Sept personnes ont été tuées depuis mercredi dans les émeutes contre la vie chère à Maputo, dont trois jeudi matin dans les affrontements qui se poursuivent dans les faubourgs pauvres de la capitale mozambicaine. Pour la deuxième journée consécutive, des habitants de Maputo ont bloqué des rues à l’aide de pneus incendiés et pillé des commerces afin de protester contre l’envolée des prix des denrées de première nécessité au Mozambique. Ces violences, qui ont coïncidé avec l’entrée en vigueur mercredi d’une hausse de 30 % du prix du pain, sont les plus graves observées depuis les "émeutes de la faim" de 2008 dans cette ancienne colonie portugaise d’Afrique australe.
"Les blessures et la mort ont été causées par les émeutes, cela ne fait aucun doute", a déclaré la Croix-Rouge, précisant que deux personnes avaient été tuées par balles et une avait péri noyée. L’hôpital central de Maputo avait recensé jeudi matin plus d’une centaine de blessés, dont de nombreux par balles. De nombreux témoignages accusent la police de faire usage de balles réelles pour disperser les émeutes, ce dont elle se défend.
Le ministre de l’intérieur, José Pacheco, a estimé que les troubles devaient cesser et invité ses compatriotes à adresser leurs griefs au gouvernement par la voie du dialogue. Il a affirmé sur la chaîne de télévision privée STv que les forces de l’ordre qui ont ouvert le feu sur les manifestants n’avaient pas reçu l’ordre de tirer à l’aide de balles réelles. Selon de hauts responsables de la police, des balles réelles ont bien été tirées mercredi en certains points de la capitale par des policiers à court de projectiles en caoutchouc.
Les Mozambicains affirment souffrir de l’augmentation des prix des denrées de base, qui vient s’ajouter à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité. Le pays, qui ressent toujours les effets de la guerre civile de seize ans dans les années 1970, est très dépendant de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a augmenté ces derniers mois en raison de la hausse du rand.
Tiré du journal Le Monde du 2 septembre 2010
