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Bilan. 2023 est bien l’année la plus chaude jamais enregistrée

L’année qui se termine est la plus chaude que la Terre ait connue depuis qu’il existe des relevés, et probablement depuis 125 000 ans. Après huit années consécutives de records de chaleur, certains scientifiques y voient la preuve d’une accélération du réchauffement climatique. Même les océans ont connu des canicules.

29 décembre 2023 | tiré de Courrier international
https://www.courrierinternational.com/article/bilan-2023-est-bien-l-annee-la-plus-chaude-jamais-enregistree

C’est officiel, ou presque, l’année qui touche à sa fin est la plus chaude que la Terre ait connue depuis cent soixante-quatorze ans qu’il existe des mesures directes de température. “Bien que les relevés de décembre ne soient pas encore définitifs, les scientifiques de la National Oceanic and Atmospheric Administration [NOAA] estiment qu’il y a plus de 99 % de chance que l’année 2023 soit celle où la température moyenne mondiale enregistrée soit la plus élevée, dépassant le précédent record de 2016”, rapporte, le 28 décembre, le site de la radio publique américaine NPR.

D’après les chercheurs qui reconstituent le paléoclimat et les températures passées à partir, notamment, des cernes d’arbre ou des couches de glace polaire accumulées au fil du temps, il est même probable qu’il n’y ait pas eu d’année plus chaude depuis 125 000 ans.

“Les températures mondiales n’ont pas seulement battu les records des années précédentes, elles leur ont aussi fait mordre la poussière, constate The New York Times. De juin à novembre, le mercure n’a pas cessé de grimper.” Avec une température moyenne de 17,1 °C à la surface du globe, le 7 juillet a été le jour le plus chaud parmi les plus chauds. “Et en décembre, poursuit le quotidien américain, les températures sont restées très au-dessus des normales : une bonne partie du nord-est des États-Unis s’attend à une semaine de fin d’année tout à fait printanière.”

Le problème, c’est que ce phénomène ne s’accompagne pas seulement de bucoliques bourgeons dans les arbres de l’hémisphère Nord en plein hiver, il dérègle aussi le climat mondial.

Il a en particulier alimenté, tout au long de l’année et partout sur la planète, des événements météorologiques d’une violence extrême entraînant des catastrophes pour les humains et la biodiversité : canicules tueuses aux États-Unis, en Inde et en Argentine ; incendies ravageurs au Canada ; inondations particulièrement meurtrières en Libye, mais aussi en Turquie, en Grèce, en Bulgarie ou encore en Autriche ; cyclones dévastateurs au Malawi et en Nouvelle-Zélande. Et cette liste est loin d’être exhaustive.

Les océans ont également atteint des niveaux records de chaleur nocifs pour la vie marine et propices à la prolifération d’espèces invasives.

La faute aux quantités colossales de gaz à effet de serre

Bien entendu, le principal moteur de ce réchauffement global, ce sont les gaz à effet de serre (GES) – au premier rang desquels le CO2 et le méthane –, dont les émissions ont explosé depuis le début de l’ère industrielle et ne cessent de croître d’année en année. Des activités comme la production d’électricité à partir de combustibles fossiles, le transport ou même l’élevage intensif contribuent pour une bonne part à surcharger notre atmosphère en GES.

Auprès de la NPR, Zeke Hausfather, climatologue à Berkeley Earth, une organisation à but non lucratif qui analyse les tendances climatiques, insiste :

“Une année comme celle-ci n’aurait pas eu lieu sans les milliers de milliards de tonnes de dioxyde de carbone que nous avons rejetées dans l’atmosphère au cours du siècle dernier.”

“Aussi extrêmes qu’aient été les températures de cette année, elles n’ont pas pris les chercheurs au dépourvu, assure néanmoins le New York Times. Les modèles des scientifiques présentent une fourchette de températures prévisibles, et la chaleur de 2023 s’y situe encore, bien qu’à l’extrémité supérieure.”

Le plus inquiétant, c’est que 2023 s’inscrit dans une séquence de huit années lors desquelles la température moyenne a battu des records. D’aucuns y voient la preuve que le réchauffement climatique s’accélère. C’est d’ailleurs ce qu’affirme James Hansen, “le scientifique américain qui a été le premier à alerter le monde sur l’effet de serre”,souligne The Guardian.

Dans une étude parue en novembre, le chercheur et ses coauteurs prévoient que le réchauffement climatique dépassera de 1,5 °C la température de la période de référence (l’époque préindustrielle) dès la décennie 2020, et de 2 °C avant 2050. C’est à dire bien plus tôt que prévu et que ce qui est indiqué dans l’accord de Paris sur le climat.

“La vérité est déjà assez moche comme ça”

Tout le monde ne partage cependant pas ce point de vue. Dans un billet de blog commentant l’étude de ses confrères, le chercheur américain Michael Mann estime qu’il n’y a pas d’accélération visible. Il voit davantage une augmentation “stable” et linéaire de la température qu’une accélération. “La vérité est déjà assez moche comme ça”, écrit-il.

Selon The Washington Post, de nombreux autres scientifiques se montrent également sceptiques quant à l’accélération du réchauffement moyen de l’atmosphère terrestre. Si certaines simulations climatiques la prévoient, eux ne la voient pas clairement dans les données “réelles” recueillies sur la planète. “Du moins, pas encore”, note, non sans ironie, le journal américain.

Le Washington Post, le New York Times et d’autres médias rapportent les débats qui animent la communauté scientifique concernant, par exemple, le rôle des particules fines, mauvaises pour la santé humaine mais qui réfléchissent le rayonnement solaire, contrebalançant en partie le piégeage de la chaleur par les gaz à effet de serre.

Le phénomène climatique récurrent El Niño est aussi à prendre en considération. Tant que l’épisode qui a démarré cette année n’est pas terminé, “il est peu probable que nous soyons en mesure de faire des affirmations définitives” quant à l’accélération du réchauffement, déclare au New York Times Reto Knutti, physicien du climat à l’École polytechnique fédérale de Zurich.

Ainsi, la combinaison d’El Niño et du réchauffement d’origine anthropique pourrait conduire à une année 2024 tout aussi chaude, voire plus encore. “Les années [où est actif] El Niño sont généralement plus chaudes, car une grande quantité de chaleur stockée dans l’océan est libérée dans l’atmosphère”, rappelle le site de la radio NPR.

Pour Tessa Hill, scientifique à l’institut des sciences côtières et marines de l’université de Californie, il est encore largement temps d’agir pour limiter le réchauffement en réduisant la quantité de GES envoyée dans l’atmosphère. Mais “si nous ne changeons rien, si nous continuons sur la trajectoire actuelle, nous nous souviendrons de 2023 comme d’une année qui n’aura pas été si terrible que cela”, prévient-elle dans l’article du site de la NPR.

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