Édition du 23 avril 2024

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Asie/Proche-Orient

Offensive contre Mossoul : ce qu'il faut savoir pour comprendre

Depuis lundi 17 octobre, l’armée irakienne, la coalition internationale et des milliers de combattants kurdes sont engagés dans une offensive pour la reprise de Mossoul, fief des jihadistes de l’organisation Etat islamique depuis juin 2014. Si cette offensive, la plus importante menée ces dernières années par les forces de Bagdad, a donné lieu à des avancées rapides -les deux premiers jours en tout cas-, le président américain Barak Obama, à l’instar d’autres leaders occidentaux, a néanmoins prédit, mercredi, une bataille "difficile". Au delà de l’aspect purement militaire, l’offensive est une opération complexe qui engage toute une variété d’acteurs aux intérêts parfois divergents, voire opposés.

Tiré de L’Orient le jour.

Les articles, ci-dessous, abordent les différents enjeux et dimensions de cette offensive, pour en comprendre les tentants et aboutissants.

Quelques repères
L’Orient le jour

Les forces en présence dans la bataille de Moussoul

Groupe Etat islamique (EI), service de contre-terrorisme, armée, police, coalition internationale, peshmergas, Hachd al-Chaabi, forces iraniennes, turques... Un large éventail de forces irakiennes et internationales sont engagées dans l’offensive lancée lundi 17 octobre pour la reprise de Mossoul. Toutes ne joueront toutefois pas un rôle direct dans les combats pour la reconquête de la deuxième ville d’Irak.

Une offensive complexe de forces aux intérêts parfois divergents

L’offensive contre Mossoul, principal bastion de l’EI Irak, est une opération très complexe qui engage à divers degrés l’armée irakienne, des forces étrangères et des factions locales aux intérêts divergents, sinon opposés. La bataille est donc lancée mais personne ne peut prédire combien de temps il faudra à l’armée et la police irakiennes pour pénétrer dans la deuxième ville du pays, en chasser les jihadistes qui se fondront sûrement en partie dans la population, et y restaurer durablement leur autorité.

L’offensive contre Mossoul, principal bastion de l’EI Irak, est une opération très complexe qui engage à divers degrés l’armée irakienne, des forces étrangères et des factions locales aux intérêts divergents, sinon opposés. La bataille est donc lancée mais personne ne peut prédire combien de temps il faudra à l’armée et la police irakiennes pour pénétrer dans la deuxième ville du pays, en chasser les jihadistes qui se fondront sûrement en partie dans la population, et y restaurer durablement leur autorité.

Lancement retardé

Le lancement de l’offensive a été plusieurs fois retardé depuis que le Premier ministre Haider el-Abadi a appelé, en mars 2016, ses troupes à libérer la province de Ninive, dont Mossoul est la capitale. En cause, les dissensions entre les forces en présence mais aussi des querelles politiques à Bagdad au sein du gouvernement et du Parlement. Avec l’appui essentiellement aérien des forces de la vaste coalition internationale anti-EI emmenée par les États-Unis, mais aussi de l’Iran soutenant sur le terrain des paramilitaires, les troupes loyalistes ont progressé pas à pas depuis mars pour se rapprocher de Mossoul, à partir de la base de Makhmour, à 20 km des premières lignes jihadistes. Les peshmergas, forces de sécurité de la région autonome du Kurdistan irakien, progressaient, eux, au nord de Mossoul. Momentanément détournées par la reprise à l’EI en juin de Fallouja, deuxième bastion des jihadistes, près de Bagdad, les forces irakiennes ont de nouveau réalisé une percée en juillet en s’emparant de la base aérienne de Qayyarah à une soixantaine de km de Mossoul, un verrou stratégique qui leur sert de base logistique vitale dans l’offensive déclenchée lundi.

Multitude d’acteurs

Le nombre d’acteurs impliqués dans la bataille de Mossoul est vertigineux : l’armée irakienne, le redouté service du contre-terrorisme, la police fédérale et locale, les milices chiites dont beaucoup obéissent aux ordres de Téhéran, les peshmergas, la Turquie, les États-Unis et les pays de la coalition internationale...

