Édition du 30 avril 2024

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France

L'Oréal, une entreprise qui aime la politique

Au cœur de l’affaire Woerth-Bettencourt se trouve l’héritière de l’Oréal, Liliane Bettencourt, 15ème fortune mondiale. Certes, la polémique s’intéresse essentiellement aux acteurs de l’affaire. Mais, quant est-il de l’entreprise l’Oréal ?

Avec les affaires en cours et une actualité forte concernant l’héritière de l’Oréal, voici l’occasion de faire le point sur la multinationale qui a réalisé un chiffre d’affaires de 17,5 milliards d’euros en 2009. Comment analyser, par ailleurs, ses relations, son influence sur le monde politique ?

Au cœur de l’affaire Woerth-Bettencourt se trouve l’héritière de l’Oréal, Liliane Bettencourt, 15ème fortune mondiale. Certes, la polémique s’intéresse essentiellement aux acteurs de l’affaire. Mais, quant est-il de l’entreprise l’Oréal ? Lundi soir, Nicolas Sarkozy n’avait pas hésité à faire monter la pression en défendant le bouclier fiscal, menaçant d’une fuite à l’étranger de l’entreprise. Il s’agit ici de mieux comprendre cette société, son histoire, sa puissance et son influence.

L’Oréal est une multinationale présente dans 130 pays. Elle revendique régulièrement sa place de numéro 1 dans l’industrie cosmétique mondiale. D’après le site de l’entreprise, le chiffre d’affaires en 2009 s’élève à 17,5 milliards d’euros. L’origine de l’entreprise remonte à plus de 100 ans, lorsqu’en 1909, Eugène Schueller, jeune chimiste, ayant découvert une méthode de synthèse afin de teindre les cheveux, fonde la Société française de teintures inoffensives pour cheveux. L’Oréal est né. Depuis, le groupe n’a pas cessé de monter en puissance.

Il est aujourd’hui parmi les plus riches de la planète. Au total, 64 600 employés travaillent pour le groupe. Ils sont répartis dans 66 pays mais seulement une minorité de salariés travaille en France. Les deux actionnaires principaux sont la famille Bettencourt qui représente 30,8 % du capital de l’entreprise et Nestlé avec 29,6 % (chiffres au 31 décembre 2008). Les activités de l’Oréal sont assez diversifiées ce qui permet une certaine optimisation de l’influence du groupe. Ainsi l’Oréal propose quatre types de produits : produits professionnels, produits grand public, produits de luxe et de la cosmétique active. Cette diversité de production permet une adaptation rapide et cohérente dans les pays où s’implante la société.
Hormis la polémique actuelle - qui ne concerne l’entreprise qu’indirectement - l’Oréal fût au centre de nombreuses affaires dans son histoire.

Son fondateur, E. Schueller, était impliqué dans l’organisation d’extrême droite La Cagoule. Il embauchera d’ailleurs Jacques Corrèze, ancien dirigeant de cette même formation, en 1949. En 2007, l’Oréal se retrouve au centre d’une affaire judiciaire pour « discrimination raciale à l’embauche ». Pourtant l’Oréal jouit plutôt d’une bonne image en France et à l’international. L’Ethisphere Institute a désigné l’Oréal comme l’une des « sociétés les plus éthiques au monde » en 2010. Il est certain que la délocalisation du groupe appartenant à Lindsay Owen-Jones et Jean-Paul Agon constituerait une énorme perte économique pour la France. Mais, lorsque Nicolas Sarkozy évoque avec angoisse la possibilité d’une fuite à l’étranger du groupe pour défendre le bouclier fiscal si cher à la droite, il oublie l’injustice fiscale. Lorsque Liliane Bettencourt obtient du fisc 30 millions d’euros en 2008, elle ne paierait en retour que 40 millions d’euros par an. Soit 0,25 % de sa fortune estimée à 16 milliards d’euros.

L’Oréal s’inscrit dans une politisation assez évidente. On peut constater une forme d’affection, d’intimité avec la droite. André Bettencourt, le défunt mari de Liliane Bettencourt, a mené une grande carrière politique pour l’UDF, huit fois ministre, il était l’ami de Valéry Giscard d’Estaing, Jean Lecanuet et même de François Mitterrand, mais il restait aussi très proche de la Cagoule. L’actuel ministre de l’éducation, Luc Chatel, était auparavant Directeur des ressources humaines à l’Oréal. Avec l’affaire Woerth-Bettencourt il est maintenant question de financement de parti. On comprend mieux les raisons qui persuadent le Chef de l’Etat à s’inquiéter d’un départ de l’Oréal.

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