Édition du 23 avril 2024

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Le jour de quel souvenir ?

Le 11 novembre 1918, les puissances de l’époque signent l’arrêt des combats qui durent depuis 1914. On devrait dire le carnage, car cette foire d’empoigne entre États capitalistes et impérialistes fait plus de 20 millions de morts. Dans les tranchées sordides, des centaines de milliers de jeunes passent à l’abattoir. Des résistants, des pacifistes, des gens qui tentent de déserter, il y a en a plein. Les chanceux aboutissent dans des prisons au moins aussi sordides que les tranchées. Les malchanceux sont exécutés comme des bêtes. De moins en moins, les soldats, mais aussi les gens ne croient plus aux généraux mercenaires, aux politicards et plumitifs de service qui incitent à la haine contre les autres.

Non à la guerre

Mais il y a des limites à l’ignominie. En 1917, les soldats et les matelots se révoltent en Russie. Dans d’immenses manifestations, les femmes sont au premier rang : non à la guerre ! non à la misère ! En octobre, l’abominable régime tsariste est renversé. Le nouveau pouvoir soviétique tente de parler aux soldats de l’Allemagne et de la France et des autres États coalisés : arrêtez la boucherie ! Le message atteint sa cible, surtout en Allemagne où c’est une grande révolte. Là aussi, le peuple renverse la monarchie. Les généraux n’ont d’autre choix que de capituler. Les puissances célèbrent malhonnêtement la « victoire » des coalisés en sachant que rien n’est réglé, comme le démontre l’histoire subséquente quelques décennies plus tard avec la Deuxième Guerre mondiale.

Le mensonge continue

Ce « jour de l’armistice » faussement nommé est rappelé à chaque année, dans une surenchère malhonnête qui nie l’histoire. Des « coquelicots rouges » servent à créer un « consensus » autour de l’armée et des « vaillants soldats » qui nous « défendent. Depuis cette tragédie, le Canada, allié subalterne des États-Unis (et antérieurement de l’Angleterre), est impliqué dans toutes les guerres impérialistes, en Corée, au Vietnam, au Moyen-Orient, en Yougoslavie et ailleurs. Le Canada est co-responsable des massacres, plus récemment en Afghanistan alors qu’il est clair, dès le début, que cette invasion avait beaucoup moins à faire avec la « défense des femmes » que les rêves de grandeur de Washington de procéder à une « réingénierie » de la région. Aujourd’hui, on poursuit avec la vaste opération états-unienne pour encercler la Chine, soutenir les dictatures et les États sanguinaires en Israël, en Arabie saoudite, en Colombie.

Intervenir contre les peuples

À l’autre bout du spectrum, l’État canadien, soutenu par son armée d’intellectuels-mercenaires et de journalistes complaisants, est toujours parmi les premiers pour condamner la « violence », surtout quand elle vient des pauvres. En Algérie, en Afrique du Sud et en Angola à l’époque, en Palestine et au Kurdistan aujourd’hui, les puissances condamnent les résistants qui deviennent des « terroristes ». Or en réalité, des mouvements de libération ont légitimement le droit de s’opposer aux armées d’occupation. Être contre la guerre, contre la militarisation, requiert de faire des distinctions, car des guerres « justes », il y en a.

Se souvenir

Je termine en rappelant la triste histoire de l’Espagne républicaine, écrasée par des généraux criminels et l’Église catholique, dans les années 1930. À l’époque, Hitler et Mussolini investissent massivement leurs armées contre la république. L’Angleterre, les États-Unis, le Canada et les autres se disent « neutres » devant cette répétition générale de la Deuxième guerre mondiale. Cependant, beaucoup de monde refuse cette injustice. Un peu partout dans le monde, des travailleurs, des enseignants, des soldats et des matelots révoltés se portent volontaires pour combattre le fascisme. Ces « brigades internationales » envoyées par les mouvements sociaux et politiques comprennent plus de 1 200 volontaires du Québec et du Canada dans la fameux bataillon « Mackenzie-Papineau » (les « Mac-Pap). Ils combattent avec les Républicains dans une guerre impossible et plus de la moitié d’entre eux périssent pour la démocratie. Après la défaite de la République et l’extirpation des survivants brigadistes, ceux-ci sont menacés de « poursuites » par le gouvernement canadien. D’autres sont ostracisés par l’Église catholique qui clame que les dictateurs Franco et Mussolini défendent la « civilisation chrétienne ». Si vous tenez à vous souvenir aujourd’hui, pensez aux héros du MacPap.

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