Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Logement

Construisons des logements sociaux !

La Commission Charbonneau dévoile des secrets plus ou moins cachés de l’industrie de la construction au Québec. Quand tu cherches un logement, tu n’as pas le temps de faire le lien entre la construction de maisons, l’industrie de la construction, la mafia et ta situation perso. Mais pourquoi la question des logements sociaux n’est pas soulever à la Commission Charbonneau ? C’est aussi scandaleux de ne pas pouvoir se loger que d’entendre les ingénieurs dévoiler leurs primes de 3 % donnée par la mafia.
Cette industrie capitaliste construit non pas pour la population mais pour faire des profits exorbitants sur le dos des gens et sur le dos de ses travailleurs. Personne n’a pas le choix, il faut bien se loger quelque part.

La construction : une industrie florissante

Qu’en est-il de cette industrie ? L’industrie de la construction est-elle une industrie comme les autres ? En fait, son importance surprend et surtout sa vigueur économique. Cela peut bien attirer les vautours du capital.

« L’industrie de la construction est un secteur d’activité important au Québec. Ce constat est vrai tant d’un point de vue économique que de celui des emplois qu’elle génère. En effet, on parle d’investissements de 51 milliards $ en 2012, soit 14 % du PIB. Ce sont aussi 244 300 emplois directs générés en moyenne par mois, soit 1 emploi sur 20 au Québec, de même que des milliers d’emplois dans les autres secteurs. [1]
« Entre autres résultats, nous observons que l’industrie de la construction a connu un essor considérable depuis le début des années 2000. Au cours de cette période, la part relative de l’industrie de la construction dans l’économie du Québec a augmenté de manière importante alors qu’en moyenne, les autres industries productrices de biens ont vu leur importance relative dans l’économie diminuer. L’augmentation de l’activité dans l’industrie de la construction s’explique en bonne partie par l’important programme d’investissement en infrastructures publiques des gouvernements provincial et fédéral.

« Cette étude montre par ailleurs que la performance économique de l’industrie de la construction au Québec surpasse celles de l’industrie de la construction de l’Ontario et du Canada dans son ensemble. Non seulement la productivité du travail est plus élevée au Québec, mais elle a également progressé à un rythme
plus rapide depuis le début des années 2000. »
 [2]
L’industrie de la construction c’est aussi les gens y travaillent. Et ils y travaillent dur. A preuve le taux d’accidents du travail.

« Chaque jour, 19 travailleurs se blessent sur les chantiers de construction. En 2010 seulement, 16 travailleurs de la construction ont perdu la vie.
….
• Chaque jour, 2 travailleurs de la construction se blessent en tombant.
• Chaque semaine, 1 travailleur est électrocuté, électrisé, brûlé ou apprend qu’il a une maladie pulmonaire causée par son emploi.
• Chaque année, 10 travailleurs sont coincés dans une tranchée ou écrasés sous un échafaudage »
 [3]

Poursuivons notre recherche pour mieux comprendre la situation ?
« En 2010, l’industrie de la construction a généré approximativement 242 000 emplois directs au Québec, soit approximativement 8 % du total des emplois générés par le secteur des entreprises. En comparaison, le secteur manufacturier a généré près de 451 000 emplois, soit un peu moins de 15 % du total des emplois, alors que les industries primaire ont généré près de 76 000 emplois, soit approximativement 2,5 % du total des emplois. Dans l’ensemble, les industries du secteur de la production de biens regroupent un peu plus du quart des emplois du secteur des entreprises au Québec (26,14 %). »
 [4]

« Entre 2000 et 2010, la contribution de l’industrie de la construction s’est élevée à 2,72 % sur une croissance globale de 8,01 %. Ainsi, à elle seule, l’industrie de la construction a été responsable d’environ 34 % de la croissance de la productivité du travail au Québec entre 2000 et 2010. Seule l’industrie de la finance est parvenue à faire mieux avec une contribution totale de 2,92 % (soit approximativement 36 % de la croissance globale). L’industrie de la construction a donc été l’un des principaux moteurs de la croissance de la productivité du travail au Québec entre 2000 et 2010. Le tableau 2 montre par ailleurs que l’industrie de la construction est la seule industrie du secteur de la production de biens ayant contribué de manière importante à la croissance globale de la productivité. À titre de comparaison, les industries de fabrication (secteur manufacturier) ont eu une contribution négative à la croissance globale de la productivité du travail au Québec au cours de la même période (-6,59 %). » [5]

« Entre 2000 et 2010, la rémunération horaire moyenne dans l’industrie de la construction a progressé de 26,69 % au Québec alors que ces hausses ont été de 28,27 % en Ontario et de 40,45 % en moyenne au Canada. Par ailleurs, on a vu que le Québec était la seule région où la productivité du travail s’était accrue de manière importante dans l’industrie de la construction. »
 [6]

Ces statistiques nous montrent que la productivité a augmenté mais que les salaires n’ont pas suivi par rapport aux autres provinces canadiennes. Peut-on parler d’exploitation et même de surexploitation ?

Une industrie qui construit pour le profit ?

