Édition du 30 avril 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Haïti, en mémoire du 12 janvier 2010

Six ans depuis que le pays a été meurtri par le séisme du 12 janvier. Six ans depuis que nous portons la douleur de la brutale disparition des milliers de nos compatriotes des deux sexes. Six ans depuis que nous ne savons toujours pas le nombre exact de nos morts, ni tous leurs noms. Six ans depuis que des familles peinent à faire leur deuil, parce qu’elles ignorent ce qu’il est advenu des personnes qui n’ont pas été revues depuis ce jour tragique.

Nous pensons particulièrement à toutes les femmes emportées, à leurs familles et à leurs proches. Nous avons une pensée spéciale pour nos soeurs de combat disparues, notamment Anne-Marie Coriolan, Magalie Marcelin et Myriam Merlet. Des féministes qu’il aurait été si bon d’avoir à nos côtés en ces moments encore difficiles que traverse notre pays. Comme elles auraient tempêté en voyant un parlement mal élu et exclusivement masculin.

La commémoration du 12 janvier est pour nous, féministes haïtiennes, une occasion de :

 Témoigner de notre sollicitude pour toutes les familles dont les vies ont été chambardées, qui se sont retrouvées dans la précarité ou une plus grande vulnérabilité ;

 Redire la nécessité de garder vivace la mémoire du 12 janvier, pour honorer nos morts et avoir des consciences éveillées ;

 Rappeler que l’hécatombe du 12 janvier n’a pas seulement été le résultat d’un cataclysme naturel, mais aussi la conséquence des inconséquences en matière d’urbanisme, de types de construction, d’environnement ;

 Souligner que les mesures essentielles n’ont pas été prises pour faire face adéquatement à une nouvelle catastrophe. Nous songeons surtout aux enfants, à qui l’on n’a pas appris comment réagir en cas de séisme ; aux populations des bidonvilles, prisonnières de la vulnérabilité extrême de leur milieu de résidence ; aux familles vivant dans des habitations rafistolées ou construites sans normes ;

 Exprimer, encore une fois, notre indignation pour le traitement réservé aux centaines de familles déplacées, encore forcées de vivre dans des conditions dégradantes, à l’abri des regards ;

 Demander des comptes, à la communauté internationale et aux responsables étatiques, sur la reconstruction ;

 Rendre hommage au travail de toutes celles et tous ceux qui continuent d’exiger que les autorités étatiques considèrent comme une priorité la question sismique, au nom du devoir de protection envers les populations ; Celles et ceux qui se mobilisent pour le respect du droit au logement ; Celles et ceux qui contribuent à l’éducation en matière de risques et de désastres ; Celles et ceux qui s’adonnent au devoir de mémoire ; et

 Saluer la résistance multiforme du peuple haïtien qui, malgré son dénuement, continue de se battre pour que vive la vie.

Port-au-Prince, le 12 janvier 2016

Danièle Magloire
Kay Fanm
Marie-Frantz Joachim

Solidarité des femmes haïtiennes

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