La majorité républicaine dans ce parlement, a fait tout ce qui était possible pour qu’aucun débat n’ait lieu sur cette législation. La population n’a donc pas été informée de ses véritables impacts. Elle a été présentée en un temps record empêchant ainsi l’opposition démocrate de la soumettre au vote devant un comité législatif. La semaine dernière elle a été soumise au vote de l’assemblée pour adoption en 90 minutes sans témoignages ni audiences. Une proposition semblable avait été rejetée l’an dernier [2] lors d’une élection spéciale. Cette année, les RépublicainEs se sont assuréEs que les électeurs-trices ne la renverseraient pas. L’introduction d’une provision sur des crédits budgétaires dans le libellé fait que cette loi ne peut maintenant être remplacée que par une nouvelle loi. En 2010, les RépublicainEs ont redécoupé la carte électorale qui leur assure une certaine majorité. Donc, il sera difficile pour les Démocrates de gagner une future bataille sur cet enjeu.
Le gouverneur républicain du Michigan, Rick Snyder, a carrément viré capot à ce sujet. Avant la dernière élection, il n’avait cessé de répéter, qu’une telle loi introduirait trop de division (dans la population). Elle ne faisait pas partie de son ordre du jour et il disait ne pas vouloir la voir sur son bureau. Au contraire, il voulait mettre l’accent sur ce qui préoccupe les plus les gens du Michigan : la création d’emplois. Mais, tout-à-coup le voilà qui soutient la loi avec enthousiasme et donne l’impression que l’État pourra ainsi, mieux gagner la compétition économique avec les autres États du pays et même d’ailleurs dans le monde, grâce à de bas salaires et des conditions de travail déficientes.
Il est pourtant prouvé que les lois dites du « droit de travailler » ont ces effets et en plus de faire augmenter des accidents de travail. Mais les antis syndicaux qui appuient ce genre de loi continuent de prétendre le contraire. 7 des 10 États qui s’en sont doté ont les niveaux de revenus les plus bas. Seulement 3 ont la croissance économique la plus vive. Au Michigan, la loi va introduire de l’incertitude dans l’économie puisqu’il est presque certain qu’elle sera contestée devant les tribunaux ; elle exclut les employéEs de l’État liéEs à la sécurité.
La veille de l’adoption, les éluEs démocrates ont rencontré le gouverneur pour lui exprimer leur désaccord. À la sortie, leur appréciation était claire : il ne comprend rien à cette loi. Pas plus au Michigan qu’ailleurs aux États-Unis, on ne peut être forcéE d’adhérer à un syndicat pour obtenir un emploi. Selon la loi fédérale, ni un syndicat, ni unE employeurE ne peut exiger qu’unE employéE joigne un syndicat que ce soit dans le secteur public ou privé. Les travailleurs-euses ont toujours la possibilité de ne payer des droits que pour la portion qui concerne les négociations des conventions collectives. Mais, M. Snyder continue à insister sur un soit disant « droit de dernier recours » d’adhérer ou non à un syndicat, accordé aux employéEs avec cette nouvelle loi. Que ce soit par ignorance volontaire ou pour fausse représentation, M. Snyder prétend simplement accorder un droit qui existe déjà.
En fait, tout ce que font ces lois sur le « droit de travailler », c’est de permettre aux non membres des syndicats de cesser de payer leur part pour la négociation des conventions collectives. L’effet est donc clairement d’appauvrir les syndicats et ainsi de leur rendre encore plus difficile le maintient de leurs activités. Les syndicats doivent déjà, en vertu de la loi, négocier en faveur de tous ceux et celles qui font parti de l’unité d’accréditation. Il y aura donc des employéEs qui bénéficieront du service gratuitement.
Cette loi va avoir des effets désastreux pour les travailleurs-euses du Michigan. Pire, ce sera le cas ailleurs dans le pays. Dans les États limitrophes du Michigan, l’Ohio et la Pensylvanie, les parlements dominés par les RépublicainEs veulent profiter de la nouvelle situation produite par le vote au Michigan. Leurs États seraient en désavantage compétitif maintenant disent-ils-elles. Ces attaques à caractère idéologique vont se poursuivre.
Lundi, (10 décembre) le Président Obama était en visite dans une usine qui crée des emplois syndiqués au Michigan. Il y a déclaré : « Ces lois dites ‘du droit de travailler’ n’ont rien à voir avec l’économie. Elles ne sont que politiques ». Voilà le cœur du débat. La nouvelle loi n’aidera en rien l’économie du Michigan ni les travailleurs-euses. Elle va pousser à la baisse des salaires et des conditions de travail. Et elle va affaiblir les principales organisations qui diffusent et défendent les points de vue politiques de la classe ouvrière face à celui des multi- millionnaires. Voilà le véritable objectif. [3]