L’industrie construit pour vendre et faire de l’argent. Ce qui se vend actuellement ce sont les maisons unifamiliales et les condos. Les logements locatifs, malgré la pénurie n’attirent pas les entrepreneurs.

« Entre 2010 et 2012, le nombre de logements en construction au Québec, dans les centres de 10 000 habitants et plus, est toutefois passé de 24 700 unités à 30 400 unités. Pas besoin de chercher l’explication bien loin : l’augmentation correspond à ce qui a été observé dans le condominium, avec un passage de 9 200 unités en construction en 2010 à 15 400 unités en 2012 dans les six principaux marchés.
….
Si l’on se fie aux statistiques de taux d’inoccupation, le marché locatif au Québec demeure en pénurie, sauf à Trois-Rivières et à Gatineau. Malgré ce fait, qui perdure depuis une décennie dans certains cas, le marché ne semble toujours pas disposé à rétablir la situation. »
 [7]

Les besoins sont là mais les entrepreneurs construisent autre chose de plus payant, de profitables.

L’état des logements demeurent aussi douteux. Il y a là perspectives de travail.
« Le recensement de 2006 révèle qu’au Québec, 112 755 logements locatifs ont besoin de réparations majeures et 328 365 de réparations mineures. Lors du recensement de 2001, ces chiffres étaient respectivement de 95 875 et de 280 180. En termes de pourcentages, ce sont 8,9 % des appartements qui ont maintenant besoin de réparations majeures et 25,9 % de réparations mineures.
La situation est encore pire dans certaines villes ou quartiers. À Montréal par exemple, le pourcentage de logements nécessitant des réparations majeures est de 10,6 % et il atteint 14,6 % dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, 14,1 % dans Côte-des-Neiges, 13,7 % dans Notre-Dame-de-Grâce, 13,6 % dans Saint-Henri et Lachine, 13,3 % sur le Plateau Mont-Royal. À Salaberry-de-Valleyfield, il est de 11,8 %. À Québec, où il est de 7,5 % pour l’ensemble de la ville, il monte à 10,9 % dans le quartier Saint-Sauveur. » [8]

Le logement décent est un droit

Lorsque la commission itinérante sur le logement social initié par le FRAPRU a produit son rapport à l’automne 2012, des situations intolérables ont été dénoncées. Des situations aussi intolérables que les pots de vin de la mafia. Les entrepreneurs qui construisent pour le profit, les propriétaires qui négligent pour le profit, les sociétés qui haussent abusivement le prix des logements, les Autochtones sans logement décent tout cela a été mis sur la place publique. Pour une fois, il y eu dénonciations.

Mais surtout ce qui a été affirmé c’est le droit au logement décent comme droit essentiel. Des pactes internationaux affirment ce besoin et le situe au même niveau que la nourriture ou la santé. Et ce, d’autant plus qu’au Québec on connaît des climats rigoureux.

La possibilité de se loger est aussi essentielle à garantir pour éviter toutes discriminations de races, de religions et éviter de creuser les inégalités sociales et économiques.

« Les locataires, des Québécois plus que des Canadiens. Le pourcentage de propriétaires est de 69 % au Canada, contre 61 % au Québec. » [9]

L’accès à des logis doit pouvoir tenir compte des moyens financiers des gens surtout à faible revenus. Se loger fait partie d’un élément d’une politique de répartition de la richesse. Si les gens paient plus de 30 % en location de lieux, ce sont les besoins essentiels comme la nourriture, les vêtements, les médicaments qui seront négligés.

« Les statistiques ne trompent pas : ce sont les personnes et les familles qui possèdent les plus faibles revenus qui courent davantage de risques de consacrer un pourcentage trop élevé de leur revenu en loyer.
Lors du recensement de 2006, les ménages locataires qui devaient payer 30 % et plus de leur revenu en coûts de logement avaient un revenu médian de 14 778 $, ce qui est beaucoup plus bas que celui de l’ensemble des ménages locataires qui était au même moment de 29 416 $.
Lorsque c’est 50 % ou plus de leur revenu qui passait en loyer, le revenu médian des locataires était de 9 498 $.
Ce revenu baissait à 5 828 $ parmi les ménages consacrant plus de 80 % de leur revenu en loyer. »
 [10]

Exigeons des logements sociaux

La situation au Québec est difficile. Il y crise du logement.
Le secteur privé est incapable de combler le vide de logements, il faudrait construire le double des logements sociaux et il faudrait le faire d’ici 5 ans.
Une véritable politique du logement doit être rapidement adoptée pour assurer un réel droit au logement et pour encadrer les pratiques du marché locatif.
La discrimination est aussi présente. Il faudrait viser à l’enrayer.
La pauvreté est un obstacle majeur pour louer des logements décents. À cause de cela, il faut développer des mesures de protection sociale, un revenu minimum garanti et une augmentation du salaire minimum.

Le droit au logement fait aussi partie d’une politique de lutte contre la pauvreté et pour le partage de la richesse.

En attendant, il faudra continuer à consulter les petites annonces pour louer un logement et regarder les témoignages à la Commission Charbonneau.

Bonne recherche.

Chloé Matte Gagné

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