Édition du 30 avril 2024

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France

CGT : un contrôle démocratique du plan de sauvetage

« Retour de l’Etat, « régulation », « interventionnisme » : autant de mots de l’actualité présentés comme témoins de la fin du cycle néolibéral. Après des années de rigueur budgétaire, les vannes des finances publiques des pays développés se sont soudainement ouvertes afin d’éviter l’écroulement financier du capitalisme.

Bien que cette opération de sauvetage soit présentée comme une mesure d’intérêt général par les gouvernants, il n’en demeure pas moins qu’en l’absence de transparence et de contrôles démocratiques, l’intervention de la collectivité risque de se faire à ses dépens. En ce sens, les revendications mises de l’avant par la CGT lors d’une rencontre avec Nicolas Sarkozy le 3 novembre dernier offrent une alternative progressiste aux plans de sauvetage sans contrepartie du gouvernement [1].

Un droit de regard garant de transparence

Les fonds publics à destination des banques et des entreprises en difficulté risquent tout d’abord d’être détournés de leur but pour alimenter les dividendes des actionnaires. C’est pourquoi Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a plaidé à l’Elysée la nécessité de la transparence des aides publiques. Pour ce faire, la CGT réclame l’établissement d’un droit de regard des élus du personnel afin de suivre la trace des fonds publics (aides directes ou allègements des charges sociales) dans la comptabilité des entreprises. Un tel droit de regard éviterait donc le risque d’une entreprise qui détourne à son profit les aides publiques.

Un veto sur la gestion capitaliste

D’autre part, tous les responsables syndicaux français ont souligné à l’Elysée que le plan de relance de l’économie doit aider les salariés. Car les entreprises et les institutions financières risquent en effet d’utiliser les fonds publics afin des procéder à des restructurations au détriment des emplois, des salaires et des conditions de travail. De la même manière, certains patrons pourraient profiter des aides publiques pour procéder à des délocalisations d’activités.

La CGT plaide par conséquent pour la création d’un droit de veto des représentants des salariés, « avec une expertise économique sur la situation des entreprises avant les licenciements » [2]. Toujours en ce sens, conditionner les allègements de charges sociales à la conclusion d’accords majoritaires sur les salaires dans les entreprises permettrait de replacer l’intérêt des travailleurs au cœur des efforts de la collectivité pour relancer l’économie.

Au final, les revendications de la CGT soulignent que le sauvetage du capitalisme par les pouvoirs publics pourrait être davantage qu’une nouvelle occasion où la collectivité vient secourir un système au bord du gouffre. Car la crise capitaliste offre par son ampleur une opportunité pour modifier le rapport de force entre travail et capital par la conquête de nouveaux leviers de pouvoir aux mains des salariés. Une opportunité donc pour faire pencher l’ordre économique un peu plus vers la satisfaction des besoins de la population au lieu des profits d’une minorité privilégiée.


Photo : Manifestation Renault Sandouville, Le Havre, 10 novembre 08.
Source : Pascal Colé, www.phototheque.org


[1Paule Masson, « Protéger les salariés », L’Humanité, 4 novembre 2008, p. 11.

[2Idem.

Mots-clés : France Mouvement syndical

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