Édition du 23 avril 2024

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Féminisme

Consultation sur la Stratégie fédérale contre la violence fondée sur le sexe - Notre avis et le vôtre

Le 24 août, au nom de L’R des centres de femmes du Québec, Odile Boisclair et Isabelle Langlois rencontraient une ministre de la Condition féminine féministe et qui comprend son rôle ! C’est très rafraichissant après ces onze années d’harperisme.

Elles lui ont remis l’avis de L’R sur la Stratégie fédérale contre la violence fondée sur le sexe.

Rappelons que la ministre Patty Hajdu entend le point de vue d’universitaires, de membres de la société civile et d’intervenant.es de première ligne dans le cadre de tables rondes organisées par Condition féminine Canada. Pour sa part, la population est invitée à répondre à un sondage en ligne d’ici la fermeture des bureaux le 1er septembre.

L’avis de l’R (extraits)

Réponses aux questions d’amorce

Quelle mesures importantes aimeriez-vous que le gouvernement fédéral adopte pour favoriser la sécurité et le bien-être des personnes ayant survécu à la violence ?

Agir sur le temps de parrainage des nouvelles arrivantes en situation de violence conjugale pour des raisons humanitaires que nous ne pouvons mettre en doute.

Mieux outiller les structures d’accueil des réfugiées et immigrantes pour que ces groupes soient sensibilisés aux violences faites aux femmes et puissent donner des références pour protéger les victimes de violence.

Agir contre la pauvreté.

Mise en place de programmes de logements sociaux plus largement que pour les maisons d’hébergement ou les refuges pour que les femmes victimes puissent avoir accès à des logements sécuritaires à la sortie des refuges ou lorsqu’elles veulent quitter leur domicile pour des raisons de violence envers elles.

Simplifier les demandes de subventions pour les organisations féministes ayant des projets spécifiques pour intervenir ou soutenir les victimes ou pour contrer les violences (ex : CFC, Santé Canada)

Connaissez-vous des pratiques prometteuses qui aident les survivantes et survivants ? a) les professionnelles qui interviennent auprès des personnes survivantes ou contrevenantes doivent composer avec de nombreux défis, lesquels pourraient être, au moins en partie, atténués par le gouvernement fédéral ?

Pour faciliter les dénonciations et la protection des victimes, s’assurer en matière de justice criminelle que les violences faites aux femmes ne soient jamais traitées par voie sommaire et ce partout au Canada. Les violences faites aux femmes sont des actes criminels qui doivent être traités comme tel.

En matière de justice criminelle et familiale, amoindrir les situations de conflits de juridictions des tribunaux notamment lors des jugements sur les droits de garde ou droits d’accès aux enfants dont la mère est victime de violence, ceci pour éviter que perdure la violence des années après la séparation.

Formations des juges et des procureurs pour que soient mieux comprises les victimes de violence qui subissent souvent une double victimisation lors des auditions ou des procès.

Assurer une meilleure accessibilité pour les victimes au système judiciaire notamment en matière familiale.

Assurer un meilleur accès aux services de santé et sociaux à toutes les femmes vulnérables ou marginalisées telles qu’identifiées dans votre document p.5 2ième paragraphe en y ajoutant les femmes nouvelles arrivantes, réfugiées ou sans papier.

Considérer les attaques antiféministes comme de la violence faite aux femmes, à ce jour, tout le harcèlement et les attaques envers les féministes n’ont jamais été traités judiciairement comme des actes de violence envers les femmes. (voir document dans notre pochette : Quand l’antiféminisme cible les féministes. Actions, attaques contre le mouvement des femmes, recherche Francis Dupuis-Déri en collaboration avec L’R des centres de femmes)

1. Conditions essentielles à la mise en œuvre de la stratégie fédérale contre les violences fondées sur le sexe

Lutte aux préjugés

Pour L’R des centres de femmes, il est important de faire un travail sur les préjugés pour que cesse la stigmatisation et la discrimination envers les femmes. Comme une femme victime de la maladie d’Alzeimer n’est pas que la maladie, comme une femme infirmière n’est pas qu’une infirmière, les femmes survivantes ne sont pas que victimes. Elles sont femmes avec des besoins, elles sont mères, elles sont comme nous toutes !

Concertation et alliance et formation

Pour les centres de femmes qui reçoivent des prostituées/travailleuses du sexe ou toutes autres personnes vulnérables ou marginalisées il est important de créer des alliances avec les travailleuSErs de rue, avec les ressources d’hébergement, avec les associations qui travaillent sur le VIH ou la toxicomanie, avec les ressources d’accueil en immigration, les ressouces pour personnes allosexuelles, avec les Urgences psycho-sociales des municipalités et avec Médecins du monde et les ressources du réseau de la Santé. Cette association pourrait favoriser entre autres un partage d’informations et de compétences sur les réactions possibles aux drogues, sur la façon d’intervenir avec des personnes sous influence de drogue pour ne pas amplifier leur niveau de stress. Partage d’informations également sur les vécus des personnes arrivées de pays en guerre ou ayant vécu des chocs post-traumatiques ou des violences à répétition.

Au Québec dans les villes, les agentEs de quartier ou communautaire ont pratiquement disparu et c’est dommage, leur présence prévenait la violence potentielle à laquelle les femmes sont exposées dans la rue.

Dédoublement des ressources ou des structures

Nous savons que dans certaines régions il n’y a pas d’organismes d’accueil et de soutien et qu’ils n’existent pas déjà d’organismes prêts à le faire. Dans ces cas, nous croyons qu’il serait important d’appuyer les femmes du milieu afin qu’elles puissent créer la ressource qui leur convienne. Outre les centres de femmes, plusieurs ressources existent déjà pour soutenir les femmes vulnérables ou marginalisées, pensons aux Maisons d’hébergement et aux Calacs qui sont engagés dans la lutte contre la violence faite aux femmes mais l’accès à du secours n’est pas toujours possibles vu le nombre de demandes croissant.

De l’hébergement d’urgence ou de transition

Les centres de femmes vivent quelques fois des situations où des femmes vulnérables ou marginalisées demandent de les soutenir dans la recherche d’un hébergement temporaire ou d’urgence. Ces ressources sont soit inexistantes ou non adaptées aux besoins spécifiques de ces femmes. Il y aurait matière à travailler sur l’inclusion de ces femmes dans les milieux déjà existants ou encore de créer des places d’hébergement qui pourraient les accueillir. Ne pouvoir référer ces femmes vers des ressources adaptées est déchirant et contribue davantage à leur marginalisation et leur exclusion.

Conclusion

Si les centres de femmes ont une position bien assise sur l’intervention féministe c’est bel et bien parce qu’ils travaillent avec les femmes vulnérables ou marginalisées. Si les centres de femmes continuent, en zones rurales ou urbaines, à travailler avec ces femmes comme avec toutes les femmes, c’est grâce à leur posture d’accueil et d’ouverture. Celle-ci est rendue possible grâce à une approche d’intervention féministe enrichie d’expériences et de recherches. C’est donc forts de leurs expériences que les centres de femmes tiennent à souligner à madame la Ministre de la condition féminine qu’il faut d’abord être alliées avec ces femmes dans leurs luttes pour réussir à mettre en place une stratégie fédérale contre la violence fondée sur le sexe. Or, cette alliance n’est possible qu’en créant des rapports égalitaires avec ces femmes, en ne les jugeant pas et en étant convaincues qu’elles sont les expertes de leur vie et les meilleures juges pour elles-mêmes !

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