Édition du 14 mai 2024

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Asie/Proche-Orient

Israël veut approuver un projet de loi sur la peine de mort réservé aux Palestiniens

Les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes sont entrés dans leur troisième semaine de désobéissance pour protester contre les mesures brutales imposées par le ministre d’extrême droite israélien de la police , Itamar Ben-Gvir.

Tiré de France Palestine Solidarité. Photo : Rassemblement hebdomadaire en soutien aux prisonniers palestiniens à Gaza (Flickr)

Le ministre "nous combat avec notre pain et notre eau", ont déclaré les dirigeants des prisonniers, faisant référence à des punitions qui vont jusqu’à contrôler leurs douches.

M. Ben-Gvir a annoncé une série de mesures punitives alors que les députés israéliens ont approuvé la semaine dernière un projet de loi qui autoriserait l’exécution des Palestiniens qui tuent des Israéliens.

Le projet de loi soutenu par le gouvernement a passé sa lecture préliminaire à la Knesset en même temps qu’une autre mesure similaire, selon The Times of Israel. On s’attend à ce que les deux soient fusionnées en un seul texte législatif.

S’il est adopté, il permettra aux tribunaux de condamner à mort les Palestiniens qui ont tué des Israéliens pour des "motivations nationalistes".

"Toutefois, elle ne s’appliquerait pas à un Israélien ayant tué un Palestinien", selon The Times of Israel, soulignant ainsi le caractère ouvertement raciste et d’apartheid de la domination israélienne sur le peuple palestinien.

La législation sur la peine de mort était l’une des principales promesses de campagne de M. Ben-Gvir.

Pour défendre le projet de loi, les députés israéliens ont déploré que les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes puissent être libérés dans le cadre d’échanges de prisonniers ou bénéficier de conditions "agréables" dans les prisons.

Certains ont même affirmé que l’imposition de la peine de mort pourrait dissuader de commettre des attentats contre des Israéliens à l’avenir.La semaine dernière, lors d’une conférence de presse à Berlin, la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a exprimé une désapprobation inhabituelle à l’égard de son homologue israélien.

"Nous sommes fermement opposés à la peine de mort et nous soulevons cette question dans le monde entier", a déclaré Mme Baerbock. "Partout dans le monde, les États sont en train d’abandonner cette pratique cruelle, en partie parce qu’il a été prouvé qu’elle n’est pas efficace moyen comme de dissuasion", a déclaré Mme Baerbock.

Toutefois, Mme Baerbock semble autant préoccupée par l’image d’Israël que par un quelconque point de principe.

Elle a fait remarquer que la seule fois où les tribunaux civils israéliens ont prononcé la peine de mort, c’était contre Adolf Eichmann, le criminel de guerre nazi enlevé en Argentine par le Mossad, jugé à Jérusalem et pendu en 1962.

M. Baerbock a déclaré que cela avait "toujours été un argument considérable pour ceux d’entre nous qui ont défendu Israël sur la scène internationale contre des critiques injustes" et que, "ce serait une grave erreur de rompre avec cette histoire" par l’adoption de la peine de mort.

Ce que tout le monde sait mais dont personne ne parle, c’est que dans le cadre d’attaques présumées, les effectifs israéliens - encouragé par les plus hauts dirigeants du pays - exécutent régulièrement et de manière extrajudiciaire des Palestiniens qui ne représentent aucune menace.

Le chef de l’organe de l’Autorité palestinienne chargé des affaires des prisonniers a déclaré qu’il n’était "pas nécessaire d’adopter de telles lois, puisque les autorités israéliennes pratiquent chaque jour des exécutions sur le terrain à l’encontre des Palestiniens".

Pillage de maisons

Pendant ce temps, le gouvernement israélien le plus ostensiblement d’extrême droite qu’il n’y ait jamais eu, s’emploie à rendre la vie des prisonniers palestiniens encore plus misérable qu’elle ne l’est déjà.

Le mois dernier, des soldats de l’occupation ont fait irruption dans des dizaines de maisons familiales d’anciens et d’actuels détenus palestiniens de Jérusalem-Est et les ont saccagées, leur dérobant de l’argent et de l’or.

