Édition du 23 avril 2024

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Québec

Le transport en commun menacé !

Le gouvernement de la CAQ poursuit son entreprise de destruction du filet social. Après la santé, l’éducation, le logement et l’énergie, c’est maintenant le tour du transport en commun.

La ministre Guilbault a fait grand bruit la semaine dernière en refusant de combler le déficit des sociétés de transport en commun. Ce manque de vision met en péril un moyen de transport dont dépendent pourtant de nombreuses personnes pour aller travailler, chercher les enfants à l’école ou aller chez le médecin.

L’offre finale de la ministre est tombée : elle épongera 70 % des déficits des sociétés de transport avec une aide totale de 265 millions pour 2024. Elle prétend que le gouvernement n’a pas l’argent pour en faire plus. Pourtant, Québec s’apprête à investir 2,8 milliards dans la compagnie suédoise Northvolt pour la production de batteries électriques.

La ministre affirme qu’il faudrait couper en santé ou en éducation pour mieux financer le transport collectif. Si le gouvernement a les moyens de verser 7,6 milliards sur 5 ans pour l’incitation à l’achat de voitures électriques, de construire un pont-tunnel et de baisser les impôts, comment explique-t-il qu’il n’a pas d’argent pour financer les services publics, les programmes sociaux et le transport en commun ? Ce n’est pas une question d’argent. C’est une question de choix politiques.

Le transport en commun est le moyen le plus efficace pour réduire les GES, comme l’a révélé une étude réalisée par l’Association du transport urbain du Québec. Le transport routier est responsable de 35 % de nos émissions de GES, c’est là qu’il faut agir, mais avec cohérence de grâce. Pour arriver à nos objectifs de réduction des GES, on a besoin du transport collectif. On dirait bien que la CAQ ne l’a pas compris !

Le transport en commun a besoin d’investissements, pas de coupures  !

Le collectif les assoiffé.e.s de justice soutenu par l’ACEF du Nord de Montréal revendique, depuis plus de deux ans, rien de moins que la gratuité du transport en commun pour tous et toutes. Non seulement, cela répondrait à nos objectifs climatiques, mais aussi de justice sociale en assurant la capacité de se déplacer à toute la population. C’est une belle opportunité de repenser notre société.

Cette mesure, qui peut sembler utopiste, coûterait un milliard supplémentaire par an au gouvernement. C’est à peine plus que la moitié de ce qu’a coûté la baisse d’impôt (1,8 milliard) de 2023. Baisse d’impôt qui a un impact mineur sur les contribuables. On parle d’une baisse de 109 $ par an pour un revenu de 30 000$ et de 329 $ pour un revenu de 50 000$. En ces temps inflationnistes difficiles, la gratuité du transport en commun aurait un impact financier beaucoup plus grand pour les ménages. À Montréal, par exemple, un couple avec deux adolescents économiserait plus de 300 $ par mois.

Pourquoi le gouvernement devrait-il payer un milliard de plus pour le transport collectif si ce n’est pas tout le monde qui l’utilise ? Eh bien, tout le monde paie pour les routes. Et ça coûte pas mal plus cher qu’un milliard par année. Le budget de la ministre du transport qui est alloué au transport routier (70 %) est beaucoup plus important que pour le transport en commun (30 %). Or, celles et ceux qui n’ont pas de voiture paient pour ça aussi. Rappelons que l’usage de la voiture coûte 4,8 fois plus cher au gouvernement que le transport collectif.

Avec le refus de la ministre Guilbault de financer la totalité du déficit des sociétés de transport alors que le gouvernement a annoncé des milliards pour le développement de la filière des batteries électriques, ça ne peut être plus clair : la CAQ ne veut pas investir dans le transport en commun. La transition énergétique n’est ni plus ni moins une occasion d’affaires avec en son centre la voiture solo.

Le ministre Fitzgibbon a annoncé des investissements totaux de 50 milliards pour la transition énergétique. Assurons-nous qu’elle soit véritablement durable, centrée sur les besoins des citoyen.e.s, et orientée vers un avenir plus prometteur. Faisons un pas dans la bonne direction et prenons une partie de cet argent pour instaurer la gratuité du transport en commun. Le gouvernement doit faire preuve de leadership. Il est temps qu’il repense ses priorités et qu’il investisse dans des solutions qui profitent à tous et toutes et pas juste aux propriétaires de Tesla.

Isabelle Mailloux-Béïque et Dominique Gagnon, conseillères budgétaires à l’Association coopérative d’économie familiale du Nord de Montréal.

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