Édition du 7 mai 2024

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Europe

La gauche et Maïdan : Entretien avec le socialiste ukrainien Denis Pilas

Environ 150 personnes se sont récemment réunies à Kiev pour assister à une conférence organisée par des organisations de gauche ukrainiennes, dont l’Opposition de gauche, avec le soutien de la « Fondation Rosa Luxemburg ». La conférence, intitulée « La gauche et Maïdan », a discuté des perspectives pour la gauche en Ukraine.

Il y avait également des participants en provenance de Russie, de France, d’Allemagne, de Pologne et de Biélorussie, ainsi que des élus de gauche du Bundestag allemand et de la Douma russe (*). Ben Neal, militant de l’organisation anticapitaliste britannique « Revolutionary Socialism in the 21rst Century » (RS21), a interviewé Denis Pilas, l’un des organisateurs de l’événement.

Pourriez-vous expliquer quels étaient les objectifs de la conférence ?

Denis Pilas : Elle a été organisée pour les militants de gauche qui ont participé aux manifestations de Maïdan afin de partager leurs expériences et leurs analyses dans le but d’élaborer un plan et une vision claire de la stratégie à venir pour la gauche en Ukraine. Et, bien entendu, je vois cette conférence comme un outil important pour promouvoir la solidarité internationale. J’étais vraiment heureux de la participation de militants syndicaux indépendants de Dniepropetrovsk et de Kryvoï-Rog (dans le sud-est de l’Ukraine - NdT), de dirigeants ouvriers vétérans [qui ont pris part aux grèves des mineurs de 1989 à la fin de l’Union soviétique] et de jeunes mineurs qui ont participé à leurs « Maïdan » locaux et à la poursuite des manifestations pour des causes sociales.

Quels sont les principaux résultats de la conférence ?

L’un des principaux résultats a été la consolidation des initiatives de gauche dans Maïdan pour la préparation des futures manifestations sociales - aujourd’hui contre le nouveau gouvernement. Il y a eu aussi le lancement de l’ « Assemblée pour la Révolution Sociale », la première liste de gauche radicale à Kiev aux élections du conseil de la ville, basée sur le concept de « démocratie délégative » (2). Il a été convenu de participer sous l’égide du parti « Ukraine Socialiste ».

L’un des principaux sujets de discussion, et qui a un intérêt particulier pour les socialistes révolutionnaires en Grande-Bretagne, est de savoir comment la gauche internationale doit aborder la situation en Ukraine, en particulier en ce qui concerne la gauche dans ce pays. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?

La gauche internationale ne doit succomber à aucun type de « géopolitique » ou de soutien à l’impérialisme du « moindre mal ». A la place, il convient de faire campagne contre la politique militariste et aventurière tant des États-Unis que de la Russie. Il faudrait un authentique mouvement anti-guerre contre le risque d’une éventuelle guerre civile en Ukraine.

Il faut s’opposer au régime conservateur, autoritaire et oligarchique de Poutine en Russie et se solidariser avec les militants de gauche persécutés par ce régime.

Dans le cas de l’Ukraine, il faut appeler les travailleurs de l’ouest et de l’est de l’Ukraine à s’unir dans la lutte contre les oligarques. Il convient également de protester contre les exigences du FMI et d’inclure l’Ukraine dans toutes les luttes européennes contre l’austérité.

Que doit exiger la gauche des gouvernements occidentaux ?

Les revendications vis à vis des gouvernements occidentaux devraient être les suivantes :

• Annulation de la dette ukrainienne ;


• Suppression des visas pour les déplacements des citoyens ukrainiens ;


• Annulation des exigences d’austérité ;


• Des sanctions efficaces contre les oligarques ukrainiens, la confiscation de leurs biens à l’Ouest afin de les restituer à la population.

Que peut faire la gauche internationale pour construire la solidarité avec les militants de l’Ukraine ?

Elle peut y contribuer en créant des liens avec les syndicats ukrainiens et les mouvements populaires progressistes et en menant des campagnes sur des causes communes. Des militants peuvent se rendre en Ukraine, voir les choses de leurs propres yeux et partager leur expérience avec les autres militants à leur retour.

Notes


(1) Respectivement Andrei Hunko de la fraction du parti Die Linke au Bundestag et Ilya Ponomarev, du Front de Gauche, qui a été le seul membre de la Douma russe à voter contre l’annexion de la Crimée.
(2) http://blogs.mediapart.fr/blog/franckd/141212/democratie-delegative (note d’Avanti).

Source : 
http://rs21.org.uk/2014/04/24/the-left-and-maidan-interview-with-ukrainian-socialist-denis-pilas/


Traduction française pour Avanti4.be : G. Cluseret

Denis Pilas

Militant socialiste ukrainien.

Ben Neal

Militant de la gauche britannique.

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