Édition du 7 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

Michael Moore : « Le jugement de la Cour Suprême sur l'assurance maladie est une victooire sur le chemin vers un plan universel »,

Democracy Now, 29 juin, 2012,
Traduction et organisation du texte, Alexandra Cyr,

DN, Amy Goodman : (…) J’ai demandé à Michael Moore sa réaction à ce jugement.

Michael Moore : Je vais commencer par souligner tout ce qui est positif. C’est vraiment une grande victoire pour notre camp, malgré les inquiétudes que je conserve. Ça ne va pas assez loin. Ça ne couvre pas toute la population. Ce n’est pas un véritable plan universel. Mais, malgré tout, la droite vient de subir toute une défaite. C’est un vrai coup de poing contre leur conception de ce que devrait être notre pays. Et ce seul résultat devrait nous faire nous sentir bien en ce moment. Je sais que nous n’avons pas l’habitude de l’euphorie pour quoi que ce soit. Ça ne nous arrive pas souvent, mais cette fois, nous devrions tous et toutes nous arrêter pour célébrer notre victoire.

Mais dès demain il faut reprendre le combat. Nous devons travailler pour Medicare pour tous et toutes, pour que toute la population soit assurée, pour un véritable plan gouvernemental ; pour tout cela. Si le jugement avait été contraire, cette lutte s’annoncerait bien plus difficile. Le meilleur résultat qu’amène cette décision, c’est le tournant historique vers l’avant qu’elle imprime sur le bon chemin vers ce que nous aurons un jour à l’image de tous les pays civilisés. Alors, en ce moment je me sens vraiment bien.

Et demain, peut-être même ce soir, nous allons commencer à parler du rôle de cette loi dans la structuration et la création d’énormes profits pour les compagnies d’assurance. Et au bout du compte nous ne pourrons pas accepter que des compagnies fassent des profits avec les maladies des gens. L’assurance privée n’est pas le bon moyen pour régler ce problème. Nous allons devoir continuer à avancer.

(…)

A.G. : (…) Michael Moore, (vous êtes) le gagnant d’un trophée de l’Académie du film. C’est le 5ième anniversaire de la sortie de votre documentaire, Sicko. (…).

Michael, nous avons parlé à beaucoup d’avocatEs de la solution du plan universel. Ils et elles nous disent ne pas être surprisEs du vote du juge en chef Roberts parce qu’en fait c’est se mettre du côté de l’industrie de l’assurance que vous avez visé dans votre documentaire. Alors, que voulez-vous dire quand vous dites que demain il faut commencer la bataille pour Medicare pour tous et toutes. Dans quel sens cela devrait-il aller ?

M.M. : Il faut aller exactement vers ce que vous venez de dire : Medicare pour tous et toutes. Nous devons étendre les bénéfices de Medicare à tout le monde dans ce pays. Bien sûr, les compagnies d’assurance ne veulent pas cela ; elles prétendent qu’en fin de compte Medicare pour tous et toutes ça ne fonctionnera pas parce qu’elles ne s’en occuperont pas. Avec la loi telle qu’elle est, ce sont les compagnies d’assurance qui déterminent ce qui va se passer. Elles vont être plus contraintes que dans le passé. Par exemple, un des grands succès aujourd’hui, est l’obligation dans laquelle elles sont de ne plus refuser d’assurer qui que ce soit sous prétexte de conditions médicales préexistantes. Elles doivent assurer les enfants jusqu’à 26 ans via l’assurance des parents.

Donc il y a ici et là de petites provisions (positives). On ne parle que de l’obligation de s’assurer comme le centre de cette loi. Mais il y a d’autres aspects de la loi qui sont tout aussi importants sinon plus selon moi. Quant à l’obligation de s’assurer, je n’ai jamais été pour parce que ce sont les compagnies d’assurance qui vont accumuler cet argent. Si c’était différent, si c’était le gouvernement qui gérait tout cela, vous et moi en serions responsables ; oui tout le monde doit être partie prenante du système. Nous sommes tous et toutes ensembles dans cela. Nous devons tous et toutes assumer le poids de la chose. Nous devons prendre soin les unEs des autres.

C’est donc cette bataille qu’il faut continuer. C’est l’Association nationale des infirmiers-ères qui va en prendre le leadership. Nous serons avec elle pour soutenir ses efforts. Et, voyez-vous, je suis optimiste. Je sais que ça ne sera pas facile mais si nous savons voir à long terme, chaque pas ira vers l’avant, dans la bonne direction, pas vers un retour en arrière.

Sur le même thème : États-Unis

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...