Les quelque 30 000 forces fédérales irakiennes pourront compter sur la couverture des avions de la coalition internationale qui compte au total quelque 7 000 militaires en Irak, dont 4 600 dépêchés par Washington. Des soldats turcs sont également présents sur une base militaire près de Mossoul et au Kurdistan. Leur présence est un des principaux éléments cités par les experts pour expliquer le retard du lancement de l’offensive : Bagdad exige leur retrait mais la Turquie veut absolument participer à l’offensive, soucieuse de limiter la montée en puissance des Kurdes à sa frontière et de restaurer une certaine influence passée sur la région de Mossoul et ses richesses, qu’elle considère comme son pré carré. Les peshmergas ont avancé au-delà des frontières de la région autonome du Kurdistan et Ankara s’inquiète aussi de voir les milices chiites pro-Abadi et sous influence iranienne avancer vers Mossoul, majoritairement sunnite. L’avertissement du Premier ministre irakien hier en dit long sur ces contentieux : seules l’armée et la police irakienne seront autorisées à entrer dans Mossoul.

Tactiques

Comment reprendre Mossoul aux jihadistes ? Dans ses dernières heures, la bataille se réduira certainement à des combats rapprochés rue par rue, face aux 3 000 à 4 500 combattants de l’EI selon les estimations de la coalition internationale, dans une ville qui compte encore 1,5 million d’habitants. Les forces irakiennes, si elles suivent la même tactique qu’à Tikrit et Ramadi, respectivement reprises en mars 2015 et février 2016, encercleront la ville avant l’assaut final. Les forces d’élite du contre-terrorisme pourraient être de nouveau en première ligne.

Avant de gagner l’épicentre jihadiste, les forces irakiennes devront percer sur plusieurs dizaines de kilomètres le territoire sous contrôle de l’EI. Les forces anti-EI auront face à eux des jihadistes qui utiliseront probablement des snipers, des voitures piégées et mineront le terrain. Contre les frappes de la coalition, l’EI pourrait également utiliser la population comme bouclier humain ou des incendies volontaires.

Mossoul tombera sûrement, mais après ?
par Anthony Samrani

La perte de Mossoul signifierait la fin – du moins à court terme – du projet territorial de l’EI en Irak. Ce serait sa plus grande défaite depuis sa renaissance en 2014. Mais à quel prix ? Que restera-t-il de Mossoul et de ses 1,5 million d’habitants une fois les forces jihadistes chassées de la ville ? La question du "jour d’après" est la principale problématique de cette grande offensive. C’est l’unité de l’Irak et, quelque part, l’équilibre des forces dans le nouveau Moyen-Orient qui sont en jeu.

Cela prendra peut-être des semaines, peut-être des mois, mais c’est désormais une certitude : Mossoul finira par tomber. Après avoir été préparé pendant plusieurs mois et reporté à plusieurs reprises, le début de la bataille pour la reprise de la deuxième ville irakienne a été annoncé dans la nuit de dimanche à lundi par le Premier ministre irakien Haider el-Abadi. « Le temps de la victoire est venu et les opérations pour libérer Mossoul ont commencé », a déclaré le chef du gouvernement irakien dans une allocution télévisée.

Compte tenu du déséquilibre des forces en présence, le Premier ministre irakien a de quoi être confiant : un front hétéroclite de plusieurs dizaines de milliers de combattants, soutenu par une coalition internationale de 60 pays, devrait réussir à venir à bout de quelques milliers de jihadistes – entre 3 000 et 4 500 dans la ville, selon des estimations américaines. Avec l’avancée des peshmergas depuis l’est – qui se sont emparés hier de plusieurs villages –, celle de l’armée et la police irakienne depuis le sud et celle de l’armée et des tribus sunnites depuis le nord, les combattants de l’État islamique vont être acculés. Même s’ils parviennent à retarder la progression des assaillants, notamment en multipliant les pièges explosifs et en prenant en otage une partie de la population, ils finiront par être chassés de la ville, un peu plus de deux ans après s’en être emparés.

À quel prix ?

Pendant ce laps de temps, Mossoul aura été la capitale économique de l’organisation jihadiste, mais aussi l’un des éléments essentiels de sa stratégie, axée sur l’administration des territoires au nom de la « défense » des sunnites. Elle a aussi une portée symbolique, puisque c’est dans la grande mosquée de Mossoul qu’Abou Bakr el-Baghdadi, le chef de l’organisation jihadiste, avait annoncé l’instauration du califat. La perte de Mossoul signifierait donc la fin – du moins à court terme – du projet territorial de l’EI en Irak. Ce serait sa plus grande défaite depuis sa renaissance en 2014. Mais à quel prix ? Que restera-t-il de Mossoul et de ses 1,5 million d’habitants une fois les forces jihadistes chassées de la ville ? La question du « jour d’après » est la principale problématique de cette grande offensive. C’est l’unité de l’Irak et, quelque part, l’équilibre des forces dans le nouveau Moyen-Orient qui sont en jeu.

