Édition du 23 avril 2024

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Le rédacteur en chef du Journal de Québec est formel... dans son ignorance

Le rédacteur en chef du Journal de Québec a affirmé, sous serment, ne pas savoir qui écrit les textes publiés dans son journal. Vraiment ?

(MMQ) Le rédacteur en chef du Journal de Québec estime qu’il n’est « pas pertinent » pour lui de savoir qui sont les auteurs des articles de Canoë qui sont publiés dans le Journal depuis le début du lockout.

« Je sais que nous publions des textes de Canoë. Qui les écrit ? Je ne sais pas », a affirmé Serge Gosselin, hier, lors de son témoignage devant la commissaire du travail, Myriam Bédard, qui entend les plaintes du syndicat des employés du Journal de Québec concernant l’utilisation alléguée de briseurs de grève ou scabs.

Interrogé par Me Yves Morin, l’avocat des syndiqués, Serge Gosselin a dit n’accorder que très peu d’importance à l’identité des journalistes qui ont été embauchés d’abord par Canoë, branche du groupe Quebecor, puis par l’agence Nomade, qui vend les textes à Canoë, et dont les textes sont repris depuis le 22 avril dernier dans le Journal de Québec.

« Je sais que l’agence Nomade a des employés, mais je ne sais pas qui ils sont. Ce n’est pas pertinent. Je n’ai pas besoin de le savoir », a-t-il dit, provoquant l’étonnement de Me Morin, qui semblait se demander comment le patron de la rédaction d’un journal pouvait se ficher ainsi de la provenance des textes.

Ferron se lance dans le journalisme

Auparavant, le directeur de l’information, Donald Charette, a reconnu que le Journal avait acheté de la firme Communication Conseil Ferron, entre le 27 avril et le 2 juin 2007, des articles produits par Bernard Plante et Dominic Salgado.

« Après le 22 avril (date du déclenchement du conflit), nous avions besoin de couverture locale. Nous cherchions quelqu’un pour fournir des textes et des démarches ont été faites par notre directeur des ressources humaines, Ronel Tremblay », a dit M. Charette. C’est ainsi que la firme de Jean Ferron, qui est un « ami personnel » de Donald Charette, a commencé à produire des textes d’information, du travail qu’elle n’avait jamais fait avant le lock-out au Journal de Québec.

La collaboration avec Communication Ferron (qui coûtait cher, selon Serge Gosselin) a pris fin quand Canoë est entré dans le décor, au début de juin. Comme Canoë fait partie de la grande famille Quebecor, le Journal de Québec n’a pas à débourser un sou pour utiliser ses textes, a signalé M. Gosselin.

« Ridicule »

Le porte-parole des syndicats du Journal de Québec, Denis Bolduc, n’en revenait pas d’avoir entendu le « rédacteur en chef dire à la commission qu’il lui importe peu de savoir qui écrit dans le journal pour remplacer les journalistes en lockout ». L’important pour lui, c’est d’avoir des textes pour remplir le journal. C’est ridicule », a dit Denis Bolduc.

Ordonnance de sauvegarde

Par ailleurs, l’avocat du syndicat, Me Yves Morin, a annoncé son intention de présenter une requête en ordonnance de sauvegarde à la Commission des relations du travail lorsqu’il aura terminé de faire sa preuve. Une telle requête, si elle était acceptée, empêcherait les travailleurs visés par les plaintes de continuer d’alimenter le Journal de Québec pendant les procédures devant la Commission.


Source : SCFP, 29 janvier 2008

Mots-clés : Communiqués

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