Édition du 7 mai 2024

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États-Unis

La mort de Kenneth Chamberlain Sr. aux mains de la police de White Plains N.Y.

« Mon nom est Kenneth Chamberlain. Ceci est mon serment testamentaire. Les policiers de White Plains vont venir et me tuer ». Et c’est ce qu’ils ont fait.

Blogue de Amy Goodman et Denis Moynihan, Democracy now.org, 5 avril 2011, traduction, Alexandra Cyr

Aux petites heures du matin, le samedi 19 novembre 2011, l’ancien Marine, ancien combattant, Kenneth Chanberlain Sr. active son système d’alerte médicale accidentellement, vraisemblablement au cours de son sommeil. Il a 68 ans, est retraité des services correctionnels et souffre de troubles cardiaques. Mais il n’était pas en danger à ce moment-là. En l’espace de deux heures, la police de White Plains, N.Y. a défoncé sa porte et lui a tiré une balle dans la tête. M. Chamberlain était un Afro-Américain. Comme dans le cas de Trayvon Martin, l’adolescent noir tué par la police récemment en Floride. Il existe des enregistrements des événements qui démontrent un biais racial contre la victime.

La citation mise en exergue nous a été transmise par M. Kenneth Chamberlain Jr. quand nous l’avons reçu au cours de notre émission de nouvelles journalières pour qu’il nous parle de la mort de son père. Il avait apporté l’appareil d’urgence LifeAid que son père gardait à son cou pour appeler en cas d’urgence médicale. Peut-être que les policiers ne savaient pas, quand ils se sont présentés à sa porte, que ce genre d’équipement comporte une boite sur place qui, quand l’appareil est activé transmet les sons à la compagnie LifeAid qui les enregistre. M. Chamberlain Jr. et ses avocats les ont entendus lors de leur rencontre avec l’avocate du district du Westchester County, Mme. Janet DiFiore.

M. Chamberlain Jr. nous a répété les paroles de son père qu’il a entendues grâce à ces enregistrements : « Il dit : j’ai 68 ans, j’ai une mauvaise condition cardiaque, pourquoi me faites vous cela ? Vous pouvez aussi l’entendre supplier les agents à de multiples reprises, notamment quand un policier utilise un juron ».

Un des avocats de M. Chamberlain, M. Mario Bartlett, m’a parlé du biais racial. Il a été procureur pour le Westchester County, alors il s’y connait. Il a été très clair en analysant les enregistrements : « M. Chamberlain Sr. dit à la police : Je suis un vieil homme malade ! Le policier répond : on n’en a rien à f… ! N… ! (ce dernier mot sonne comme trigger- gâchette qu’ils vont déclencher peu après. Comme Mme Bartlett l’a rapporté, les enregistrements contiennent aussi un sarcasme de la part des policiers. Ils crient : Ouvre la porte Kenny, tu n’es qu’un imbécile ! C’est lorsque, comme l’a raconté son fils, ils se sont moqué de ses états de service militaire qu’il a craqué. Il a dit : Semper Fi ! (ce qui est reconnu pour être la devise des Marines américains, n.d.t.) OH ! Tu es un Marine ! Hourra ! Hourra ! C’est quelqu’un qui a servi son pays. Pourquoi lui dire une telle chose ? Kenneth junior essuie ses larmes en tenant l’anneau des Marines de son père et sa carte d’identité du Service des Anciens Combattants.

En entendant ces propos, ce matin-là de novembre, le préposé chez LifeAid a appelé le service de police de White Plains pour mettre fin à cette opération en expliquant qu’il s’agissait d’un appel à caractère médical, pas autre chose. La nièce de M. Chamberlain Sr., qui vit au-dessus, est descendue en vitesse pour tenter d’intervenir. La sœur de M. Chamberlain était au téléphone et offrait de parler à son frère. Les policiers ont repoussé toute tentative d’aide. On entend sur les enregistrements un officier dire : « Nous n’avons besoin d’aucune médiation ».

Ces agents, lourdement armés, on utilisé un appareil spécial pour sortir la porte de M. Chamberlain de ses gonds comme on peut le voir grâce à la caméra attachée au Taser et ont bondi dans l’appartement. Ces images donnent froid dans le dos. Mtre Bartlett rapporte avoir vu, sur la vidéo, M. Chamberlain sans chemise, les mains de chaque côté de lui, sans couteau ou hachette contrairement à ce que soutient la police. Il était debout en sous-vêtement. « Dès qu’ils sont entrés dans l’appartement ils ne lui plus donné aucun ordre. Ils n’ont jamais dit : Les mains au-dessus de la tête ! Ils ne lui ont jamais dit de s’étendre sur son lit. Ils n’ont rien fait de tout ça. Dès le moment où la porte a été retirée, la première chose qu’ils ont fait a été d’allumer le Taser et sur les images vous pouvez voir qu’ils le dirige directement sur lui ».

La dernière chose que Mtre Bartlett entend sur cet enregistrement, c’est :
« Ferme ça » ! Cela voulait dire de fermer l’enregistrement, ce qu’ils ont fait. Ils ont attaqué M. Chamberlain deux fois avec le Taseri. Quatre mois plus tard, personne n’a encore été accusé de quoi que ce soit. Juan Gonzalez, un des journalistes de Democracy Now ! a révélé dans le New-York Daily News, que
c’est l’officier de police de White Plains, Anthony Carelli qui a tiré. Il doit subir un procès prochainement pour des allégations de brutalité contre les fils d’un immigrant jordanien qui disent que M. Carelli en a battu un, Jereis Hatter, après l’avoir menotté et traité de racaille.

Trevon Martin a été tué le 26 février dernier. Un grand jury de Floride est sensé commencer son enquête sur ce meurtre le 10 avril prochain. Le 11, un grand jury est prévu à New-York pour commencer à examiner les preuves dans le cas de M. Chamberlain Sr. Il a été tué en novembre 2011. Dans chacun de ces cas, un Afro-Américain a été tué par balle. Dans chacun de ces cas, le meurtrier est connu mais n’a pas été arrêté.

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