...

En tout cas, la Chambre des représentants est à l’arrêt, le temps de trouver un remplaçant à Kevin McCarthy. Parmi les noms avancés figure même Donald Trump, qui bataille en ce moment pour être désigné comme candidat à la présidentielle de 2024 pour le Parti républicain. Le cas ne s’est jamais présenté, mais le « speaker » peut très bien n’être pas un représentant.

Sur son réseau social Truth Social, l’ancien président, qui a déjà refusé ce genre de proposition par le passé, s’est lamenté que les républicains s’entredéchirent et ne combattent pas « les démocrates de la gauche radicale qui détruisent [leur] pays ».

Les républicains se réuniront mardi prochain pour se mettre d’accord sur un nom. Avec de nouvelles batailles fratricides en perspective.

François Bougon

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