Édition du 30 avril 2024

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Asie/Proche-Orient

Crise politique israélienne : Bennett a ignoré tous les signaux d’alarme

La démission d’Idit Silman a pris Bennett par surprise, le laissant sans majorité et avec un avenir politique incertain.

Si le Premier ministre Naftali Bennett avait choisi ses associés dans les entreprises de haute technologie qu’il dirige selon les mêmes critères que ceux qu’il utilise pour sélectionner ses partenaires politiques, il aurait fait faillite depuis longtemps. La liste de ses mauvais choix politiques, à commencer par la nomination du journaliste Yinon Magal, est aussi long que le couteau avec lequel il a été poignardé suite à la démission d’Idit Silman.

Article publié à l’origine dans Haaretz et traduit par France-Palestine Solidarité.

Disons qu’il n’aurait pas pu prédire le précédent flop impliquant le législateur Amichai Chikli. Après tout, qu’est-ce qu’il savait de cet homme de l’académie militaire qu’Ayelet Shaked avait traîné ici ?

Cependant, Silman était quelqu’un qu’il connaissait très bien. Elle a quitté le navire en perdition de l’ancien leader du Foyer juif, Rafi Peretz, pour rejoindre le navire de Bennett juste avant la finalisation de la liste des candidats à la Knesset. Elle est arrivée en portant un badge de trahison et de déloyauté, et d’autres ont averti Bennett à l’époque.

La semaine dernière, les alarmes ont commencé à sonner. "Faites attention à Silman. Le Likoud en a fait son projet", a répété à Bennett le ministre de la Justice Gideon Sa’ar, et Sa’ar n’était pas le seul. Des informations sur cette affaire ont été données à d’autres hauts fonctionnaires de la Knesset - mais rien n’en est sorti.

Bennett n’a pas évalué la situation en cours. Bien qu’il ait eu l’occasion de manifester publiquement son soutien à Silman lors d’une conférence de presse mardi, il a préféré jouer les pacificateurs de l’ONU et lancer des remarques acerbes à Silman et au ministre de la Santé Nitzan Horowitz au sujet du hametz [1] autorisé dans les hôpitaux pendant la Pâque juive.

Le leader de l’opposition Benyamin Netanyahou aurait amené sa femme Sara chez Silman et lui aurait joué tous les tours qu’il connaît. Bennett, en revanche, s’est montré dédaigneux et méprisant, affirmant que tout irait bien pendant qu’il discutait avec le leader indien Narendra Modi.

Mercredi après-midi, après une longue série de discussions et de réunions avec ce qui reste de son caucus, Bennett a déclaré que "l’hémorragie s’[était] arrêtée", laissant entendre qu’aucune scission n’était imminente. C’était, bien sûr, jusqu’à ce que, plus tard dans la soirée, Silman démissionne.

Les vacances de printemps de la Knesset se terminent le 9 mai. D’ici là, le gouvernement ne tombera pas, et la Knesset ne sera pas dissoute. Il n’est pas certain que cela se serait produit pendant la session d’hiver de la Knesset. Le gouvernement peut continuer à survivre avec seulement 60 des 120 législateurs qui le soutiennent - mais seulement si un ou deux membres de la Liste unifiée (Ahmad Tibi et Osama Saadi sont les premiers à venir à l’esprit) sont prêts à fournir un soutien tactique et humanitaire de temps en temps.

Il ne peut y avoir de gouvernement alternatif avec Benyamin Netanyahou à sa tête. Certains pourraient croire que s’il s’effaçait et laissait un candidat ultra-orthodoxe, tel que le législateur Moshe Gafni, prendre la tête du gouvernement, la Liste unifiée voterait en faveur d’une motion de censure [ndlr : déclaration écrite soumise au vote d’une assemblée élue afin de renverser l’exécutif dont elle contrôle l’action, ou de remplacer un ou des membres de cet exécutif sans provoquer d’élections anticipées] (bien qu’un autre transfuge de Yamina soit nécessaire pour cela).

Pour que ce gouvernement hypothétique se concrétise, il faudrait que deux nouveaux membres de premier plan du cabinet - les législateurs d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir - y adhèrent. Mais la Liste unifiée, un parti à majorité arabe, devrait faire de même : et quelle que soit leur haine pour le membre actuel de la coalition, la Liste arabe unie, ils ne permettraient jamais à ces deux législateurs d’être couronnés ministres.Traduction : AFPS

Yossi Verter

Journaliste pour Haaretz (Israël).

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