Édition du 14 mai 2024

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États-Unis

Les Républicains mènent la guerre aux immigrantEs et Biden ne protège pas ces derniers

Le Parti républicain, comme d’autres partis de droite dans le monde, a fait des immigrantEs l’ennemi. Un État – le Texas – pourrait même déclarer l’état de guerre face aux « envahisseurs » immigrés. Tout cela fait partie de la tentative du Parti républicain d’attiser la peur et la colère parmi sa base afin de l’inciter à voter lors des élections de mi-mandat de novembre.

Hebdo L’Anticapitaliste - 614 (05/05/2022)

Par Dan La Botz

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Wikimedia Commons.

Les États-Unis ont un taux d’immigration élevé, acceptant environ 1,2 million d’immigrantEs légaux chaque année, tandis qu’environ 250 000 immigrantEs sans papiers sont retenus chaque année à la frontière, bien que de nombreux autres entrent sans être repérés. Entre 150 000 et 300 000 immigrantEs tentent d’entrer dans le pays chaque mois, beaucoup sont des individus ou des familles entières qui demandent l’asile. Les immigrantEs viennent pour fuir la violence, rechercher des opportunités économiques ou espèrent trouver des libertés civiles et la démocratie. Avant que Donald Trump ne devienne président, les demandeurEs d’asile pouvaient entrer dans le pays après avoir été entendus lors d’une audience d’immigration, bien qu’en raison des retards, l’attente pour une audience était en moyenne de quatre ans.

Biden : les paroles vs les actes

Trump a changé tout cela en invoquant le titre 42, une obscure loi de santé publique de 1944 conçue à l’origine pour les citoyenEs américains et les étrangers qui pourraient devoir être mis en quarantaine à l’entrée ou au retour dans le pays. C’est Stephen Miller, conseiller du président Trump, idéologue nationaliste blanc d’extrême droite, qui, au plus fort de la pandémie de covid, a suggéré pour la première fois d’utiliser cette loi pour tenir la promesse de cette administration de garder les immigrantEs hors du pays.

Ainsi, en mars 2020, alors que Trump déclarait que la pandémie de covid était une urgence nationale, les Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) ont donné aux agents de l’immigration le pouvoir d’utiliser le titre 42 pour refuser les immigrantEs potentiels à la frontière. Les agents des patrouilles frontalières ont utilisé cette nouvelle autorité pour expulser rapidement des personnes, en ignorant souvent leurs droits. Refouler les demandeurs d’asile sans les entendre au cours d’une audience est une violation du droit étatsunien et international, mais cette pratique est devenue courante.

En tant que candidat, Joseph Biden s’est opposé à l’utilisation du titre 42, tout comme le Parti démocrate. Pourtant, en tant que président, il a laissé la règle en place. Au cours des six dernières années, environ la moitié de touTEs les immigrantEs qui ont tenté d’entrer dans le pays à la frontière sud sans autorisation, soit environ 700 000, ont été, en vertu du titre 42, renvoyés au Mexique, qui a ensuite expulsé les non-Mexicains. Les Démocrates libéraux et progressistes veulent maintenant que Biden et le Congrès mettent fin aux expulsions à la frontière au motif du titre 42, ce qui entraînerait certainement une forte augmentation du nombre d’immigrantEs entrant dans le pays. Mais plusieurs Démocrates qui se présentent aux élections de novembre ne veulent pas qu’on touche à cette politique avant ces élections.

Les Républicains à l’offensive

Les Républicains, en revanche, veulent que l’immigration soit au centre des prochaines élections, affirmant que les Démocrates permettent une « invasion d’immigrants ». Le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, un État dont la frontière avec le Mexique s’étend sur plus de 2 000 kilomètres, a pris plusieurs mesures spectaculaires pour mettre l’accent sur l’immigration, dépensant un montant extraordinaire de 3,5 milliards de dollars pour la sécurité des frontières. À la fin de l’année dernière, Abbott a mobilisé 10 000 membres de la Garde nationale du Texas pour prétendument aider les agents de la patrouille frontalière, une opération mal gérée et inefficace. En avril, il a fait charger des dizaines de migrantEs – touTEs autorisés à entrer légalement aux États-Unis – dans un bus et les a expédiés à Washington, DC, dans le but d’embarrasser Biden et les Démocrates. Maintenant, Abbott envisage de déclarer la guerre à l’envahisseur. La Constitution dit que seul le gouvernement fédéral peut déclarer la guerre, sauf si un État est effectivement envahi, auquel cas cet État peut le faire. Si le Texas déclarait la guerre, pourrait-il alors ignorer les lois sur l’immigration et simplement arrêter et expulser les immigrantEs, créant ainsi un grave conflit avec Biden et une crise constitutionnelle ? La garde texane tirerait-elle sur les immigrantEs ?

À l’heure actuelle, 57,3 % des Américains désapprouvent la politique d’immigration de Biden, certains étant de gauche, d’autres de droite. La question est de savoir si les effets de manche d’Abbott aideront les Républicains à remporter les élections de mi-mandat de novembre, tant au Texas qu’au niveau national – les sondages leur sont pour l’instant favorables.

Dan La Botz

L’auteur est un professeur d’université américain et un militant de l’organisation socialiste Solidarity.

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