Édition du 30 avril 2024

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La réponse du Parti québécois à nos six questions

Suivi de deux interventions du député Sylvain Gaudreault lors de la période de questions à l’Assemblée nationale

Il a fallu un peu insister pour obtenir des réponses de la part du Parti québécois à nos six questions. Mais finalement, elles viennent tout juste d’arriver. Alors, sans plus tarder, avant de vous les dévoiler, commençons par rappeler nos six questions.

Nos six questions

1) Quelle est la position de votre parti politique dans la présente ronde de négociation dans les secteurs public et parapublic ?

2) Que pensez-vous des offres du gouvernement à ses salariéEs syndiquéEs ?

3) Ces offres sont-elles « justes et raisonnables » ou vont-elles maintenir et perpétuer le retard salarial[2] qui est constaté quasiment chaque année par l’Institut de la statistique du Québec lors de la publication de l’Enquête sur la rémunération globale au Québec (ERG) ?

4) Et si c’était votre parti politique qui était au pouvoir, quelles seraient vos offres aux salariéEs syndiquéEs ?

5) Votre parti politique compte-t-il effectuer des représentations auprès du gouvernement Legault durant la présente session parlementaire ? Si oui, lesquelles ?

6) Sinon, pourquoi votre formation politique persiste-t-elle dans la voie du silence sur ce sujet important de l’actualité ?

Et la réponse du Parti québécois  :

« Monsieur Perrier, bonjour !

Au nom de MM. Sylvain Gaudreault et Pascal Bérubé, permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour vos questions, ainsi que pour votre intérêt.

Nous déplorons que le gouvernement laisse traîner en longueur les négociations avec ses salariés, alors qu’on devrait plutôt diriger toute notre attention sur la gestion de la pandémie et la relance du Québec.

Les remerciements, lors des points de presse de 13 h, ont atteint leurs limites ; la reconnaissance passe aussi par des conditions de travail et un salaire décent.

Le gouvernement doit dégeler les négos en donnant des mandats et en acceptant de bonifier ses offres. Entre autres, il doit respecter son engagement d’abolir les premiers échelons de l’échelle salariale des enseignants pour augmenter le salaire des nouveaux enseignants de 10 000 $. Nous avons d’ailleurs présenté et fait adopter une motion unanime à l’Assemblée nationale le 10 février dernier à ce sujet.

Dans le même ordre d’idées, le 9 février dernier, M. Gaudreault a questionné la présidente du Conseil du trésor à l’Assemblée nationale. Vous pouvez lire la transcription de l’échange ici.

Il était, en outre, aux côtés des syndiqués de la CSQ devant l’Assemblée nationale ce matin 18 mars.

Bref, pour nous, la relance du Québec va se faire avec les travailleurs, notamment ceux du secteur public.

Recevez nos salutations les meilleures, »

Pour conclure

Un immense merci à l’attaché politique du Parti québécois qui a pris le temps de nous acheminer cette prise de position. Elle sera sûrement appréciée par une partie des 550 000 à 560 000 salariéEs syndiquéEs (qui sont à environ 75% des femmes) et par les négociatrices et les négociateurs de la partie syndicale. Cette lettre-réponse sera également lue par différentes personnes qui la feront possiblement circuler sur les réseaux sociaux. À l’instar des deux autres lettres reçues de Québec solidaire et du Parti libéral du Québec, nous ajoutons ceci : nous la commenterons éventuellement.

