Édition du 7 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Les ouvriers sylvicoles font un travail non reconnu

Devant les pitoyables conditions de travail des quelque 7000 ouvriers sylvicoles du Québec et en raison de leur apport indispensable à la régénération de nos forêts, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération des travailleurs et des travailleuses du papier et de la forêt (FTPF–CSN) et le Syndicat national de la sylviculture (SNS–CSN) lancent, aujourd’hui, une vaste offensive afin de faire reconnaître ce métier à sa juste valeur. Celle-ci s’inscrit dans le cadre de la campagne plus globale de la CSN, qui vise à revitaliser l’industrie forestière dans son ensemble et à soutenir les travailleurs.

Sur le thème « Une ressource à protéger, des emplois à sauvegarder — Les travailleurs sylvicoles : indispensables ! », la campagne mettra en outre l’accent sur le fait que sans ces ouvriers, la forêt québécoise court à sa dégénérescence à long terme puisqu’un terrain nouvellement reboisé prend des décennies avant d’atteindre sa maturité. Les députés de l’Assemblée nationale ont récemment été invités, par lettre, à appuyer les revendications des sylviculteurs.

Manifestation des travailleurs sylvicoles

Lors d’une conférence de presse tenue en présence de nombreux travailleurs et travailleuses sylvicoles, à Québec, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, a rappelé que « la forêt de demain dépend des sylviculteurs d’aujourd’hui ; des dizaines de milliers d’emplois découlent directement de cette ressource essentielle ». Elle estime donc que des changements majeurs sont nécessaires dans l’organisation structurelle de l’aménagement forestier du Québec afin, notamment, de permettre aux ouvriers sylvicoles, qui se font de plus en plus rares, de bénéficier de conditions de travail concurrentielles et sécurisantes.

Quant au vice-président de la FTPF–CSN, Michel Fortin, il a rappelé que l’aménagement forestier ne peut se concevoir ni se réaliser sans l’apport des ouvriers sylvicoles. À cet égard, il a relevé des constats du rapport Coulombe mentionnant, entre autres, les conditions de travail non adaptées aux contraintes du métier, les nombreux accidents de travail, le logement déficient, la rémunération nette insuffisante, la rémunération au rendement à revoir, la pénurie de main-d’œuvre alarmante, le métier très peu valorisé et l’absence de reconnaissance.

Claudette CarbonneauLa CSN, la FTPF et le SNS revendiquent : un virage majeur dans la sylviculture québécoise en plaçant le travailleur sylvicole au cœur de celui-ci ; la création d’une société de l’aménagement forestier dirigée, en concertation, par un comité représentatif du milieu forestier, qui aurait comme mandats d’appliquer les orientations du Québec en matière d’aménagement forestier, d’accroître les rendements et la valeur du capital ligneux afin de soutenir l’industrie, l’encadrement et le support des entreprises sylvicoles certifiées à qui les travaux de planification et d’exécution sylvicoles seraient confiés ; l’abolition du paiement des redevances forestières par des travaux sylvicoles et le paiement de toutes les redevances en argent ; un mode de rémunération à l’heure ; ainsi que l’application des propositions les concernant, contenues dans le rapport Coulombe.

Des travailleurs délaissés

Le président du SNS–CSN, Bernard Forest, s’est dit convaincu que l’avenir de l’aménagement forestier passe par une amélioration des conditions de travail, une rémunération horaire et des avantages sociaux susceptibles d’attirer les jeunes. « En 2007, dit-il, nous sommes les seuls travailleurs à forfait dans l’industrie des produits forestiers au Québec, alors que c’est nous qui sommes soumis aux plus grandes contraintes de production sur le terrain. »

Plutôt mal connu, ce métier comporte les volets suivants : la plantation d’arbres, le débroussaillage et l’abattage manuel. Pour obtenir un salaire convenable, l’ouvrier sylvicole doit parfois travailler, dans des conditions extrêmement difficiles, de 12 à 16 heures par jour. Les travailleurs sylvicoles réclament une amélioration de leurs conditions de travail. Portant ses lourds instruments, qu’il paye, il doit régulièrement se rendre dans des lieux inhospitaliers et éloignés, à ses frais. Étant payé à forfait, il doit travailler vite, manger vite, toujours, de sorte que les accidents sont fréquents. En plus, le travailleur sylvicole est soumis à un contrôle de qualité sévère qui entraîne des pénalités monétaires. En été, les moustiques le harcèlent constamment et le camp où il loge est presque toujours dépourvu de tout confort, de sorte que le repos nécessaire à sa vitalité devient difficile. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les jeunes ne veulent plus suivre leurs aînés dans les bois. La moyenne d’âge des travailleurs est maintenant de 51 ans.

Afin de venir en aide à ces travailleurs délaissés, la CSN et la FTPF–CSN avaient entrepris une campagne de syndicalisation en 1999, qui a donné naissance, deux ans plus tard, au SNS–CSN ; ce syndicat représente maintenant plus de 850 ouvriers sylvicoles. Bien que 18 conventions collectives avaient été conclues à cette époque, ce qui avait permis d’améliorer les conditions et les relations de travail qui étaient encore plus déplorables auparavant, un virage crucial reste à faire.


Sources : CSN - 10 décembre 2007

Mots-clés : Communiqués

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