Édition du 23 avril 2024

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États-Unis

Une femme sur 5 est victime d'agression sexuelle dans les collèges (et universités aux États-Unis), seul 1% des agresseurs est puni

Dave Gilson, Mother Jones, 3 décembre 2014,
Traduction, Alexandra Cyr

Rolling Stone a récemment mené une enquête sur les agressions sexuelles qui sont survenues à l’Université de Virginie. Le magazine nous rapporte une histoire dérangeante de viols par une bande de gars saouls lors d’une fête de leur fraternité. Les sceptiques ont invoqué que c’ était trop épouvantable pour être vrai. Certains journalistes ont commencé à critiquer les méthodes utilisées pour arriver à la production de cet article.

Pourtant, des recherches récentes montrent que ce qui est décrit de ce qui s’est passé à l’U. de Virginie n’est pas unique. Les femmes parlent d’agressions sexuelles répandues sans conséquences pour les agresseurs. Comme un des expert l’a dit à une des auteurs-es de Rolling Stone : « la triste réalité c’est que l’incident de l’U. de Virginie est plutôt la norme ».

Les meilleures données sur la prévalence des viols et autres formes d’agressions sexuelles sur les campus, viennent d’une enquête auprès d’environ 5,400 étudiantes de premier cycle dans deux grandes universités publiques en 2007. Cette recherche était financée par le Department of Justice’s National Institute of Justice. Une de ses conclusions était que : « les femmes dans les universités sont considérablement plus à risque de subir des agressions sexuelles ». La définition des agressions sexuelles ne se limitant pas qu’aux viols mais englobant toutes les autres formes de contacts sexuels non désirés.

Une mise à jour en 2009 faite par les mêmes chercheurs-euses montre qu’avant d’arriver aux niveaux supérieurs de formation, 1 étudiante sur 5 déclare avoir subit une agression sexuelle depuis le début de ses études universitaires. De leur côté, 4% des étudiants participant à l’enquête disent en avoir subit une au collège. Ces données sont concordantes avec de récents résultats de recherche qui montrent qu’aux États-Unis, 19% des femmes ont été violées au cours de leur vie.

La recherche financée par le National Institute of Justice s’est aussi intéressée aux facteurs de risque et aux circonstances entourant les agressions sexuelles sur les campus. Elle a examiné le rôle de l’alcool et des fraternités dans ces événements.

Presque 60% des victimes étaient sous l’influence de l’alcool ou des drogues lors de l’attaque. Un quart disent que leur assaillant était membre d’une fraternité. Les viols collectifs, comme les décrit l’article de Rolling Stone, semblent être plus rares. La plupart des incidents mettent en cause un seul individu avec une personne connue.
Ces résultats, complétés par ceux d’autres études sur le rôle des fraternités et le développement de stratégies contre le viol, donnent une vision de la violence sexuelle sur les campus, rarement étudiée à fond.

Statistiques colligées par C.P.Krebs, C.H. Linquist, T.D. Warner et al. de Mother Jones,

Une étudiante de premier cycle sur 5 a subit une agression sexuelle au collège.
Parmi ces femmes, 34% ont été agressées par la force, 57% étaient sous l’influence de l’alcool ou de drogues et 4% ont été droguées sans qu’elles en aient connaissance.

Les étudiantes ont plus de risques d’être agressées au cours de leurs deux premières années d’études collégiales. Les agressions ont principalement lieu les vendredis et samedis soirs et en septembre et octobre.

4% des étudiants subissent des agressions sexuelles au cours de leurs études collégiales.

25% des étudiants admettent avoir tenté ou commis des agressions depuis le début de leurs études. (Les chercheurs-euses soulignent qu’il y a probablement des réponses négativement volontaires aux questions sur la pénétration).
63% des étudiants qui avouent avoir commis des viols disent l’avoir fait à de multiples reprises. (souligné dans le texte). La moyenne serait de 5,8 fois. 70% d’entre de ceux qui ont commis des viols à répétition admettent avoir commis d’autres formes de violence dont des abus envers leurs partenaires.

85% des victimes d’agression ont été vues préalablement en compagnie de leur assaillant ou en conversation avec lui. Moins de 15% des victimes l’ont été par plus d’une personne.

Plus d’un quart des victimes déclarent que leur assaillant était membre d’une fraternité. Avant leur arrivée au collège, il n’y a pas de différence entre les membres de fraternités et les autres. Au cours de leur première année d’étude, 8% des membres de fraternités ont commis des agressions sexuelles contre 2,5% des autres. Les membres des fraternités qui ont participé au programme de prévention du viol ont déclaré que la partie la plus significative pour eux était celle décrivant le viol d’un homme par deux violeurs.

4% des victimes d’agressions portent plainte à la police des campus. Voici les 6 principales raisons invoquées : 1- elle ne pensait pas que c’était suffisamment sérieux pour le faire. 2- elle pensait que de quelque manière elle en était responsable au moins en partie. 3- elle n’était pas sûre que le crime avait eut lieu. 4- elle voulait garder cela secret. 5- elle n’avait pas de preuves. 6- elle pensait que la police ne prendrait pas cela au sérieux.

1% des agresseurs sont sanctionnés par leur institution et tout juste autant sont arrêtés, accusés ou condamnés.

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