Yvan Perrier

18 mars 2021

16h30

yvan_perrier@hotmail.com

Annexe

Les deux extraits mentionnés dans le courriel

Voici les deux extraits des deux interventions du Parti québécois lors de la période des questions à l’Assemblée nationale :

1)

Demander au gouvernement de respecter son engagement d’abolir
les six premiers échelons de l’échelle salariale des enseignants
afin de leur offrir un salaire plus élevé à l’embauche

M. Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Saint-Laurent, la députée de Sherbrooke, la députée de Marie‑Victorin, le député de Chomedey et le député de Rimouski, la motion suivante :

« Que l’Assemblée nationale souligne le travail exceptionnel des enseignants pour la réussite éducative des jeunes ;

« Qu’elle constate que les négociations sont toujours en cours avec les enseignants et que plusieurs mandats de grève ont été votés ;

« Qu’elle affirme que le gouvernement se doit d’entendre les cris du coeur provenant des enseignants et qu’il doit continuer à travailler afin de minimiser les impacts pour les élèves du Québec ;

« Qu’elle rappelle l’urgence de valoriser la profession d’enseignant et d’en augmenter l’attractivité en offrant des meilleures conditions de travail et un salaire plus élevé à l’embauche ;

« Qu’elle prenne note de l’engagement du premier ministre[...], répété le 28 janvier 2021, de tenir toutes ses promesses électorales malgré la pandémie ;

« Qu’elle demande au gouvernement de respecter son engagement d’abolir les six premiers échelons de l’échelle salariale des enseignants, permettant ainsi d’offrir un salaire plus élevé aux nouveaux enseignants, d’ici les prochaines élections générales. » Merci.

Le Président : Merci. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion ?

M. Caire : Il y a consentement, sans débat.

Mise aux voix

Le Président : Consentement, sans débat. Et je vous demande de m’indiquer vos votes, le vote de vos groupes respectifs. M. le leader du troisième groupe d’opposition ?

M. Ouellet : Pour.

Le Président : M. le leader adjoint du gouvernement ?

M. Caire : Pour.

Le Président : M. le leader de l’opposition officielle ?

M. Fortin : Pour.

Le Président : M. le leader du deuxième groupe d’opposition ?

M. Nadeau-Dubois : Pour.

Le Président : Mme la députée de Marie-Victorin ?

Mme Fournier : Pour.

Le Président : Cette motion est donc adoptée. M. le leader du troisième groupe d’opposition.

M. Ouellet : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Possible de faire parvenir une copie de la motion à la Fédération autonome de l’enseignement, à l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, à la Fédération des syndicats de l’enseignement ainsi qu’à la Centrale des syndicats du Québec ?

Le Président : Bien noté, et ce sera fait.

http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/42-1/journal-debats/20210210/289491.html#_Toc64361713. Consulté le 18 mars 2021.

2) Négociation des conventions collectives dans la fonction publique

M. Sylvain Gaudreault

M. Gaudreault : Oui, M. le Président, au Parti québécois on pense que la relance du Québec va se faire avec ses travailleurs, notamment ceux de la fonction publique. Mais, pour ça, encore faudrait-il qu’ils aient des conventions collectives, pas seulement des remerciements et des voeux pieux.

Les négos dans le secteur public traînent en longueur, et la pandémie a le dos large. Au lieu de régler avec ses employés, le gouvernement caquiste s’entête à centraliser. C’est ce qu’il a fait récemment avec le personnel des écoles en écartant les centres de services scolaires des tables de négo et en centralisant les négociations au Conseil du trésor. Maintenant, nos enseignants doivent négocier leurs conditions de travail avec des technocrates de l’édifice H. La centralisation des négos, c’est un échec.

Est-ce que la présidente du Conseil du trésor va admettre son erreur et réintégrer les gestionnaires des centres de services scolaires à la table de négociation ?

Le Président : Mme la présidente du Conseil du trésor.

Mme Sonia LeBel

Mme LeBel : Oui, merci, M. le Président. Très contente d’avoir l’occasion de prendre la parole sur ce sujet important aujourd’hui à la période de questions. Et ça me permettra justement de réitérer quels sont les objectifs de cette négociation extrêmement importante que nous avons présentement avec les enseignants.

Le gouvernement a fait de l’éducation et de la réussite éducative des élèves sa priorité. Il en découle un engagement fort important d’améliorer également les conditions de travail des enseignants, et c’est ce que nous voulons faire.

