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Santé

Bilan des groupes de médecine de famille après 20 ans d’existence – Un modèle à revoir en profondeur

Montréal, le 26 mai 2022 - Vingt ans après la création des groupes de médecine de famille (GMF), et alors que le gouvernement prévoit accroître leur rôle et leur financement au cours des prochaines années, un bilan de ce modèle s’impose. Cette note socioéconomique démontre que les GMF n’ont pas rempli leurs promesses, et cela, malgré le soutien indéfectible des gouvernements successifs et les fonds publics considérables investis dans ces cliniques en grande majorité privées.

Ce modèle de première ligne concurrent des centres locaux de services communautaires (CLSC) n’a pas permis d’atteindre les trois objectifs pourtant au cœur de sa mission : accroître l’accès de la population aux médecins de famille, favoriser le désengorgement des urgences et améliorer l’accès aux services psychosociaux de première ligne. L’analyse montre finalement que le modèle des GMF est étroitement associé à la consolidation d’une « médecine inc. » de première ligne.

Faits saillants

 Les ressources financières et professionnelles publiques octroyées aux GMF ont atteint une valeur de 340 millions de dollars en 2020-2021.

 Le modèle des GMF, basé essentiellement sur des cliniques médicales privées dirigées par des médecins, a favorisé la consolidation d’une « médecine inc. » de première ligne, caractérisée par le développement de véritables entreprises médicales capitalistes qui sont en voie de supplanter le modèle traditionnel des petits cabinets individuels.

 Rien n’indique que le modèle des GMF permet d’augmenter la prise en charge de patient·e·s : certaines données indiquent que le ratio de patient·e·s inscrit·e·s par médecin pratiquant en GMF n’a augmenté que de 2 % en 6 ans, et d’autres indiquent qu’il a même diminué de 8 % entre 2014-2015 et 2018-2019.

 Alors que les GMF devraient en principe contribuer à désengorger les urgences hospitalières, au moins 15 % d’entre eux ont conclu des ententes avec des services d’urgence pour que ceux-ci assurent une partie de leurs heures d’ouverture, et plus de 50 % des GMF avec une désignation réseau (les « supercliniques ») ne respectent pas les exigences du programme visant le même objectif.

 Le transfert de ressources professionnelles vers les GMF s’est traduit par une perte de services psychosociaux de première ligne offerts en CLSC, qui équivaut à plus de 700000 heures de services de consultation sociale (une chute de 42 % de l’offre de service en CLSC) et à près de 60000 heures de consultation psychologique (une chute de 52 %).

Pour télécharger la publication.

Anne Plourde

Anne Plourde est chercheuse postdoctorale à l’Université York et à l’IRIS et détentrice d’un doctorat en science politique à l’Université du Québec à Montréal. Ses domaines de recherche portent sur les rapports entre capitalisme, État et politiques sociales. Elle s’intéresse particulièrement aux politiques de santé, à l’histoire des CLSC et aux réformes récentes dans le réseau de la santé et des services sociaux.

https://iris-recherche.qc.ca/a-propos-iris/auteurs/?ID=121

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