Édition du 23 avril 2024

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Québec

Les super-riches et l'explosion des inégalités : Portrait et pistes de solutions

L’organisation d’une réponse aux écarts salariaux et à la concentration de la richesse est une dimension importante du combat social en vue d’instaurer une meilleure justice sociale. En réponse à l’indignation que suscitent les salaires excessifs des médecins et des dirigeants de sociétés, on a bien entendu en 2018 le Parti québécois proposer une « taxe glouton » sur les revenus très élevés, tandis que Québec solidaire voulait imposer un « salaire maximum » aux dirigeants de sociétés d’État. Malgré tout, les débats sur les inégalités, lorsqu’ils font surface, sont le plus souvent limités à un discours anti-pauvreté. Les programmes québécois conçus pour protéger les gens au bas de l’échelle ont leur raison d’être et doivent continuer à être étendus, mais leur accès et leur financement sont grandement liés à la concentration des richesses. Dans les lignes qui suivent, nous examinons les tendances récentes en matière d’inégalités et présentons quelques outils pour se prémunir contre une concentration accrue de la richesse en contexte québécois.

Tiré du site de l’IRIS.

Extraits du rapport

Pour lire l’intégral du rapport

Faits saillants

 La croissance économique des dernières années a freiné la progression des inégalités au Québec, mais elle n’a pas réduit les écarts de revenus entre les plus riches et le reste de la population.

 L’imposition des personnes à hauts revenus a diminué au fil du temps. L’impôt est moins progressif qu’il ne l’a déjà été avec pour résultat une diminution de la part d’impôt payé par les plus riches sur leurs revenus

 Combinée à une réforme de la fiscalité des particuliers, l’instauration d’un salaire maximal notamment pour les hauts dirigeants du secteur public et pour ceux du secteur privé qui bénéficient d’un soutien de l’État permettrait de modérer la concentration de la richesse au Québec.

Tableau 1
Les 11 milliardaires, Québec, décembre 2019
Nom Fortune (milliards $) Entreprise/Domaine d’activité
Emanuele (Lino) Saputo 5,1 Produits laitiers Saputo
Alain Bouchard 3,7 Dépanneurs Couche-Tard
Jean Coutu 2,4 Pharmacies Jean-Coutu
Robert Miller 2,4 Future Electronics
Charles Bronfman 2,3 Seagram, Expos de Montréal
Serge Godin 1,9 CGI Group – gestion et informatique
Jacques D’Amours 1,8 Dépanneurs Couche-Tard
Marcel Adams 1,7 Immobilier,Galeries de la Capitale
Pierre Karl Péladeau 1,7 Québecor – Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec
Stephen Jarislowsky 1,6 Jarislowsky Fraser - gestion et placement
Guy Laliberté 1,0 Cirque du Soleil

SOURCE : Forbes, The World’s Billionnaires, consulté le 18 décembre 2019.

Quelques pistes de solutions

Depuis le milieu des années 1990, le gouvernement a adopté une démarche élargie pour lutter contre la pauvreté afin de faire du Québec une société plus équitable. Certains chercheurs trouvent que le Québec se porte relativement bien en matière de lutte à la pauvreté. La stratégie québécoise aurait, selon eux, mieux performé que celles des autres provinces et se défend assez bien en comparaison des politiques d’autres pays fortement industrialisés55.

Mais ce portrait général ne doit pas occulter la progression fulgurante de la rémunération des hauts dirigeants et des médecins ainsi que l’accumulation des fortunes. De ce côté, la stratégie québécoise n’a nullement empêché la répartition inégalitaire des revenus et la concentration de la richesse dans la province (a).

Une panoplie de mesures ont été proposées tant au Québec qu’à l’étranger pour redresser les écarts de revenu et prévenir la concentration de la richesse. Mais compte tenu de notre analyse, deux éléments s’imposent prioritairement à l’ordre du jour des politiques québécoises si l’on veut réduire les inégalités : imposer un salaire maximum aux dirigeants et aux médecins et mieux répartir les charges fiscales.

Conclusion

Des voix s’unissent aujourd’hui pour inciter les leaders politiques à faire payer aux plus riches leur juste part d’impôts, à investir davantage dans les services publics et à mieux répartir la richesse. Une panoplie de mesures
ont été proposées, tant au Québec qu’à l’étranger, pour redresser les écarts de revenu et prévenir la concentration de la richesse.

Le salaire maximum pour les dirigeants d’entreprise et les médecins, le revenu maximum et la révision attentive du partage des charges fiscales sont des formules qui assureraient une meilleure répartition de la richesse au Québec. Bien sûr, la tâche semble monumentale. Par contre, nous proposons des initiatives concrètes que le gouvernement du Québec peut adopter sans tarder pour affirmer qu’une société moins inégalitaire et plus démocratique lui tient à cœur.

Nicole F. Bernier

Chercheure à l’IRIS.

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