Le 10 février, le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a pris un arrêté imposant des sanctions à une liste spécifique d’anciens et d’actuels détenus. Ces sanctions comprennent des amendes et le gel de leurs comptes bancaires.

Le prétexte invoqué par Israël est que les détenus ou leurs familles ont reçu de l’Autorité palestinienne des fonds destinés au bien-être des prisonniers.

L’armée israélienne a effectué un raid similaire dans le quartier de Silwan, à Jérusalem-Est occupée, à la fin du mois de février.

Selon le Centre palestinien pour les droits de l’homme, les cambrioleurs ont endommagé des biens et volé de grandes quantités d’argent et d’or.

Le groupe de défense des droits de l’homme a noté qu’"aucun gouvernement israélien n’avait jamais agi de la sorte auparavant".

Les forces israéliennes ont également infligé des amendes et gelé les comptes bancaires de certains anciens et actuels détenus et de leurs familles. Les amendes israéliennes ont dépassé 700 000 dollars au total.

"Briser les membres de la famille"

Muhammad, un ancien prisonnier palestinien, a déclaré à The Electronic Intifada que les forces d’occupation israéliennes avaient perquisitionné le domicile de sa famille dans la vieille ville de Jérusalem à la mi-février.

L’homme, dont le nom réel n’est pas divulgué par The Electronic Intifada, a affirmé que les agents des services de renseignement israéliens cherchaient avant tout de l’argent et de l’or dans la maison, et non un contenu politique.

"Ils ont retiré les prises électriques des murs, ils ont enlevé le carrelage et ils ont cassé beaucoup d’autres choses dans la maison", a déclaré M. Muhammad."

Il était clair que l’objectif était de briser les membres de la famille, et pas seulement Muhammad", a déclaré l’ancien détenu.

Muhammad, âgé d’une vingtaine d’années, a passé huit ans dans les prisons israéliennes avant d’être libéré l’année dernière.

Son père s’est précipité à la banque le jour où le nom de son fils est apparu sur la liste. Il voulait consulter son relevé et retirer de l’argent lorsqu’il a appris que son compte avait été gelé par le gouvernement israélien.

Israël a gelé près de 30 000 dollars de l’argent de son père, bien que celui-ci ait déclaré avoir la preuve que cet argent provenait de ses revenus professionnels. La banque a insisté sur le fait que la décision venait du gouvernement.

Son père ne pourra utiliser le compte bancaire qu’avec des restrictions spécifiques.
Muhammad a déclaré à The Electronic Intifada que ses voitures et celles de son père ont été confisquées, bien que la dernière ait été achetée des années avant l’arrestation de Muhammad et qu’il soit donc impossible qu’elle ait été achetée avec les fonds de l’AP qu’Israël prétend qu’il a reçus.

Le prétexte invoqué par Israël pour saisir les biens est en partie son objection aux versements que les familles des prisonniers palestiniens reçoivent parfois de l’Autorité palestinienne.

Ces pénalités "aggravent les conditions de vie des familles et punissent le détenu et sa famille deux fois : une fois par l’arrestation et l’autre par la saisie de leur argent", a déclaré le PCHR.

Ce que fait le gouvernement israélien "est une forme de punition collective arbitraire et illégale".

Punitions

Ces propos interviennent alors que M. Ben-Gvir a demandé que les prisonniers palestiniens soient encore plus sévèrement punis.

Il a demandé aux autorités pénitentiaires israéliennes de limiter le temps pendant lequel certains prisonniers palestiniens sont autorisés à utiliser les douches.

Les prisonniers politiques palestiniens - appelés prisonniers de sécurité - ne seront autorisés à prendre des douches que pendant quatre minutes à tour de rôle, et l’eau courante ne sera disponible que pendant une heure chaque jour.

Dans le cadre des mesures punitives prises par les autorités pénitentiaires israéliennes à l’encontre des détenus palestiniens, celles-ci leur servent du pain rassis et congelé, effectuent des descentes et des fouilles fréquentes dans les cellules et recourent de plus en plus à l’isolement cellulaire.

Traduction : AFPS

Tamara Nassar

Journaliste pour The Electronic Intifada.

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