Édition du 14 mai 2024

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Politique québécoise

Point de justice sociale sans justice fiscale

Le gouvernement péquiste a fait volte-face par rapport à certaines promesses électorales, et ce, quasiment plus rapidement que Lucky Luke aurait pu le faire. Il a en effet tourné le dos à l’abolition de la taxe santé pour 2012 et 2013, reculé sur la question du rehaussement de l’imposition sur les gains en capital et des revenus de dividendes des particuliers, et, surtout, reculé sur l’introduction de deux nouveaux paliers d’imposition qui auraient pu rapporter plus de 600 millions $ dans les coffres du gouvernement. Pourtant, le gouvernement clame haut et fort qu’il manque d’argent !

Rappelons que les baisses d’impôts successives appliquées depuis 15 ans (tant sous les libéraux que sous les péquistes) privent l’État québécois de plus de 5 milliards $ de revenus par année, expliquant en bonne partie la crise actuelle des finances publiques. Nombreuses études démontrent clairement que ces baisses d’impôts profitent davantage aux plus riches de la société.

Ce qui est étonnant dans cette volte-face, c’est que le Parti québécois n’a même pas livré bataille au sein même de l’Assemblée nationale. Il est vrai que les forces politiques, sociales et médiatiques défendent Québécois les plus riches (les 3,1% gagnant plus de 130 000$). Ces forces puissantes ne se sont pas gênées pour tenir des propos dépassant de loin la « triste » réalité de ces « pauvres » riches criant à l’injustice, à l’iniquité et brandissant même le spectre de déménagement massif ! Pourtant, lorsqu’ils étaient imposés à un taux de 33% dans les années 80 (contre 25,75% appliqué par le Parti québécois pour cette année), personne ne menaçait de déménager ! Bien plus, certains propos ont carrément dépassé la mesure. Par exemple, le président de la Chambre de commerce de Montréal qui déclare qu’imposer davantage les plus riches « risque de les appauvrir » ou, encore, le chef du PLQ qui s’indigne sur le fait que les hausses d’impôt des plus riches créait de « l’anxiété fiscale ». Ces messieurs préfèrent nettement la voie des coupures dans les programmes sociaux et la tarification des services publics pour équilibrer les finances de l’État.

Pourtant, la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics a identifié 17 possibilités d’augmentation des revenus de l’État, et ce, pour un montant total dépassant les 9 milliards $ par année. Oui, il existe des richesses et de l’argent au Québec ; il s’agit de choix idéologiques et politiques à savoir si nous allons vers une société plus juste et plus équitable par le biais des impôts. Sans justice fiscale, aucune justice sociale n’est possible.

Oui, Mme Marois, oui, M. Marceau, vous pouvez et devez faire d’autres choix que ceux mis de l’avant par le gouvernement précédent et votre gouvernement. Oui, vous pouvez et devez tenir minimalement vos promesses électorales. C’est d’ailleurs en grande partie grâce à ces promesses que vous avez été élus.

Normand Gilbert

Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics

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