Édition du 14 mai 2024

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Le président guatémaltèque perd son immunité sous la pression de la rue

Le congrès du Guatemala a levé l’immunité du président Otto Pérez Molina, ouvrant la voie à des poursuites dans le cadre d’une affaire de corruption qui a déjà valu une peine de prison à l’ex vice-présidente du pays.

132 parlementaires guatémaltèques se sont prononcés pour la levée de l’immunité judiciaire du président Otto Pérez Molina, emportant la majorité à l’issue d’une délibération historique. 105 voix sur 158 étaient nécessaires pour proposer et acter la suspension de l’immunité, d’où le hashtag #soyvoto105 repris sur des pancartes improvisées à travers l’hémicycle. Les 26 députés restants ne s’étant pas présentés, aucune voix contre n’a été comptabilisée. Les poursuites qui guettent désormais le chef de l’Etat portent sur une fraude fiscale massive pour laquelle Roxana Baldetti, anciennement vice-présidente du pays, est désormais en train de purger une peine de prison. 

La mesure a été votée le 1er septembre, jour de manifestations massives dans la capitale du Guatemala. Par la suite, le président contesté, qui a toujours nié les faits, s’est contenté de déclarer qu’il ne démissionnera pas et qu’il se tiendra à la disposition de la justice. Dans les deux heures qui suivirent l’évènement, un acte judiciaire interdisait d’ores et déjà à Pérez Molina toute sortie du territoire national. Ce dernier, depuis le 21 août, est accusé par le Parquet national et par la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) - elle-même chapeautée par les Nations unies pour renforcer l’Etat de droit dans le pays - d’être à la tête d’un réseau de corruption douanière. Cela fait maintenant quatre mois que, dans le petit pays d’Amérique centrale, des dizaines de milliers de personnes défilent régulièrement pour dénoncer la corruption gouvernementale et exiger la démission du président.

Pendant la séance parlementaire, les manifestants ont consciencieusement formé des couloirs humains pour permettre aux députés d’emprunter des entrées bloquées par des sympathisants du président en exercice. 

"C’était impressionnant, la population a accouru et a formé spontanément une chaîne humaine et un couloir pour que nous puissions passer, distribuant des roses blanches et nous protégeant des agressions de syndicalistes dépêchés pour nous empêcher d’entrer", a commenté le député d’opposition Leonel Lira cité par elfinanciero.com.mx.
La fête dans les rues au terme du vote

Les Guatémaltèques, pour célébrer le succès de leur mobilisation, ont fait brûler des fumigènes et chanté l’hymne national. L’engouement populaire a gagné le centre historique de la ville de Guatemala, où, sur la Place de la Constitution, des milliers de citoyens criaient “Nous l’avons fait !” (¡Sí se pudo !).

Malgré une pluie battante, les turbulentes réjouissances au pied du Palais national de la Culture, ancien siège du gouvernement et symbole du pouvoir national, se sont poursuivies jusque tard dans la nuit.

Clément Detry

Blogueur chez Mediapart.

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