Édition du 7 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

La FTQ et le SCEP se présentent à reculons au Sommet sur la forêt

« Les concessions, ça ne marche pas à sens unique. Les travailleurs en ont assez de faire les frais de la crise dans le secteur forestier » – Michel Arsenault, président de la FTQ

Devant l’intransigeance des représentants de l’industrie, le plus important syndicat du secteur forestier au Québec, le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP-FTQ) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) ont sérieusement remis en question ces derniers jours leur participation aux travaux du Sommet sur la forêt qui débute plus tard aujourd’hui.

Pas de sortie de crise sur le dos des travailleurs

« Pour nous, l’avenir de la gestion de nos forêts passe par la stabilisation et la valorisation des emplois dans le secteur. Et pour atteindre cet objectif, la Loi sur les forêts doit être harmonisée avec le Code du travail, ce que l’industrie refuse d’envisager », a expliqué Michel Arsenault, président de la FTQ, qui fait valoir par ailleurs que la FTQ estime important de faire valoir son point de vue sur toutes les tribunes.« Nous allons dire aux différents intervenants, et particulièrement aux employeurs, qu’il n’y aura pas de sortie de crise sur le dos des travailleurs. Nous avons peu de prise sur la force du dollar canadien, sur les coûts énergétiques, sur le dumping étranger ou encore sur le processus des fusions/acquisitions d’entreprises dans le secteur de la forêt.

« Mais nous n’allons certainement pas abdiquer sur le droit des travailleurs de se syndiquer et de négocier librement, sur le maintien d’emplois de qualité, sur la nécessité d’aider les travailleurs âgés. Et nous ne prenons certainement pas pour argent comptant les larmes versées par les compagnies, à grands frais de publicité dans les médias, sur le sort des travailleurs et de leurs familles », a ajouté le président de la FTQ.

Fin de non-recevoir de l’industrie aux demandes syndicales

« Tout au long des réunions de travail que nous avons tenues dans les derniers mois, nous avons appuyé plusieurs des demandes des autres intervenants dont notamment la demande de l’industrie afin d’obtenir des règles favorisant la consolidation des usines. Mais quand est venu le moment de discuter des priorités syndicales, on nous a présenté une fin de non-recevoir », a déploré pour sa part Renaud Gagné, vice-président du SCEP pour le Québec. Pourtant, le syndicat avait pris soin de diluer sa demande initiale afin de présenter une position de compromis.

Les modifications légales recherchées par le syndicat visent à mieux encadrer le droit à la syndicalisation. En effet, non seulement des milliers de travailleurs membres du SCEP ont perdu leur emploi dans ce secteur par le passé, mais en plus, le syndicat n’arrive pas à maintenir les accréditations syndicales qu’il obtient.

« Depuis 2005, nous avons déposé 14 requêtes en accréditation pour des travailleurs sylvicoles et aujourd’hui, aucun des employeurs visés n’est encore en activité. Les compagnies sont dissoutes et souvent elles reprennent leurs activités sous un nouveau nom. Ça n’a pas de bon sens », a dénoncé Renaud Gagné.

De bonnes conditions de travail et une main-d’œuvre plus stable

C’est pourquoi le SCEP et la FTQ demandent que la Loi sur les forêts soit harmonisée avec le Code du travail afin que le détenteur d’un contrat d’approvisionnement et d’aménagement forestier (CAAF) ou encore le mandataire désigné dans les unités d’approvisionnement forestier (UAF) soit reconnu comme employeur présumé.

« Actuellement, les conditions de travail en forêt font en sorte que le taux de rétention des travailleurs est extrêmement faible. En modifiant les lois afin de permettre aux travailleurs de se syndiquer, de maintenir leur accréditation et de se doter de bonnes conditions de travail, on se donnerait, du même coup, une main-d’oeuvre plus stable et plus qualifiée. Ça permettrait aussi de développer de meilleures possibilités d’emplois dans les régions qui sont déjà durement affectées par la crise forestière », ont conclu MM. Arsenault et Gagné.

Besoin d’une certification forestière reconnue

Pour le SCEP-FTQ, l’avenir de la ressource forestière passe par la mise en place d’une certification forestière reconnue mondialement (certification réclamée par le syndicat depuis plusieurs mois). « Cette certification aurait pour effet de rassurer la population qui croit que l’on massacre les forêts, ce qui n’est absolument pas le cas », a expliqué M. Gagné. Mais le succès de l’implantation de cette certification repose obligatoirement sur la disponibilité d’une main-d’œuvre stable et qualifiée, ce qui n’est pas possible sans l’harmonisation des lois.

Le SCEP est le plus important syndicat au Québec dans le secteur des pâtes et papiers, de la scierie et de l’exploitation forestière. La FTQ est la plus grande centrale syndicale québécoise avec plus de un demi-million de membres.


Sources : FTQ et SCEP - Québec, lundi 10 décembre 2007 –

Mots-clés : Communiqués

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