Édition du 30 avril 2024

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« Les résultats du scrutin poussent à une situation dangereuse »

Les résultats du scrutin confortent la position du FLN qui signe ainsi la continuité du régime.

(tiré de El Watan)

Un scrutin sans émergence d’une réelle opposition. Le parti vainqueur se réjouit, l’Alliance verte crie à la fraude, les autres partis qualifient les résultats de « surréalistes et inacceptables ». Chaque formation politique réagit en fonction de la position qui lui a été réservée.

Qu’en est-il de l’effet de ces résultats sur le devenir de l’Algérie ? D’après les discours des participants à la campagne électorale, l’Algérie serait « menacée par des forces occultes ».

Une fois les résultats des législatives rendus publics, le front anti-main étrangère est-il constitué ?

De l’avis de Ahmed Adhimi, politologue, la situation d’après les élections législatives est « très dangereuse » ; il n’a pas hésité à la comparer à celle de l’Egypte avant la chute de Moubarak. « Les dernières élections en Egypte (législatives de 2010) avaient renforcé le Parti national démocratique (PND) de Hosni Moubarak, ce qui n’a pas empêché sa chute et par la suite l’embourbement de l’Etat égyptien », compare M. Adhimi. Et de poursuivre : « Personne ne s’attendait à ce résultat (victoire écrasante du FLN). Le FLN comme première force politique c’est acceptable car c’est l’un des rares partis qui sont présents sur tout le territoire national. Toutefois, obtenir 220 sièges sur 462, c’est une autre situation », juge le politologue. Par « autre situation », M. Adhimi vise une situation de statu quo et d’absence de changement « dans le cas où le peuple a voté pour le FLN », dit-il.

Sans parler explicitement de fraude, le politologue s’appuie dans son analyse sur deux hypothèses : la première porte sur les résultats de vote sans fraude et la deuxième sur les résultats truqués.

Dans la première hypothèse, c’est-à-dire en l’absence de fraude, l’analyste fait la lecture que les Algériens ne veulent pas du changement et qu’ils sont majoritairement pour le statu quo.

Mais même dans ce cas, notre interlocuteur évoque tout de même le malaise des jeunes que « le pouvoir n’arrive pas à comprendre ».

« Ceux qui ont voté sont des vieux. C’est un vote traditionnel qu’ils ont accompli par coutume », fait-il remarquer.

Ainsi, le FLN « va se retrouver confronté à une situation très difficile », à savoir le mécontentement du peuple.

Dans le cas où le scrutin a été truqué, « les fraudeurs n’ont pas mesuré la gravité des choses. Ils n’ont aucun sens du nationalisme. Ils poussent les Algériens à réagir de manière violente. Ce qui n’est pas dans l’intérêt de l’Algérie », met en garde Ahmed Adhimi.

Ce dernier revient sur le taux de participation, qu’il trouve « faible ». Et ce, vu les efforts fourni par l’Etat. « Les autorités ont tout essayé, à commencer par les fetwas dans les mosquées jusqu’au discours du président de la République à Sétif », estime le politologue.

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