Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

Un Congrès en cheville avec le 1%

Avec le mouvement des indignés et sa formule symbolique du 99 %, il a beaucoup été question dans la dernière année de la mainmise du 1 % sur la conduite des affaires de l’État et sur sa responsabilité dans la crise économique de 2008.

Ce constat ne devrait pas nous surprendre, surtout lorsqu’on regarde la composition du Congrès américain. Si le phénomène est peut-être moins marqué ici où plusieurs députés d’arrière-ban sont loin de rouler sur l’or, il en va tout autrement au pays de l’Oncle Sam où près de la moitié des membres du congrès, soit 250 représentants et sénateurs, sont considérés comme millionnaires selon une étude (1) du Center for Responsive Politics (CRP), les auteurs s’étant basé sur les valeurs médianes des avoirs et placements déclarés des législateurs étasuniens, démocrates et républicains confondus.

C’est ainsi qu’en 2010 la médiane de la valeur nette des avoirs d’un sénateur étasunien était estimée à 2,63 M$, des revenus en hausse si on les compare au 2,38 M$ de 2009 et 2,27 M$ de 2008. Pour un représentant de la Chambre, la médiane était évaluée à 756 765 $

Des données qui nous démontrent à quel point la plupart des élus sont loin de partager la réalité quotidienne de leurs commettants et sont en définitive beaucoup plus sensibles aux desiderata de leurs pairs fortunés. D’autant plus que plusieurs des revenus des élus proviennent de leurs investissements dans le capital de grandes entreprises multinationales. Le CRP a d’ailleurs répertorié les différentes compagnies qui ont la cote au sein des législateurs étasuniens. Au premier rang on retrouve ainsi General Electric, qui s’avère en outre le troisième lobbyiste en importance à Washington en termes de dépenses. Suivent ensuite Procter & Gamble et Bank of America, puis Microsoft et Cisco Systems, Pfizer, Intel, Wells Fargo, AT&T, Exxon Mobil et Verizon. En tout, ce sont 41 types d’actions différentes ou fonds d’investissements dans lesquels au moins 20 membres du Congrès ont placé leurs avoirs en 2010.

La situation n’est pas très différente lorsque vient le temps d’analyser le cabinet du président Obama. Celui-ci est d’ailleurs loin d’être le plus fortuné de l’exécutif américain, comme l’a constaté une autre étude du CRP (2). C’est Hillary Clinton qui arrive en tête de ce « palmarès », ses avoirs avoisinant les 31 M$, soit près de 4 fois les 7,3 M$ du président. Le salaire annuel de 400 000 $ du président des États-Unis ne représente évidemment qu’une seule partie de ses avoirs. Le CRP a ainsi mis en lumière la composition du portefeuille du commandant en chef des armées américaines. On y apprend entre autres que sa banque préférée est JP Morgan Chase – également très prisée par Mme Clinton - et qu’il a investi 200 000 $ dans le Vanguard 500 Index, un fond mutuel basé sur les performances de l’index du S&P 500.

Autant de chiffres qui sous-estiment toutefois probablement la réalité, puisque le CRP a reconnu que malgré le devoir de transparence des élus américains il était parfois difficile d’avoir toutes les données requises dues à certaines largesses technocratiques dont bénéficient parfois les membres du Congrès. Il n’en demeure pas moins que ces études dressent le portrait d’une élite politique nettement plus en cheville avec l’élite économique qu’avec le commun des électeurs, dont elle ne partage en définitive que très peu les réalités du quotidien.


(1)http://www.opensecrets.org/news/2011/11/congress-enjoys-robust-financial-status.html.

(2) http://www.opensecrets.org/news/2011/12/president-barack-obama-wealth.html.

David Murray

Journaliste citoyen et animateur radio à CISM

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