Édition du 30 avril 2024

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Afrique

L’Agoa, “pierre angulaire” des relations États-Unis-Afrique

Les accords de libre-échange entre les États-Unis et les pays d’Afrique subsaharienne ont été discutés début novembre en Afrique du Sud, alors que les 35 pays africains éligibles ont plaidé activement pour leur prolongation.

Tiré de Courrier international.

Du 2 au 4 novembre s’est ouvert à Johannesburg le 20e Sommet de l’Agoa, centré sur les échanges économiques et commerciaux du continent avec les États-Unis. L’Agoa, pour “African Growth and Opportunity Act”, ou “loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique”, a été votée par le Congrès américain en 2000 et réautorisée pour la dernière fois en 2015. Il s’agit d’un accord commercial qui offre un accès en franchise de droits au marché américain pour certains produits en provenance des 35 pays africains membres de l’accord, détaille The East African.

Ces pays africains, indique encore le site kényan, trouvent dans ces accords un moyen de soutenir la compétitivité de leurs produits dans leurs exportations vers les États-Unis. Le Kenya, par exemple, a ainsi pu créer des emplois, notamment dans son industrie textile. Or, note également The East African, le sommet s’est conclu sur un réel “soulagement”, le président américain Joe Biden ayant indiqué soutenir la prolongation de l’Agoa, alors que l’accord doit expirer en septembre 2025. Le président américain s’est ainsi engagé à plaider cette prolongation “au-delà de 2025” auprès du Congrès.

Une prolongation soutenue également par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui voit dans ces accords la “pierre angulaire” des relations commerciales entre les États-Unis et l’Afrique depuis plus de deux décennies, indique The East African dans un autre article. Un plaidoyer d’autant plus vif que, rappelle The New York Times, l’Afrique du Sud est le plus grand bénéficiaire de l’accord commercial, avec 3 milliards de dollars d’exportations pour 2022.

Mais, plus largement, “les pays africains font pression pour une prolongation anticipée de dix ans sans changements afin de rassurer les entreprises et les investisseurs qui pourraient avoir des inquiétudes quant à l’avenir de l’Agoa”, analyse encore le site kényan.

Des conditions politiques

Cependant, la question n’est pas qu’économique. En effet, l’accord commercial et douanier est conditionné, notamment, à une bonne gouvernance politique des États africains et au respect des droits humains.

Selon l’article 104 de la loi, précise le Mail & Guardian, les pays ne peuvent bénéficier de l’Agoa que s’ils ont établi ou font des progrès continus vers l’établissement de “l’État de droit, le pluralisme politique et le droit à une procédure régulière, à un procès équitable et à une protection égale devant la loi”. A contrario, ils ne peuvent pas “se livrer à des violations flagrantes des droits de l’homme internationalement reconnus ni soutenir des actes de terrorisme international”.

Or quelques jours avant ce sommet sud-africain, indique encore The East African, Joe Biden a déclaré qu’il envisageait d’exclure l’Ouganda, le Gabon, la République centrafricaine et le Niger de l’accord préférentiel. Selon le président américain, ces quatre pays ne remplissent pas les conditions d’éligibilité établies par cet article 104.

Kampala est ainsi accusée d’avoir adopté une législation homophobe. Les autres pays visés par l’exclusion viennent de connaître des coups d’État, militaires pour le Gabon et le Niger et institutionnel pour la Centrafrique avec une prolongation constitutionnelle du nombre de mandats présidentiels. En décembre dernier, le Burkina Faso avait été retiré de la liste des bénéficiaires à la suite de deux coups d’État militaires en 2022.

Même l’Afrique du Sud a pu avoir une “sérieuse inquiétude” quant à son éligibilité, révèle le Mail & Guardian. En effet, cet article 104 de l’accord énonce également que les pays éligibles ne doivent “pas s’engager dans des activités qui portent atteinte à la sécurité nationale ou aux intérêts de politique étrangère des États-Unis”.

Or la position du pays vis-à-vis de la guerre en Ukraine, jugée tiède ou prorusse, tout comme les accusations américaines portant sur une prétendue livraison d’armes à la Russie ont incité certains élus américains à remettre en question l’éligibilité du pays. Récemment, c’est sa position concernant le siège de Gaza par Israël qui a suscité les mêmes interrogations américaines, note encore le média sud-africain.

Un contexte de rivalités

Mais d’autres questions, géopolitiques celles-là, président à cet accord. En effet, les États-Unis ont également conscience, rappelle le New York Times, que la Russie et la Chine se déploient en Afrique. L’exercice et l’équilibre sont donc délicats pour les États-Unis qui cherchent “à approfondir leurs relations avec les pays africains et à contrer l’influence de rivaux comme la Russie et la Chine”.

Dès lors, les États-Unis “sont confrontés à une question délicate : comment réagir lorsque des pays font des choses qui vont à l’encontre de l’engagement déclaré de Washington en faveur de la démocratie et des droits de l’homme ?” analyse le quotidien américain. Dans un contexte de rivalité accrue en Afrique, cette tension entre la promotion des droits de l’homme et le maintien de l’influence à l’étranger “n’est pas nouvelle” pour les États-Unis. Mais toujours plus compliquée à tenir alors qu’en Afrique la Russie et la Chine “promettent une aide et une sécurité sans conditions”.

Mais, note le New York Times, la promotion de la démocratie constitue également un “argument de vente essentiel” auprès d’une opinion publique américaine devenue “de plus en plus isolationniste ces dernières années”.

Courrier international

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