Édition du 30 avril 2024

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International

Après Londres et Paris, San Francisco !

Il règne une atmosphère fébrile ici. Dans environ 2 heures, selon un programme qui change de minute en minute, le relais de la flamme olympique se mettra en branle dans les rues de la ville. En fait, le point de départ est situé à 200 mètres de mon bureau et devrait passer dans la rue juste devant la porte.

Dans le tramway, je voyais les groupes se rassembler : “Free Tibet” ou “Save Darfur” mais également des groupes avec des bannières écrites en Chinois et des écoliers en uniforme : pantalon noir, t-shirt jaune et casquette rouge. J’imagine que ces derniers feront de belles photos pour l’agence de presse Chine Nouvelle ou pour la prochaine édition du Quotidien du Peuple où on lira sûrement un reportage surréaliste sur l’accueil enthousiaste de la “flamme sacrée” dans les rues de la ville.

Les autorités sont nerveuses. Non seulement la police municipale a mobilisé tout son personnel, annulant les congés, mais la police de l’État, le FBI et même la garde côtière feront partie du cordon de protection. Pour la première fois depuis que j’habite cette ville, j’ai vu des barrières érigées sur les trottoirs pour contenir la foule. En entrant de l’édifice où je travaille, j’ai entendu le rotor des hélicoptères qui survolent le parcours.

Nous avons tous vus les images venues de Londres et de Paris. En fait, les autorités policières de Londres sont ici afin de conseiller leurs collègues de San Francisco. L’ambassadeur de France aux États-Unis a passé la nuit à l’hôtel de ville avec le maire afin de faire la liaison entre les autorités policières locales et la préfecture de police de Paris. Le maire a annoncé que le parcours, rendu public la semaine dernière, publication ordonnée par les tribunaux après que l’American Civil Liberty Union et les groupes de protestataires aient saisi les tribunaux en vertu de la Loi d’accès à l’information ; le maire, donc, a annoncé que le parcours annoncé était caduc.

Hier, trois activistes ont grimpé dans les câbles du Golden Gate Bridge pour y déployer une banderole où on pouvait lire “One world, one dream” et une autre “Free Tibet”. Cette action d’éclat est un sérieux camouflet pour les services de sécurité du pont qui ont, depuis les événements du 11 septembre 2001, installé de nombreuses caméras et renforcé le dispositif de sécurité. Le geste commis hier est une sérieuse humiliation pour les autorités : toutes les caméras, tous les gardes de sécurité, toutes les théories sur le comportement suspect n’ont servi à rien : en moins de 10 minutes la certitude d’être en mesure de prévenir ce genre d’action a été réduite à néant. Les autorités écument tous les codes de lois

Le risque de violence est là. Je n’ai pas peur d’un clash entre manifestants et autorités policières, San Francisco en a vu d’autres, mais entre manifestants pro-gouvernement chinois et les autres. Il y a aussi les fiers-à-bras du Comité Organisateur des Olympiques de Pékin, ces hommes en tenues sportives bleu et blanc qu’on a pu voir à Londres et Paris. Ceux-là ne font pas dans la dentelle.

Plus que 90 minutes avant le départ officiel...

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