Édition du 30 avril 2024

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États-Unis

États-Unis - Hausse des dividendes des grandes banques : Les actionnaires à la fête

La banque centrale des États-Unis, la Réserve fédérale dite Fed, a donné l’autorisation à plusieurs banques américaines de verser à nouveau des dividendes à leurs actionnaires, et même de les augmenter.

Elle lève ainsi une restriction qui avait été imposée lors des plans dits de « sauvetage des banques » mis en place par l’État fédéral américain après le krach d’octobre 2008.

À l’origine de cette bonne nouvelle... pour les actionnaires s’entend, il y a le fait que l’ensemble des fonds propres des grandes banques a progressé de plus de 300 milliards de dollars en deux ans, a expliqué la Fed. C’est la preuve que ces banques, renflouées par l’État, ont été remises à flot.

Une preuve en est le parcours de Citigroup, banque new-yorkaise qui s’était trouvée au bord de la faillite au lendemain de la crise financière, avant l’injection de 45 milliards de dollars par le gouvernement américain. En février 2009, Citigroup avait suspendu la rémunération de ses actionnaires. Mais après presque deux ans, un dividende d’un cent par action - pour commencer - sera de nouveau versé au deuxième trimestre 2011.

Les autres grandes banques ont aussitôt réagi à la décision de la Fed. JP Morgan Chase, deuxième plus gros établissement financier du pays, a carrément multiplié par cinq son dividende trimestriel, qui passe de 5 à 25 cents par action. Wells Fargo, la quatrième banque du pays, augmente le sien de 5 à 12 cents, soit une hausse de 140 %. Le titre de la banque BB&T est passée de 15 à 16 cents et US Bancorp a annoncé une hausse de 150 %, avec un dividende trimestriel qui atteint 12,5 cents par action.

Ces banques annoncent toutes qu’elles vont en même temps procéder à des rachats de leurs propres actions. JP Morgan rachètera une partie de ses actions pour 8 milliards de dollars cette année. Wells Fargo rachètera prochainement 200 millions d’actions, etc.

Les rachats d’actions sont une pratique de plus en plus répandue dans les grands groupes capitalistes. Il s’agit en fait d’un moyen supplémentaire pour reverser de façon exceptionnelle une partie de la plus-value aux actionnaires. Qui plus est, les liquidités ainsi versées sont généralement soumises à des taux d’imposition moindres que les dividendes eux-mêmes. Et enfin ces rachats ont pour conséquence de faire monter le cours des actions en Bourse pendant quelques mois. À peine annoncée, par exemple, l’annonce de rachat des actions de Wells Fargo a fait grimper le titre de plus de 2 % à la Bourse de New-York.

Au bout du compte donc, grâce à l’augmentation des dividendes et aux rachats d’actions, les banques américaines peuvent désormais viser un taux de rémunération de leurs actionnaires de 30 %, un taux « normalisé », disent les spécialistes.

Plutôt que d’un « plan de sauvetage des banques », après le krach boursier de 2008, il s’est agi d’un plan de sauvetage des banquiers et des actionnaires.

Pierre Merlet

Lutte Ouvrière

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