Édition du 30 avril 2024

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États-Unis

Etats-Unis : Les expulsions de migrants d'Amérique centrale s'intensifient, les associations demandent un statut spécial de réfugiés

Des centaines d’immigrés d’Amérique centrale et leurs sympathisants se sont réunis en face de la Maison Blanche, dimanche 20 décembre, pour protester contre la hausse significative du planning des expulsions, dès le 2 janvier.

Tiré du site de Global Voices. Traduit par Emmanuel Galera.

Un article récent du Washington Post a révélé que le Département de la Sécurité Intérieure américain prévoit de lancer des raids ciblés dès la nouvelle année.

La campagne nationale, qui va être menée par les agents de l’Immigration et des Douanes dès le début janvier, serait la première mesure de cette envergure destinée à déporter des familles ayant fui la violence en Amérique centrale, disent des sources proches de ce plan”.

L’article établit que le plan se focalisera sur des adultes et des enfants ayant déjà reçu un ordre de rapatriement par un juge de l’immigration, toute en admettant que par défaut d’organisation, la plupart des personnes concernées n’avaient pas eu connaissance de ces ordres de rapatriement.

Un leader a émergé de cette lutte contre les reconduites à la frontière : c’est Gustavo Torres, directeur exécutif du CASA du Maryland, une organisation qui aide les réfugiés d’Amérique centrale depuis 1985. A la tribune durant la manifestation, Gustavo Torres a déclaré :

« Nous voulons dire au Département de la Sécurité et au Président Obama que s’ils poursuivent l’application de ce plan, ces familles, ces enfants vont être assassinés dans leurs pays d’origine. »

Torres insiste pour que ces migrants puissent être qualifiés de réfugiés car le Guatemala, le Salvador et le Honduras, les trois pays concernés par ces expulsions, connaissent actuellement les pires niveaux de violence de ces trente dernières années.

« Nous voulons donner à ces réfugiés un STP (statut temporaire de protection) et arrêter les expulsions. C’est pour ça que nous sommes ici. »

Le CASA de Maryland et d’autres organisations sympathisantes ont élaboré une proposition qui comprend la création d’un réseau national d’avocats, de travailleurs sociaux, d’associations et de volontaires pour assurer la protection des réfugiés.

« Je suis venu pour fuir la violence & la pauvreté dans mon pays. Je suis venu pour un nouvel espoir dans ma vie. » -Josue

Ils ont aussi réalisé une campagne éducative pour informer la communauté de ses droits dans l’hypothèse où les autorités de l’immigration viendraient les chercher chez eux. Au cours de ce week-end, Torres est apparu sur une chaîne de télé en langue espagnole et sur la page Facebook du CASA, donnant des conseils aux familles menacées.

« Souvenez-vous, peu importe s’ils ont des documents. Vous avez des droits dans ce pays. Pour commencer, si l’Immigration vient chez vous, à votre porte, s’il vous plaît : n’ouvrez pas. Demandez-leur de glisser les papiers sous la porte, même l’arrêté d’expulsion… S’ils vous demandent de quel pays vous venez ou quel est votre nom, dites-leur que vous ne voulez pas donner cette information, mais que vous voulez un avocat. »

L’Amérique centrale connait des niveaux de violence extrême. Les jeunes gens sont la cible des gangs comme la Mara Salvatrucha, ou MS-13, et Barrio 18, initialement connu sous le nom de 18th Street Gang, du nom de la rue de Los Angeles où il a été fondé. De fait, les deux gangs, ou “pandillas” comme on les appelle au Salvador, doivent leur existence à la politique de reconduite expéditive de l’administration Clinton dans les années 90, mise en oeuvre à l’heure où le pays émergeait d’une guerre civile, avec des forces de police totalement dissoutes. Les gangs, qui se sont formés dans les rues de Los Angeles, avaient encore des attaches dans leurs lieux de naissance. Expulsés, et protégés de l’éventualité d’une extradition, ils ont été rejoints par d’autres criminels partis se cacher en Amérique centrale. D’après un article New York Times de cette époque :

La situation est peut-être particulièrement critique ici, mais le Salvador n’est certainement pas le seul pays à s’alarmer de la politique de Washington sur les reconduites. A travers toute l’Amérique centrale et les Caraïbes, du Guatemala jusqu’au Guyana, des officiels du gouvernement ont exprimé leur colère et leur frustration à propos de cette crise, qu’ils considèrent se voir imposée par les Etats-Unis et qui est au-delà de leurs capacités de contrôle.

Sur les presque 70 000 enfants appréhendés durant leur tentative de traverser la frontière Mexique-Etats-Unis en 2014, 73% venaient du Guatemala, du Salvador et du Honduras. Malgré une récente législation américaine comme le DREAM Act (dont l’acronyme signifie Development, Relief and Education for Alien Minors – Développer, Secourir et Eduquer les Mineurs Etrangers), comme le DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals – Mesure Différée pour l’Arrivée des Enfants) et le DAPA (Deferred Action for Parents of Americans – Mesure Différée pour les Parents d’Américains), les Centraméricains sont considérés des cibles prioritaires des opérations d’expulsion selon les directives du Départment de la Sécurité Intérieure américain, qui cible les nouveaux arrivants et ceux qui n’ont pas de liens familiaux aux Etats-Unis.

Danica Jorden

Auteure pour le site Global Voices.

https://fr.globalvoices.org/

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