La démarche actuelle du Conseil du trésor, c’est de prendre, justement, les choses en main, de faire en sorte de pouvoir avoir aux tables de négociation une conversation restreinte, ce qui ne veut pas dire que les fédérations patronales, les fédérations des employeurs, que le ministère de l’Éducation ne fait pas partie de l’équipe de négociation. Mais, présentement, nous avons invité la CSQ, la FAE à une accélération de ces négociations, et l’objectif de tout ça est de trouver des façons de s’entendre, justement, pour la réussite éducative des élèves, d’améliorer les conditions de travail des enseignants et d’être capables de dégager une entente le plus rapidement possible. C’est nécessaire pour le réseau de l’éducation et encore plus en ces temps de pandémie. On a entendu le message des enseignants. On est dans l’action.

Le Président : Première complémentaire, M. le député de Jonquière.

M. Sylvain Gaudreault

M. Gaudreault : ...parle d’accélérer les négociations, mais à certaines tables les négociateurs prennent le large pendant deux semaines. À d’autres tables de négociation, il n’y a pas eu de vraie rencontre depuis le mois de novembre.

Est-ce que ce serait trop demander à la ministre que d’avoir des négociateurs à temps plein, mais, plus que ça, qu’ils aient aussi un mandat de négocier et de régler ?

Le Président : Mme la présidente du Conseil du trésor.

Mme Sonia LeBel

Mme LeBel : Oui. Merci, M. le Président. Je vais rassurer mon collègue, M. le Président, on a bien en main toutes les négociations qui se déroulent présentement de façon simultanée. On a bien indiqué dès le départ de notre mandat que la santé et l’éducation étaient une priorité, on agit comme tel.

Il y a des mandats dans les autres tables de négociation. Puis je ne ferai pas de négociation ici, dans ce salon bleu. Je pense que tout le monde a assez d’expérience ici pour comprendre la teneur de ma réponse, ce qui ne veut pas dire que rien ne se fait et que les tables concernées n’ont pas de mandat. On va dégager des ententes, dans tous les secteurs, qui sont des ententes qui seront à la satisfaction de tout le monde.

Le Président : Deuxième complémentaire, M. le député de Jonquière.

M. Sylvain Gaudreault

M. Gaudreault : Oui. La ministre nous parle des autres tables. On va en parler. Du côté des infirmières, 4 000 ont démissionné de leurs postes dans le réseau public pour aller du côté des agences privées, qui continuent de tourner, elles, de leur côté, à plein régime. Pendant que la CAQ étire les négos, le privé s’enrichit, et nos services publics s’affaiblissent.

Après la centralisation, est-ce que la présidente du Conseil du trésor s’engage à renverser aussi la tendance de la privatisation ?

Le Président : Mme la présidente du Conseil du trésor.

Mme Sonia LeBel

Mme LeBel : Merci, M. le Président. Nous avons conclu une entente de principe sur les conditions de travail des infirmières avec la fédération des infirmières du Québec, qui représente plus de 90 000 infirmières dans le réseau, avant les fêtes. C’est une entente qui prend compte, justement, de tout ce qui est dénoncé, dans le secteur public, qui met... qui vient alourdir les conditions de travail. On prend en compte les équipes, on a pris le soin de stabiliser les équipes de travail, d’adresser la question du temps supplémentaire, de rehausser le temps complet, et tout ça à la satisfaction, d’ailleurs, déclarée, également, de la présidente de la fédération des infirmières du Québec comme étant une entente qui allait changer la face du réseau de la santé. On y travaille également avec la CSQ...

Le Président : En terminant.

Mme LeBel : ...qui représente 5 000 infirmières du réseau, et je suis très confiante qu’on va arriver à une entente.

Le Président : Question principale, Mme la cheffe du deuxième groupe d’opposition.

http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/42-1/journal-debats/20210209/289259.html#_Toc64039778. Consulté le 18 mars 2021.

Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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