Édition du 30 avril 2024

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La coalition des femmes demande l’égalité, pas l’impunité pour les proxénètes, les clients et les trafiquants

Le 5 juin 2013 – La Coalition des femmes pour l’abolition de la prostitution
(« la Coalition »), une alliance de sept organisations communautaires revendiquant l’égalité, interviendra le 13 juin prochain dans la cause Bedford pour demander à la Cour suprême du Canada de décriminaliser les femmes piégées dans la prostitution tout en maintenant les lois contre les hommes qui achètent, vendent et exploitent le corps des femmes : les proxénètes, les clients et les trafiquants.

La prostitution compromet gravement l’égalité de chaque femme car elle repose sur l’exploitation de femmes pauvres, de femmes de couleur, de filles mineures et de femmes et de filles ayant vécu des traumatismes sexuels. La prostitution est associée à une hausse du harcèlement des femmes dans la rue et elle est étroitement liée à la culture de la pornographie et du viol.

Comme l’explique Jacqueline Gullion de l’Association canadienne des centres contre le viol : « La prostitution est en soi une forme de violence contre les femmes. Elle se nourrit de la pauvreté et de l’insécurité économique des femmes et de leur vulnérabilité physique et sociale aux hommes, ainsi que du droit que s’arrogent les hommes d’exploiter sexuellement les femmes et les filles. Les femmes dans la prostitution ne devraient pas être criminalisées. On devrait plutôt leur offrir des stratégies et des services de soutien pour leur permettre d’en sortir. Si on veut accroître la sécurité et l’égalité des femmes, les hommes qui achètent un accès sexuel à des femmes et des enfants doivent continuer d’être criminalisés ».

« Nous exigeons l’entière décriminalisation des femmes aux prises avec la
prostitution. Nous affirmons également que l’État est responsable de protéger les femmes et les filles de la violence et de l’exploitation », déclare Kim Pate, directrice générale de l’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, membre de la Coalition. « Aucune femme ne devrait être privée de revenu, d’aide et d’autres formes de soutien, tenue de protéger ses enfants et de s’en occuper, et se retrouver ensuite criminalisée pour l’avoir fait. Les prisons ne peuvent pas remplacer les refuges pour les femmes sans-abri, violentées ou prostituées. »L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC), une autre organisation membre de la Coalition, est extrêmement préoccupée des graves répercussions qu’auraient sur les femmes autochtones la décriminalisation des proxénètes et des clients, particulièrement en regard de l’inaction du Canada dans les plus de 500 cas non résolus de meurtres et de disparitions de femmes autochtones au pays.

Selon Michèle Audette, présidente de l’AFAC, « Les femmes autochtones qui arrivent dans des centres urbains sont particulièrement vulnérables à la prostitution en raison du racisme et de la pauvreté qu’elles vivent dans les villes. L’État a poussé depuis longtemps les femmes autochtones d’un établissement à un autre –pensionnats, foyers d’accueil, foyers de groupe et prisons pour n’en nommer que quelques-uns. Nous refusons que les bordels deviennent le nouvel établissement officiel pour les prochaines générations de filles et de femmes autochtones ! »

Les conséquences de la décision que prendra la Cour suprême sont considérables. « Imaginez un système où on refuse l’assurance-emploi ou l’aide sociale aux femmes en leur disant qu’elles peuvent trouver du "travail" dans l’industrie du sexe », fait remarquer Diane Matte de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle.

« La prostitution n’est pas un filet de sécurité sociale approprié pour les femmes. » La Coalition demande à l’État d’investir des ressources dans la communauté, y compris un revenu convenable garanti, des services de sortie pour les femmes en prostitution, des logements adéquats et abordables, des services de soins de santé et des garderies.

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Les membres de la Coalition des femmes pour l’abolition de la prostitution sont :
Canadian Association of Sexual Assault Centres/Association canadienne des centres contre le viol ; Association des femmes autochtones du.Canada ; Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry Societies ; Action ontarienne contre la violence faite aux femmes ; Vancouver Rape Relief ; and Women’s Shelter ; Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel ; Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle.

http://www.abolitionprostitution.ca/

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