Édition du 23 avril 2024

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Environnement

Bilan du BAPE sur Mine Arnaud à Sept-Îles : Pas d’acceptabilité, des risques trop élevés

Alors que se terminaient hier soir les audiences du BAPE à Sept-Îles, la coalition Québec meilleure mine conclut qu’il n’y a pas d’acceptabilité face au projet de Mine Arnaud. « Le projet est trop proche de la population, trop proche de la Baie-de-Sept-Îles (eaux du fleuve) et trop risqué. Mine Arnaud a présenté un projet mal ficelé, avec des risques et des impacts mal évalués, même sur le plan économique. Mine Arnaud échoue non seulement le test de l’acceptabilité sociale, mais aussi ceux de l’acceptabilité environnementale et de l’acceptabilité économique du projet », affirme Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition Québec meilleure mine, qui a passé les derniers jours à Sept-Îles. 

Un sondage Léger (http://www.naturequebec.org/fileadmin/fichiers/Energie_climat/QMM/TE13-09-25_SondageLegerMineArnaud.pdf) dévoilé plus tôt cette semaine révèle que près de la moitié des Septiliens rejette le projet, alors que les deux tiers sont inquiets des impacts pour l’environnement, l’eau, l’air et la santé. 

Une mobilisation exceptionnelle 


La coalition Québec meilleure mine tient à féliciter les citoyens de Sept-Îles pour leur mobilisation exceptionnelle et les encourage à poursuivre leur mobilisation dans les semaines et les mois à venir. « Plus de 150 personnes ont déposé des mémoires au BAPE, plus de 400 personnes ont marché dans les rues de Sept-Îles samedi dernier et plus de 5000 demandent présentement un référendum sur le projet. C’est une mobilisation rarement vue face à projet minier au Québec, surtout dans une région minière », affirme M. Lapointe. 

« Cette mobilisation confirme que nos concitoyens ne pensent pas juste à l’argent, ils pensent aussi à leur santé, à leur environnement et à leur qualité de vie. C’est dans ces moments que je suis fière d’être Septilienne et fière de mon milieu de vie », affirme Louise Gagnon, du Regroupement pour la sauvegarde de la grande baie de Sept-Îles. 

« Nous avons suivi les audiences du BAPE à distance, depuis Malartic. Nous avons été très impressionnés par la mobilisation des gens de Sept-Îles et la très grande qualité de leurs interventions. Ne faites surtout pas la même erreur que nous ! Ne sacrifiez pas votre ville et votre magnifique milieu de vie pour une mine à ciel ouvert. Vous avez la chance de pouvoir compter sur un tissu social et des opportunités économiques fort différentes des nôtres », affirme Me Nicole Kirouac, avocate et personne-ressource du Comité de vigilance de Malartic. 

Le Comité de vigilance de Malartic met également en garde les Septiliens contre les nombreuses « promesses » que fait Mine Arnaud concernant tous les « suivis » qu’elle ferait si elle allait de l’avant. « Dans la vraie vie, si ce n’est pas écrit dans un contrat, ces promesses partent en fumée dès que la minière obtient ses autorisations. Puis, les trois quarts des recommandations du BAPE n’ont jamais été appliquées ici à Malartic. Ce n’est pas pour rien que le Vérificateur général du Québec a demandé à trois reprises, depuis 2009 (après notre BAPE en 2008-09 !), de réformer l’encadrement minier. Mais ça n’a toujours pas été fait », prévient Me Kirouac. 

La coalition tient également à offrir toute sa compassion et son soutien moral aux personnes qui vivent déjà des détresses psychologiques en lien avec le projet. Les témoignages très émotifs entendus cette semaine devant le BAPE ne représentent sans doute qu’une fraction des situations déjà difficiles. 

Demande au BAPE le rejet du projet 


Lors d’une présentation (http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/mandats/mine_apatite_sept-iles/index.htm) chaudement applaudie par une salle bondée, mardi soir dernier, le 24 septembre, la coalition Québec meilleure mine a recommandé au BAPE de rejeter le projet. Tout comme une majorité d’intervenants qui ont témoigné devant le BAPE cette semaine, la coalition demeure très insatisfaite des évaluations environnementales réalisées par Mine Arnaud à ce jour. Les risques de glissement de terrain, l’absence d’étude d’impact sur la baie de Sept-Îles (eaux du fleuve), la santé des populations touchées et les risques d’agrandissement du projet sont au cœur des préoccupations des citoyens et de la coalition (voir le mémoire : http://www.naturequebec.org/fileadmin/fichiers/Energie_climat/QMM/ME13-06-07-MineArnaud.pdf). 

Plus tôt cette semaine, la coalition a également porté plainte au Vérificateur général, afin qu’il enquête sur les risques financiers du projet. « La récente étude de faisabilité déposée au BAPE est truffée de dizaines de pages blanches, toutes les données financières ont été retirées. On n’a jamais vu ça pour un projet rendu à cette étape de l’analyse », dénonce M. Lapointe. 

La coalition demande également au milieu économique d’expliquer sur quelles bases ils appuient le projet minier Arnaud, alors que les données financières n’ont jamais été dévoilées. De plus, on apprenait cette semaine que le Maroc contrôle 75 % des réserves mondiales de phosphates de qualité, ce qui rendrait le projet Arnaud très vulnérable si le Maroc décidait de baisser ses prix ou d’inonder le marché avec son phosphate. 

Le projet en bref 


Si elle voyait le jour, Mine Arnaud deviendrait la plus grande mine à ciel ouvert jamais exploitée en milieu habité au Québec, avec une fosse à ciel ouvert de 3,7 km de longueur, 800 m de largeur et 250 m de profondeur (dont 150 m sous le niveau de la mer). Les installations minières seraient situées à 500 mètres des plus proches résidences et de la baie de Sept-Îles (eaux du fleuve) et à 7 km du centre-ville de Sept-Îles. Le projet génèrerait près de 500 millions de tonnes de résidus miniers et de stériles, affecterait l’équivalent de 5000 terrains de football, rejetterait plus de 30 000 tonnes de poussières dans l’air, ainsi que de 20 à 30 millions de litres d’eau contaminée dans les eaux de surface ou souterraines chaque jour. Le projet nécessiterait la construction d’un immense parc à résidus miniers et d’un immense réservoir d’eau de polissage (250 millions de litres, avec une capacité totale de 1,8 milliard de litres), le tout situé en hauteur (50 à 150 mètres) par rapport aux zones habitées, à la baie de Sept-Îles et aux infrastructures publiques (dont la route régionale 138). Le projet génèrerait quelque 300 emplois directs pendant 28 ans. Aucune étude de viabilité économique avec les risques financiers n’est disponible à ce jour.

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