Édition du 23 avril 2024

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Canada

Des dettes odieuses au Canada ?

Plusieurs économistes et des réseaux de soutien aux pays endettés ( dont le CADTM Comité pour l’abolition des dettes illégitimes) ont développé une définition de justice sociale de la dette : c’est la notion de dettes illégitimes.

« Une dette publique doit être considérée illégitime dès lors qu’elle n’a pas été contractée dans l’intérêt général, mais, au contraire, a servi les intérêts d’une minorité privilégiée (rentrent par exemple dans cette catégorie les dettes qui ont été contractées afin de sauver des banques privées au bord de la faillite du fait de leurs pratiques à risque, transformant de fait une dette privée en dette publique) ; ou bien dès lors qu’elle a été contractée selon des termes et conditions manifestement injustes, abusives ou inacceptables (rentrent ainsi dans cette catégorie les emprunts auxquels sont attachées des conditions contenant la mise en œuvre de politiques qui violent les droits humains ou le droit en vigueur). » (http://www.cadtm.org/En-finir-avec- les-dettes-illegitimes-necessaire-et-possible 26 juin par Eric Toussaint , Damien Millet)

Mais ne vous méprenez pas : cette notion ne s’applique pas seulement aux pays endettés et pauvres, aux dictatures ne respectant pas les droits humains mais aussi dans nos belles sociétés occidentales et riches.

À preuve en Europe et en particulier en Espagne, il y a tout un mouvement au niveau municipal pour dénoncer des dettes contractées par pots de vin ou pour construire des éléphants blancs ne servant à rien pour la population. Ces militantes et militants ont écrit un manifeste clair et précis sur la nature de ces dettes (http://www.cadtm.org/Manifeste-d-Oviedo.)

Mais au Canada, dans ce si beau pays, peut-on parler de dettes illégitimes ?

Premier exemple Trans Mountain

Le gouvernement canadien a pris la décision d’acheter à Kinder Morgan Canada son pipeline Trans Moutain pour acheminer son pétrole sale vers le Pacifique. Avec ce pipeline le transport du pétrole passera de 300 000 barils à 890 000 barils ( Le Devoir, Nouvelle victoire pour les partisans du pipeline trans Mountain Alexandre Shields, B7, 24 août 2018).

Quel est le prix réel de cette vente ? 4,175 milliards dit la compagnie car elle doit payer sur le 4,5 milliards du prix de vente 325 millions en gain de capital. Oh mon dieux quelle horreur, payer du gain en capital pour une compagnie !!!!!

Mais de l’avis même de la compagnie, la construction du pipeline coûterait de 1,9 milliards de dollars de plus et prendrait un an de plus. ( Le Devoir, Presse canadienne,B4, 8 août 2018).

Et ce sont les sous des Canadiens et Canadiennes qui serviront à ce désastre environnemental. Les terres autochtones seront bafouées et les eaux du Pacifique risquent d’être polluées. Actuellement, le port de Burnabay reçoit 5 pétroliers par jour et en recevra 34 après la construction du pipeline et ce, en plein dans l’habitat des épaulards du Pacifique (Le Devoir, Nouvelle victoire pour les partisans du pipeline Trans Mountain, Alexandre Shields, B7, 24 août 2018).

Cette dette du gouvernement canadien doit être considérée comme une dette illégitime et être annulée. C’est essentiel pour l’environnement et pour les droits des nations autochtones.

Deuxième exemple les claims au Québec

« Dans un texte publié le 4 septembre 2010, (http://www.lapresse.ca/actualites/elections- federales/enjeux/environnement/201009/03/01-4312621-gaz-de-schiste-a-t-on-manque-le- bateau.php Note de la rédaction) le journaliste Charles Côté de La Presse nous apprenait que les « claims » du sous-sol des basses-terres du Saint-Laurent avaient été cédés à des gazières pour la ridicule somme de 0,10$/ha. par année.[1] À titre de comparaison, il nous annonçait que la Colombie-Britannique, avec son système d’enchères, avait vendu les siens à 1 000,00$ pour chaque hectare, parfois plus.
Le MERN (Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles) a « vendu » tout le sous-sol de la vallée du Saint-Laurent à un dix millième (1/10 000) de la valeur marchande ! Que s’est-t-il passé ? Dans la vieille loi des mines promulguée vers 1880, le prix des « claims » était de 0,10$/ha par année. Un ancien ministre délégué aux mines, M. Raymond Savoie, connaissait cette information que 99 % des Québécois ignoraient. Alors, lorsque les nouvelles techniques de fracturation hydraulique ont fait leur apparition au tournant du 21e siècle, les schistes contenant un peu de gaz pouvaient désormais être exploités commercialement, comme au Texas ou en Pennsylvanie. Comme des requins qui sentent le sang d’une proie facile, M. Savoie et les membres de l’APGQ (Association pétrolière et gazière du Québec) se sont rués pour acheter tout le sous-sol sous nos pieds entre 2006 et 2010, mais au prix de 1880. »(Gérard Montpetit http://www.pressegauche.org/ecrire/?exec=article&id_article=35707)

Voilà un exemple de vente illégitime. Le sous-sol québécois a été accaparé par des vautours du pétrole et du gaz de schiste. Encore une fois c’est au nom de l’environnement que les dénonciations de ce contrat se sont faites. Le fractionnement injecte dans le sol des produits chimiques, utilise et pollue l’eau et les nappes phréatiques environnantes. Et pour finir, les puits sont laissés à l’abandon continuant en émettant du méthane.

Les profiteurs capitalistes et les multinationales du pétrole se foutent des pays, des gens, de la nature et de l’environnement pour l’odeur de l’argent. Et nous, nous allons rembourser ces charognards ? Non ! Il faut refuser l’achat de Trans Mountain et expulser les compagnies gazières du sous-sol québécois avec demandes de compensations au prix du marché.

Le Québec est en pleine période électorale. Il faut exiger des partis politiques qu’ils se prononcent contre les énergies fossiles : le pétrole, le gaz de schiste et sur cette vente du sous-sol québécois. Le Parti Libéral fait ses choux gras du Plan Nord et de l’industrie minière et extractiviste. Cela aussi doit être dénoncé. Car, c’est une attaque à la Terre mère de la même manière que les énergies fossiles. L’économie ne doit pas se construire au détriment de l’environnement et du bien être de la population.
Cela doit se faire maintenant, sérieusement et pour le bien être des Québécois.

Et comme populaires, tous et toutes, nous disons : Nous ne devons rien, nous ne paierons rien.

Chloé Matte Gagné

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