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États-Unis

La lutte pour la révolution politique de B. Sanders n'est pas terminée

D.D. Guttenplan, The Nation, 16 mars 2016 | Traduction : Alexandra Cyr

Chacune de ses victoires aux primaires, dont les plus serrées, nous ont révélé nos propres forces.Donc, nous aurons toujours le Michigan (en poche).

Une semaine après la victoire de B. Sanders que personne n’avait vu venir, même pas les maisons de sondage et au-delà des attentes de ses partisans-es, les espoirs ont fondu hier avec les défaites en Floride, en Ohio, en Illinois et en Caroline du nord. La victoire tardive de Mme Clinton au Missouri lui donne un élan alors que c’était pourtant le moment qui devait changer le cours des choses pour Bernie Sanders qui a passé du temps et dépensé beaucoup d’argent en Ohio. Mme Clinton a gagné dans toutes les grandes villes et avec une marge de 14 points dans l’État. L’Illinois a échappé à Bernie Sanders, et ce, malgré l’insatisfaction envers le Maire de Chicago, Rahm Emanuel, vieil allié des Clinton. (…)

Oui, c’est vrai, les primaires à venir seront plus favorables à M. Sanders. Il a gagné dans plus d’États, récolté plus de votes et amasser une part plus importante de délégués que n’importe lequel des candidats républicains faisant face à D. Trump. Sa nomination à la candidature républicaine est mise en doute tous les jours par les mêmes médias qui ont prédit la fin de B. Sanders, quand ils prenaient la peine d’écrire à son sujet, et ce, depuis la primaire de l’Iowa. Nous n’avons jamais dit que ce serait facile ni que ce serait une juste compétition.

Hilary Clinton a toujours été la candidate de l’élite du parti (démocrate). Contrairement à 2008, alors qu’une partie de cette élite présente dans le comté de Cook lui avait tourné le dos pour favoriser M. Obama, cette fois elle est demeurée unie contre l’insurgé Sanders. Les résultats d’hier devraient suffire à B. Sanders pour tenir bon jusqu’à Philadelphie, même si mathématiquement, il lui sera impossible de gagner la nomination (à la candidature démocrate). Nous devrions arriver à cette étape avant le vote du 7 juin en Californie.

Sa force et l’enthousiasme des ses partisans-es ont déjà obligé Mme Clinton à quitter sa position centriste sans issue sur les enjeux de la violence, des politiques commerciales et de l’obligation pour les riches de payer leur juste part des impôts et taxes. Tant qu’il reste dans la course et honnête dans ses convictions, il va continuer à imposer ses arguments. Mme Clinton lui emprunte ses meilleures idées, quand ce ne sont pas ses meilleures expressions, pour faciliter ses propres victoires ; cette pratique devrait l’aider à gagner la plus cruciale, celle devant M. Trump en novembre prochain. L’ampleur du vote demeure le talon d’Achille du Parti démocrate : en Ohio, où M. Trump est arrivé deuxième, il a récolté plus de votes que l’un ou l’autre des candidats démocrates. Mme Clinton semble en être consciente ; elle a refusé hier de demander à M. Sanders de se retirer de la course. Si elle avait fait autrement, elle aurait laissé libre accès aux médias à Donald Trump pendant les quatre prochains mois.

Alors qu’on analyse l’impact de ce Donald sur le Parti républicain sous toutes ses coutures, presque rien n’est dit de l’influence que son élection pourrait avoir sur l’électorat démocrate dans les primaires. J’ai tendance à penser que c’est la peur d’avoir à faire face à M. Trump qui a favorisé la victoire de Mme Clinton en Illinois et au Missouri.

Obliger Mme Clinton à ne pas revenir au néo-libéralisme comme seule option est une raison suffisante pour que M. Sanders se maintienne dans la course, si ce n’est pas la plus importante. Il l’a dit et répété, son but est « une révolution politique ». S’il gagnait la nomination, ce serait chouette, mais ce n’est pas une raison nécessaire ni suffisante pour la faire advenir. Ce qui est absolument crucial, c’est de développer un réseau national et permanent de militants-es préparés-es à poursuivre la bataille pour l’assurance maladie universelle, des salaires décents, la fin des gracieusetés à Wall Street, l’arrêt des guerres américaines sans fin, dont la guerre à la drogue. De plus, il faut que ce réseau soit suffisant pour s’imposer dans le Parti démocrate et y neutraliser les entreprises qui le financent. Il faut aussi réussir la difficile tâche de rassembler les mouvements comme Black Lives Matter, Fight for 15, ceux qui luttent pour les droits des immigrants-es, contre les changements climatiques et pour les droits des électeurs-trices et les amener à voter ensemble, pour qu’ils transforment nos politiques et notre pays. C’est la tâche à laquelle nous faisons face.

Est-ce que les astres sont contre nous ? Bien sûr, mais ça fait partie de la vie dans un système truqué. Rappelons-nous où nous en étions il y a seulement quelques mois. Chacune des victoires de Bernie Sanders dans ces primaires, particulièrement les plus serrées, nous a révélé notre force. Chaque rassemblement important a démenti l’idée que le socialisme n’est pas américain et qu’un monde où personne ne meurt de faim, où les soins de santé ne sont pas l’apanage des riches et où les compagnies pétrolières et gazières ne sont pas autorisées à ruiner la terre pour faire des profits en nous laissant seuls-es avec les conséquences, est non seulement possible, mais populaire.

Pourquoi laisser aller tout ce terrain déjà conquis ? Comme M. Daniel Cantor du « Working Families Party » nous le signale, la candidature de M. Sanders est en pleine progression : « En Caroline du nord, il a obtenu 15 points de plus que le mois dernier en Caroline du sud et gagné 5 points par rapport à la Virginie il y a deux semaines. Sa performance dans le comté de Cook en Illinois est la moitié de celle du comté de Wayne au Michigan. »

Alors, battons-nous jusqu’en juillet et en novembre pour la nomination tant que cela demeure possible, et ce, pour notre pays qui pourrait, en novembre, se trouver devant des choix cornéliens comme nous n’en avons encore jamais vus et pour notre avenir trop précieux pour que nous l’abandonnions par quelques votes.

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