Désastre humanitaire

Le grand récit de la reconquête des territoires – énoncé par les autorités irakiennes et les forces de la coalition – tente de camoufler certains aspects de la réalité. Si l’organisation jihadiste a effectivement perdu une grande partie de ses territoires en Irak, il n’empêche que l’opération de reconquête s’est faite au prix de la destruction, au moins partielle, de plusieurs villes (Tikrit, Sinjar, Ramadi), laissant des populations à l’abandon. Dans le cas de Mossoul, les ONG craignent un désastre humanitaire et l’Onu dit redouter un déplacement massif de la population d’ici à une semaine. Des camps d’urgence ont été mis en place, mais ils ne sont pas préparés à accueillir plusieurs centaines de milliers de personnes.

L’opération de reconquête a aussi, paradoxalement, contribué à l’affaiblissement de l’État central. Erbil en a profité pour couper les ponts avec Bagdad et réclame désormais son indépendance. Dans le reste du territoire, ce sont les milices chiites – dont certaines sont directement liées à l’Iran – qui ont pris de l’importance et viennent contester l’autorité de l’État. Ce morcellement du pouvoir irakien se retrouve dans la répartition des forces engagées dans la bataille de Mossoul. M. Abadi a précisé que seules l’armée et la police entreraient dans Mossoul, excluant ainsi les peshmergas et les milices chiites, accusées d’avoir commis des exactions contre les populations sunnites.

Renaître de ses cendres

La question de la participation des forces turques, alliées aux peshmergas, à l’offensive donne une dimension régionale à cette bataille. M. Abadi a exigé à plusieurs reprises le retrait des troupes turques d’Irak et rejeté leur participation à la reprise de la ville. Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé hier qu’il était « hors de question » que la Turquie reste en dehors de l’opération. La Turquie cherche ainsi à contrer l’influence de l’Iran, via les milices chiites, et à prévenir la montée en puissance du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la région. Tous les acteurs qui participent de près ou de loin à l’offensive vont vouloir une part du gâteau, ce qui pourrait considérablement modifier la mosaïque confessionnelle de la plaine de Ninive. Et provoquer les guerres de l’après-Mossoul, entre peshmergas et milices chiites, entre Bagdad et Erbil, entre les milices chiites et Bagdad...

En attendant, entre la corruption généralisée, le confessionnalisme à outrance, la perpétuation de la marginalisation des sunnites et l’affaiblissement à tous les niveaux de l’État, tous les éléments qui ont permis la renaissance de l’EI en Irak en 2014 sont plus que jamais d’actualité. Et pourraient permettre sur le long terme à l’EI de renaître de ses cendres.

Les minorités dans l’angoisse de l’après-Mossoul
OLJ/Babak Dehghanpisheh et Michael Georgy/Reuters

La reconquête programmée de la ville de Mossoul, tombée aux mains du groupe État islamique en 2014, ne changera rien au sort des nombreuses minorités qui vivent aujourd’hui en Irak. C’est du moins l’avis de Behnam Abbouch. À la tête d’une force paramilitaire d’environ 300 hommes, tous assyriens, il promet de protéger les villages chrétiens des environs de Mossoul. Sans compter sur l’aide de quiconque, et surtout pas des troupes gouvernementales irakiennes.

Les autorités de Bagdad assurent que l’offensive lancée lundi pour chasser l’EI de Mossoul est une étape décisive vers le rétablissement de la sécurité dans un pays en proie à d’incessantes violences à caractère confessionnel. Mais Behnam Abbouch n’a pas confiance. Et se fonde sur ce qui s’est passé il y a deux ans. Le 6 août 2014, deux mois après la chute de Mossoul aux mains des jihadistes de l’EI, les Kurdes stationnés dans la ville de Karakosh ont tout d’un coup annoncé leur départ.

