Édition du 14 mai 2024

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Le secteur privé paie mieux ses salariés que l'État québécois

Deux ans après l’adoption des décrets fixant les salaires et les conditions de travail (loi 43), l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a dévoilé aujourd’hui les résultats de son enquête annuelle sur l’évolution comparée des salaires entre les secteurs public et privé. La CSN n’est pas étonnée d’y lire que les salaires dans le secteur public sont toujours à la traîne. Un virage s’impose.

Selon l’ISQ, le retard des salarié-es du secteur public par rapport à l’ensemble des autres salarié-es est de 9,4 % au niveau des salaires ; il s’établit à 5,7 % quand on tient compte des avantages sociaux, soit la rémunération globale. À ce dernier chapitre, le retard des salarié-es de l’État par rapport aux autres salarié-es syndiqués s’établit à 16,7 %.

Une rapide comparaison avec les données colligées l’an dernier par l’ISQ donne l’impression que cet écart se resserre. Toutefois, et ce, malgré les versements faits dans le cadre de l’équité salariale, ces différences tiennent davantage à des changement méthodologiques apportés à l’étude qu’à un rattrapage véritable du secteur public.

En effet, à la lecture du rapport, on constate que les augmentations de salaires dans le secteur public ont été plus faibles encore cette année, que celles versées partout ailleurs. Et ces faibles augmentations faisaient suite à deux années de gel salarial imposées par le gouvernement Charest en décembre 2005. Dans les faits, tout indique que la situation se dégrade d’année en année.

Il n’est pas étonnant que le secteur public connaisse de tels problèmes de pénuries de main-d’œuvre lorsqu’on constate les retards salariaux des diverses catégories d’emplois avec le secteur privé : 11,2 %, chez les professionnel-les, 8,5 % pour les techniciennes et techniciens, 7,5 % chez les employé-es de bureau et pas moins de 32,5 % pour les ouvriers. En maintenant de tels écarts, le gouvernement risque d’accélérer le glissement de l’expertise du secteur public vers le secteur privé.

Changer de cap

Le vice-président de la CSN, Louis Roy, estime que des années de laisser-faire ont mis à mal la capacité de l’État d’offrir les services que les citoyens sont en droit d’attendre. « Les citoyennes et les citoyens veulent que les services publics soient assurés par les personnes les plus compétentes et les plus motivées possible. Autrefois, l’État québécois offrait des conditions de travail comparables à celles du secteur privé, sinon supérieures dans certains aspects ce qui lui permettait d’attirer et de retenir une main-d’œuvre qualifiée. La détérioration des conditions de travail par rapport à celles offertes dans le secteur privé n’est pas étrangère aux problèmes de pénurie de main-d’œuvre à laquelle les organismes publics font face aujourd’hui. Nous avons une responsabilité collective d’assurer un financement adéquat et des conditions de travail décentes. Nous sommes mûrs pour un virage majeur », croit Louis Roy qui souhaite voir le gouvernement inviter les organisations syndicales représentatives à entreprendre des discussions avant l’échéance des conventions collectives, en avril 2010.

« Ce que nous souhaitons, par-dessus tout, c’est une politique salariale pour régler les problèmes globalement plutôt que d’y aller avec des ententes à la pièce pour une catégorie ou l’autre. Le gouvernement ne peut continuer à justifier ses décrets de 2005 sous prétexte d’un manque d’argent dans les coffres de l’État. En effet, depuis décembre 2005, le gouvernement a choisi de se priver de plusieurs milliards en revenus de taxes et d’impôts. Une somme environ deux fois plus élevée que le coût de la demande salariale totale des 500 000 employé-es de l’État présentée par le Front commun à l’automne 2005 qui équivalait à un investissement de 2,3 milliards », ajoute Louis Roy.


Source : CSN - 29 novembre 2007

Mots-clés : Communiqués

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