Édition du 23 avril 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Haïti : Le Tribunal Populaire, une nécessité historique

Le REHMONCO salue l’initiative des organisations progressistes et des mouvements sociaux haïtiens de mettre sur pied le TRIBUNAL POPUL AIRE CONTRE LA DOMINATION ET L’OCCUPATION, à l’occasion du 101ème anniversaire du débarquement des militaires étasuniens en Haïti.

L’idée de juger symboliquement la mainmise de l’impérialisme des États-Unis sur Haïti constitue un tournant capital dans la lutte du peuple pour retrouver sa souveraineté.

Ce tribunal permet, d’une part, de mettre à nu les crimes et les exactions commis pendant plus de 101 ans d’occupation et de domination ; d’autre part, il constitue un lieu de réflexion et de discussion pouvant amener non seulement les classes exploitées mais aussi les étudiants à une plus grande conscience des verrous de la domination et de l’exploitation.

Cet aspect pédagogique du tribunal est essentiel dans la mesure où il peut jouer un rôle important dans la mobilisation des classes populaires en vue d’une véritable transformation de la société haïtienne.

Rappelons que la « pratique » du tribunal populaire n’est pas nouvelle. Celui qui, sans doute, est le plus connu est le Tribunal Bertrand Russel institué en 1966 et présidé par Jean-Paul Sartre. Son objectif : juger les crimes de guerres commis par l’impérialisme américain au Vietnam.

Depuis, d’autre tribunaux populaires ont vu le jour. Soulignons celui sur la Palestine pour juger les crimes de l’occupation sioniste, celui sur l’exploitation sexuelle, etc.

Dans sa forme actuelle, le tribunal populaire est avant tout une arme idéologique consistant à dénoncer et à condamner les crimes perpétrés par un système de domination. Ce système est bien entendu hors de la portée de toute juridiction officielle, laquelle constitue même l’une de ses composantes (Exemple : le Tribunal Pénal International).

Le tribunal populaire est donc une réponse légitime des peuples dans un monde sans justice, où l’acte de juger n’est qu’un instrument au service de ceux qui détiennent le pouvoir et la richesse.

Chez nous, comme dans beaucoup d’autres pays du Sud, ce tribunal populaire incarne à la fois une mémoire historique et une exigence de justice.

Une mémoire : dans la mesure où il nous rappelle et nous éduque sur la signification de la première occupation américaine de notre pays, une occupation dont l’objectif était de réduire notre économie et nos institutions dans un état de domination et de dépendance totale vis-à-vis de la république étoilée.

Conformément aux intérêts de Wall Street, les militaires américains dirigeaient directement le pays après avoir massacré plusieurs milliers de paysans. Pour assurer sa totale dépendance, l’économie nationale est inféodée à l’économie étasunienne. Au départ des marines, la domination se poursuit par l’armée fraichement constituée.

Mémoire également du milieu de notre XXe siècle ensanglanté, où l’impérialisme allié aux classes dominantes ont massacré, exproprié, réduit en un quasi esclavage notre classe paysanne.

Mémoire aussi du soutien systématique de l’impérialisme au régime sanguinaire des Duvalier, régime responsable du massacre de plus de cinquante mille compatriotes, particulièrement des paysans et des travailleurs.

Mémoire récente, déchirante, de la destruction de notre agriculture, de l’imposition des programmes d’ajustement structurel, du coup d’État de 1991, de la liquidation des industries nationales, du massacre des paysans de Jean-Rabel, de l’imposition du régime mafieux de Martelly, du carnage impuni et continu du choléra, etc.

Cette mémoire nous aide à comprendre pourquoi le pays se trouve dans l’état actuel.

Pourquoi depuis 1986, à la chute du régime de Duvalier qui maintenait la « stabilité politique », l’impérialisme joue pieds et mains pour prendre le contrôle et la destinée du pays ?

Face à tous ces crimes, à qui demander justice et réparation ?

C’est bien l’objectif fondamental de ce tribunal populaire : paysans, paysannes, ouvriers, ouvrières, travailleurs, travailleuses et patriotes d’Haïti ont le droit de demander justice et réparations pour tous les crimes infligés par l’impérialisme et l’oligarchie.

Le REHMONCO salue fraternellement et patriotiquement les organisations progressistes et les militants et militantes qui ont pris l’initiative de ce tribunal et les encourage à renforcer la mobilisation populaire pour le procès en bonne et due forme de l’impérialisme américain en Haïti.

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