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Santé

Le salariat pour les médecins et six autres propositions pour améliorer la santé de la population du Québec (IRIS)

MONTRÉAL, le 18 janv. 2017 - Le système de santé québécois est bloqué par deux verrous majeurs : le statut des médecins et le pouvoir des technocrates. L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publie aujourd’hui une étude qui propose un état des lieux de l’allocation des ressources dans le système de santé et de services sociaux. Elle met de l’avant une série de recommandations pour un réseau de la santé accessible, public, décentralisé et démocratique.

« Le trop grand pouvoir conféré aux médecins ainsi que leur rémunération disproportionnée plombent le système de santé au Québec tant en termes de ressources financières que d’accessibilité des services, et ce, depuis plusieurs années. Rappelons que les médecins gagnent maintenant 7,6 fois le salaire moyen au Québec, alors qu’en France, ce ratio est de 3 et au Royaume-Uni de 4. Ajoutons à cela leur statut de travailleur autonome, un subterfuge qui leur confère d’importants avantages fiscaux. Par ailleurs, la rémunération à l’acte à travers laquelle elles et ils sont majoritairement payés enferme les médecins dans un rapport mercantile à leur pratique », affirme Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS et co-auteur de l’étude.

« En ce sens, l’IRIS recommande de remplacer le statut de travailleur ou travailleuse autonome des médecins par celui de salarié·e du réseau de la santé et des services sociaux. Nous conseillons également d’élargir les responsabilités d’autres professionnel·le·s, comme les infirmières, les pharmacien·ne·s, les technologues, les inhalothérapeutes, les sage-femmes : leur permettre d’accomplir des actes auparavant réservés aux médecins améliorera l’accessibilité des soins et permettra un meilleur travail d’équipe entre professionnel·le·s », continue Guillaume Hébert.

De plus, les réformes consécutives dans le réseau de santé, commençant par celle de Philippe Couillard en 2003 suivie des dernières en cours d’implantation par Gaétan Barrette, ont centralisé, dénaturé et alourdi le système en donnant une autorité et une latitude démesurées aux technocrates.

« Ainsi, l’IRIS recommande de renoncer à implanter plus avant le financement à l’activité, qui n’a pas prouvé son efficacité pour un système sociosanitaire pris dans son ensemble, en plus d’engranger des coûts administratifs supplémentaires. Nous conseillons également d’assujettir les groupes de médecine familiale (GMF), entreprises privées financées par l’État, aux CLSC, d’accroître le pouvoir de ces derniers et de restituer leur autonomie », soutient Jennie-Laure Sully, également chercheure à l’IRIS et co-auteure de la publication.

En conclusion, l’IRIS croit qu’un changement de cap au Québec est urgent. « Si un virage à 180 degrés n’est pas effectué, notre capacité à répondre aux besoins de la population québécoise risque de connaître de sévères reculs. Les façons d’améliorer le système sont connues mais, pour les mettre en place, nous devons nous éloigner de la gestion centralisée inspirée de l’entreprise privée et rompre avec la toute-puissance des médecins et des soins excessivement axés sur le curatif », insiste Guillaume Hébert.

L’allocation des ressources pour la santé et les services sociaux au Québec : État de la situation et propositions alternatives est disponible gratuitement sur www.iris-recherche.qc.ca. La CSN a participé au financement de cette étude.

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