Nombre des 55 000 habitants de la ville parvinrent à s’enfuir avant l’arrivée des jihadistes mais Behnam Abbouch dit que cet épisode illustre bien le fait qu’en Irak les minorités – chrétiens, turkmènes, yazidis ou encore chabak – ne doivent compter que sur elles-mêmes pour leur avenir. « Les Kurdes nous ont dit, on va vous protéger. Et puis à 22h30, ils nous annoncent "on s’en va". Ça a été très difficile, en particulier pour les femmes et les enfants », se souvient-il.

Force de protection

Ingénieur de formation, Behnam Abbouch est aujourd’hui le « général » d’une force assyrienne basée à al-Kosh, à une cinquantaine de kilomètres de Mossoul. Ses hommes ont reçu des armes du gouvernement central, mais seulement la moitié de la quantité promise, et comptent sur des dons de familles chrétiennes irakiennes vivant à l’étranger. « Si le gouvernement central était fort, on n’aurait besoin de rien. Mais si vous voulez régler les problèmes, il faut une force de protection », dit-il.

À Bagdad, Khisro Goran, un député kurde du Parlement irakien, explique que les peshmergas s’étaient retirés de Qaraqosh en 2014 parce qu’ils n’étaient pas suffisamment armés face aux hommes de l’EI. Mais il partage l’opinion de Behnam Abbouch. « Je suis d’accord, les minorités devraient avoir leur propre force de police, c’est en fait le moyen idéal de résoudre cette question de la confiance », dit-il.

Ce n’est pas l’avis de l’armée irakienne. À Bagdad, un porte-parole fait remarquer que les autorités ne peuvent pas modifier sans cesse le budget de la défense pour s’aligner sur les besoins de minorités qui varient constamment. Le gouvernement, assure-t-il répétant la ligne officielle, est « soucieux d’offrir son soutien à tous ceux qui combattent Daech ».

Craintes de génocide

À Erbil, capitale du Kurdistan autonome, la défiance envers le gouvernement central est aussi perceptible. Le père Salim Saka invite dans ses sermons à œuvrer pour la concorde nationale et l’harmonie entre toutes les communautés. Mais en privé, le discours est tout autre. « Cela fait deux ans que le gouvernement nous dit"on va libérer Mossoul". Ce ne sont que des mots. Il ne peut pas y avoir d’harmonie. On n’est pas acceptés. On se sent exclus », dit-il.

Autre minorité dont le sort a empiré dans les secteurs tombés sous l’emprise de l’EI, les yazidis sont convaincus, eux aussi, qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Des enquêteurs mandatés par l’Onu estiment que l’EI s’est rendu coupable de crime de génocide contre les yazidis d’Irak et de Syrie. Les membres de cette communauté sont considérés comme des infidèles par les jihadistes sunnites de l’EI et à ce titre persécutés. Une milice yazidie, les Unités de résistance de Sindjar (YBS), dit ne jouir que d’un soutien partiel du gouvernement central. Pourtant, ses hommes font partie des Forces de mobilisation populaire (FMP), milice chiite entraînée par l’Iran mais qui a un statut officiel reconnu à Bagdad. Les YBS comptent 2 700 hommes mais un millier seulement d’entre eux reçoivent un salaire de Bagdad, dit leur commandant, Saeed Hassan.

Pour Haji Hassan, un civil qui travaille dans l’administration des YBS, « l’immense majorité des yazidis souhaitent un statut d’autodétermination sous protection internationale. On a zéro confiance dans l’administration provinciale. Ils nous maltraitaient même avant que Daech arrive ». À Erbil, un camp de personnes déplacées, sorte de bidonville situé juste à côté d’un hôtel cinq étoiles, abrite des yazidis qui vivent essentiellement de la générosité de membres de leur communauté.

« Les yazidis sont seuls », constate Ali Khalaf, qui vivote de petits boulots. « Même si l’État islamique est chassé de Mossoul, ce qu’on veut c’est une force internationale pour nous protéger des risques de génocide. »

La perte de Mossoul pourrait signifier la fin du « califat » de l’EI
OLJ/AFP/Jean Marc Mojon

Lorsque Abou Bakr el-Baghdadi a proclamé l’instauration d’un "califat" sur les territoires conquis en Syrie et en Irak depuis la mosquée Nouri à Mossoul en juin 2014, le groupe a invité tous les musulmans à s’engager sous l’étendard de ce nouvel "Etat". Mais deux ans plus tard, après avoir perdu plusieurs villes stratégiques en Irak et en Syrie, le projet jihadiste semble compromis et la perte de Mossoul pourrait sonner sa fin.

