Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

8 mars : Les femmes, surtout certaines, sont les premières victimes des guerres, de l’extrême droite et du système financier international. Toutes en grèves et vivent les luttes féministes intersectionnelles !

Dans le contexte de la crise multidimensionnelle du capitalisme, de la gravité de la crise écologique, de la montée en puissance de l’extrême-droite partout dans le monde et de viols et assassinats de femmes [1] au cours de guerres de plus en plus nombreuses, il est plus qu’urgent de rester mobilisé·es et d’amplifier les luttes féministes intersectionnelles.

Tiré de CADTM infolettre , le 2024-03-08
par CADTM International
Photo : Womin

25 000 femmes et enfants ont été tué·es à Gaza depuis le début de la guerre génocidaire menée par le gouvernement sioniste d’Israël le 8 octobre 2023. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, environ 3.238 femmes et filles ont été tuées et 4.872 ont été blessées, et la guerre a déplacé quelque 4 millions de personnes en Ukraine, dont 56 % sont des femmes. Médecins Sans Frontières a recensé 18 000 cas de violences sexuelles entre janvier et octobre 2023 [2] dans la province du Nord Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). Victimes des conséquences directes des bombardements comme toute la population (la faim, manque de soins …), les femmes, leurs corps, leur dignité, sont spécifiquement ciblés par la violence patriarcale et guerrière.

De plus, la crise migratoire touche particulièrement les femmes et accroît leur oppression et leur exploitation. Cette violence n’est qu’une des nombreuses raisons derrière la migration qui, contrairement à la guerre, la destruction et les viols de masse, est criminalisée, générant elles aussi de nombreuses violences économiques, physiques, sexuelles, symboliques... Dans un contexte où de nombreux métiers dévalorisés sont toujours assignés aux femmes, l’exploitation des femmes migrantes dans ceux-ci ne fait que croître, amplifiant ainsi les oppressions croisées qu’elles subissent, y compris entre femmes.

Parallèlement, l’extrême-droite monte partout dans le monde. Avec elle, des revendications réactionnaires mettent en péril des droits qui nous semblaient inébranlables, comme celui de l’avortement. Aux États-Unis, par exemple, l’arrêt Roe v. Wade a été abrogé par la Cour suprême en juin 2022, supprimant le droit fédéral à l’avortement et laissant la liberté à chaque État de statuer individuellement sur la question. Depuis lors, 14 États ont interdit l’accès à l’avortement [3]. Autre exemple, Javier Milei, élu Président de l’Argentine en novembre 2023, s’attaque très durement aux droits des femmes. Il souhaite également abroger la loi qui légalise l’avortement.

Par ailleurs, le capitalisme néolibéral touche les femmes de manière spécifique. Les institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale imposent, au nom du remboursement de la dette publique, des politiques d’austérité et d’ajustement budgétaire dans le monde entier. Ces politiques impactent spécifiquement les femmes, surtout certaines (femmes migrantes, pauvres, mères célibataires, personne LGBTQIA+). Elles subissent la fermeture des services publics, dont elles sont les travailleuses et bénéficiaires majoritaires, pour elles (maternités, planning familiaux, centres d’accueils,…) et les personnes qu’elles ont à charge (crèches...) , et compensent le retrait de l’État providence. Leur travail gratuit (activités de soin envers leurs proches), mais aussi leurs dépenses (suppression de subsides, augmentation des prix sans augmentation de revenus, endettement…), augmentent considérablement.

Aux Suds, notamment en Afrique et en Asie du Sud, les institutions de microfinance ne cessent de se développer. Elles imposent souvent des taux d’intérêt démentiels aux femmes (jusqu’à 200% au Sri Lanka). Les débitrices subissent les pressions des créanciers qui les poussent parfois au suicide. De plus, l’influence de ces institutions donne lieu, dans certains pays comme le Sri Lanka, à l’interdiction des pratiques de prêts communautaires et solidaires entre femmes.

Les femmes sont également les principales productrices des produits de base dans les pays du Sud. Elles sont très impactées par le changement climatique et l’agrobusiness destructeur.

Les femmes sont clairement au premier plan dans de vastes mouvements de protestation de masse et dans des soulèvements populaires ces dernières années contre l’ordre établi, contre l’exploitation, les violences, le racisme et un ordre économique qui ne fait que renforcer les inégalités de genre, et ce en pleine conscience. Elles sont aussi au devant des batailles environnementales, paysannes, pour la défense de la terre et de l’eau, des droits humains et contre la répression.

Dans ce contexte d’attaques très claires sur les droits des femmes, le réseau CADTM International est plus que jamais mobilisé. Récemment, la coordination féministe du CADTM Afrique a organisé un séminaire de renforcement des capacités des femmes, à Yaoundé, au Cameroun. Parmi les revendications exprimées par les 38 participantes :

Fédérer et organiser des actions autour de la lutte pour l’annulation des dettes illégitimes et contre l’extractivisme, en insistant sur leurs impacts sur les femmes
Lutter pour la mise en place d’audits féministes de la dette et des mégaprojets financés par les institutions financières internationales
Au sein des luttes, donner la parole aux femmes des communautés et prendre en compte leurs besoins
Exiger des réparations pour les dommages causés aux populations et aux femmes en particulier, suite à l’implantation de projets de développement aux impacts négatifs sur les conditions de vie des communautés locales
Dénoncer la microfinance abusive qui accentue la pauvreté et le harcèlement des institutions de microfinance envers les femmes et développer des alternatives : Des crédits sans intérêt ou à taux très bas pour les populations marginalisées.
La lutte continue !

Notes
[1] Lorsque nous faisons référence aux femmes, il s’agit de toute personne identifiée et/ou s’identifiant comme femme. Le terme « femme » est ici utilisé comme catégorie politique pour dénoncer des rapports de domination qui ont lieu dans l’ordre genré et patriarcal dans lequel nous vivons. Les rapports de genre et les luttes qui y sont liées ne se limitent évidemment pas à deux genres ; les vécus et les identités de genre sont multiples.

[2] Bastien Massa, « RDC : à l’ombre du conflit, les femmes en proie à une hausse des viols », Mediapart, 20/02/2024, https://www.mediapart.fr/journal/international/200224/rdc-l-ombre-du-conflit-les-femmes-en-proie-une-hausse-des-viols.

[3] Fatoumata Sillah, « Etats-Unis : un an après Roe vs Wade, le droit à l’IVG Etat par Etat », Le monde, 24 juin 2023, https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/24/etats-unis-un-an-apres-roe-vs-wade-le-droit-a-l-ivg-etat-par-etat_6179041_3210.html

Auteur.e

CADTM International

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