Berceau du "califat" autoproclamé du groupe Etat islamique (EI), Mossoul constitue un important symbole dans la propagande jihadiste, et la perte de cette ville irakienne pourrait porter un coup fatal au rêve du fondateur de l’organisation.

Lorsque Abou Bakr el-Baghdadi, le numéro un de l’EI, a proclamé l’instauration d’un "califat" sur les territoires conquis en Syrie et en Irak depuis la mosquée Nouri à Mossoul en juin 2014, le groupe a invité tous les musulmans à s’engager sous l’étendard de ce nouvel "Etat". Mais deux ans plus tard, après avoir perdu plusieurs villes stratégiques en Irak et en Syrie, le projet jihadiste semble compromis et la perte de Mossoul pourrait sonner sa fin.

"La perte continue de portions de territoire rend le scénario du ’califat’ encore plus difficile à tenir pour le groupe", écrit dans sa dernière analyse le Soufan group, une société d’analyse des risques sécuritaires.

En juin, les forces irakiennes ont ainsi repris Fallouja, une ville à l’ouest de Bagdad où les soldats américains avaient connu quelques années plus tôt leurs pertes les plus lourdes depuis la guerre du Vietnam.

Et pas plus tard que samedi, les forces antijihadistes ont repris Dabiq, dans le nord de la Syrie, une localité à la forte portée symbolique dans la mythologie du groupe et où les jihadistes ont prédit une bataille apocalyptique contre la coalition "croisée". La cité a même donné son nom au magazine de propagande en ligne de l’EI, édité en plusieurs langues. Son premier numéro, publié en juillet 2014, était consacré à la construction de l’Etat et tentait de dresser le "califat" comme une thèse crédible.

Image écornée

Le groupe s’est en partie greffé sur une infrastructure étatique existante, avec des fonctionnaires continuant d’être payés par Bagdad, affirme Aymen al-Tamimi, expert des mouvements jihadistes au Middle East Forum.

"Lorsque le gouvernement a arrêté de payer ces salaires l’été dernier, cela a causé un préjudice financier considérable à l’EI", dit-il, en référence à la partie du salaire que ponctionnait l’EI. "La puissante image d’Etat de l’EI a alors certainement été écornée et je pense que cela explique en partie la réduction de l’afflux des combattants étrangers", ajoute-t-il, estimant que les contrôles plus étroits à la frontière avec la Turquie ont joué également un rôle.

En dehors du fait d’être l’endroit où le "califat" a été proclamé, Mossoul a été le théâtre de plusieurs évènements qui ont façonné l’image du groupe ultraradical. La prise de Mossoul par quelque 1.500 combattants de l’EI en juin 2014, qui s’était accompagnée d’une débandade des forces irakiennes, a eu un effet domino ayant débouché sur la conquête de vastes territoires à majorité sunnite par les jihadistes.

Cet évènement a révélé au grand jour l’échec complet des forces armées irakiennes ainsi que de l’entraînement qu’elles étaient censées avoir reçu de la part des Etats-Unis.

Approche "plus graduelle"

Or, l’offensive, dont l’annonce a été faite lundi par le Premier ministre Haider al-Abadi, peut permettre à ces forces de regagner une réputation et un honneur.

M. Tamimi estime qu’el-Qaëda, dont les actions ont été éclipsées avec la montée en puissance du groupe sanguinaire, va exploiter son déclin, mettant en avant l’approche "plus graduelle" du groupe d’Oussama ben Laden. "Sur le plan international, l’EI ne sera plus vu comme la marque leader du jihadisme mondial", avance-t-il.

Si l’EI avait un temps le monopole de la terreur, sa défense médiocre de Dabiq, ville-symbole, a conduit des internautes à lancer des commentaires ironiques, disant notamment que l’apocalypse avait été reportée.

Mais la perte de Mossoul par l’EI, qui contrôlait il y a un temps un tiers du territoire irakien et une grande partie de la Syrie, ne marquerait pas forcément la fin du groupe jihadiste, qui encourage ses combattants à recourir à des attentats suicide et actes isolés au fur et à mesure que son territoire se réduit.

Au delà d’une éventuelle victoire à Mossoul, le groupe Soufan rappelle que de nombreux efforts devront être fournis pour éradiquer totalement l’EI. "Si elle est mal gérée, cette bataille pourrait être une nouvelle pause avant une résurgence inévitable du terrorisme", met-il en garde.

L’Orient le jour

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